MARLEEN FINOULST

Notre santé mentale en a pris un coup

La crise du coronavirus a mis notre santé mentale à rude épreuve. Par rapport à il y a quatre ans, l’Institut National d’Assurance Maladie-Invalidité rapporte ainsi près de 40% de dépressions et de burnouts supplémentaires, et plus de 100.000 personnes sont aujourd’hui chez elles et au bout du rouleau! D’autres pays d’Europe dont la Grande-Bretagne ont aussi rapporté une augmentation significative de la consommation d’antidépresseurs, et il est fort vraisemblable qu’il en aille de même chez nous. En 2019, juste avant le début de la pandémie, nos compatriotes en avaient déjà consommé quelque 330 millions de doses, soit trois fois plus qu’en 1997… et il est certain que ce nombre est actuellement plus élevé.

Si les traitements antidépresseurs sont facilement prescrits, il est en revanche beaucoup moins simple de les interrompre.

Personne ne conteste évidemment l’intérêt des antidépresseurs – associés à une psychothérapie – en cas de dépression. Ces traitements sont donc assez facilement prescrits, mais malheureusement beaucoup plus difficiles à interrompre. Lorsque l’arrêt est trop rapide, ils peuvent en effet déclencher des symptômes de sevrage très proches de ceux de la dépression elle-même, tels que des troubles du sommeil, des idées noires, une perte d’appétit, des problèmes d’anxiété, des troubles cognitifs légers (p.ex. troubles de la concentration), des vertiges, des nausées, des tremblements et une dysfonction sexuelle. Comme ces manifestations recoupent celles de la maladie, le patient peut avoir l’impression de rechuter et recommencer à prendre ses médicaments. C’est l’une des raisons pour lesquelles tant de personnes utilisent des antidépresseurs de façon prolongée (pendant plus d’un an dans un tiers des cas) alors que ce n’est pas forcément recommandé. Pour prévenir ces symptômes de sevrage, il est important de réduire le traitement de façon progressive… mais sans que personne ne sache finalement très bien comment procéder. La plupart des médecins utilisent des schémas de réduction des doses étalés sur deux à quatre semaines avant interruption complète, mais les recommandations en la matière se basent surtout sur l’avis des experts. D’après une revue toute récente réalisée sous la direction d’une équipe de l’université de Gand (Ellen Van Leeuwen), il n’existe tout simplement aucune étude robuste concernant l’arrêt des antidépresseurs en toute sécurité et sans symptômes de sevrage! On peut donc se demander comment les innombrables patients qui ont dû commencer à prendre ces médicaments à cause des aléas de la pandémie vont faire pour s’en débarrasser…

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