Ivan Nabokov et Philippe Aronson. © Philippe Matsas

Mémoires cosmopolites

D’abord éditeur chez Albin Michel, Plon puis Christian Bourgois, Ivan Nabokov publie en France nombre de grands noms de la littérature étrangère: Toni Morrison, Salman Rushdie ou les maîtres du suspense Mary Higgins Clark et Stephen King. Après avoir été attaché de presse, assistant réalisateur, engagé dans l’import-export, c’est passé 40 ans qu’il embrasse la carrière de dénicheur de talents. Avec la complicité de Philippe Aronson, Ivan, timide extraverti portant un nom célèbre, entreprend le récit de ses mémoires, riches en fastes et péripéties.

Ses parents se rencontrent à Bruxelles en 1928. Les deux familles ont tout perdu à la révolution russe, y compris leur nationalité. Né apatride à Strasbourg en 1932, Nabokov aura la culture pour terre d’accueil. Le père, Nicolas, devient conseiller au gouvernement militaire américain à Berlin. La mère, Natalia, née Schakhovskoy, famille princière issue de la dynastie Rurikovich, fera appel à ses amis toute sa vie. Sur l’entregent de ses parents, le culte orthodoxe et les « vieilles princesses moustachues », Ivan Nabokov ne cultive aucun mystère. « Je ne me sens pas particulièrement russe, sauf quand je suis avec un Russe, ou si je me trouve en Russie. Je me sens américain. Pas immigré. Américain. »

La Vie, les gens, et autres effets secondaires. Souvenirs d'un distrait, par Ivan Nabokov, avec Philippe Aronson, Les Escales, 176 p.
La Vie, les gens, et autres effets secondaires. Souvenirs d’un distrait, par Ivan Nabokov, avec Philippe Aronson, Les Escales, 176 p.

Avec gourmandise, il relate une enfance choyée, bercé par la première d’Orphée sur une musique d’Igor Stravinsky, découvrant Citizen Kane au MoMA. Plus tard, la rencontre déterminante avec Claude, son épouse, fille de Louis Joxe, ambassadeur de France en URSS. Croquant la Grosse Pomme, le couple s’entoure d’émissaires diplomatiques et d’artistes de tout poil: « Parfois les gens fabuleusement riches sont fabuleusement radins. » Guère avare de souvenirs – sur le retentissement de l’oeuvre de son oncle Vladimir (Lolita), les mondanités dispendieuses ou les amitiés en or (Donna Tartt, entre autres), c’est le récit allègre d’une soif de culture jamais démentie, croquée comme un bonbon entre la France, l’Allemagne et l’Amérique. Savoureux.

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