Leçon de vie

C’est à l’hôtel Astoria de Valence, le 16 mars 1963, qu’a lieu la première rencontre entre les Andalous José Saez, maçon et apprenti torero de 18 ans, et Manuel Benitez, 27 ans, homme de lumière célèbre sous le nom d’El Cordobes. Entre méfiance et hébétude, ils se scrutent, comme les deux faces d’un même miroir. Leur ressemblance est confondante. Dès lors, José Saez sera  » l’Autre « , dans les arènes comme dans les rues de cette Espagne misérable du Caudillo, qui ne propose alors que trois façons de survivre : devenir curé, militaire ou torero. C’est cette vie de doublure, de confusion d’identités, que relate Berta Vias Mahou, romancière, traductrice et chroniqueuse à El Pais. Un récit-roman dont le héros n’est pas l’idole des foules mais bel et bien ce José Saez, qui exulta autant qu’il souffrit de son statut de sosie. Un récit magistral, dans lequel l’auteur joue au jeu du  » je  » et du  » il « , et une méditation sur la folie médiatique, la versatilité des fans et la notion d’héroïsme, Je suis l’Autre est une formidable leçon de vie.

Je suis l’Autre, par Berta Vias Mahou, trad. de l’espagnol par Carlos Rafael. Séguier, 296 p.

Retrouvez l’actualité littéraire aussi dans Focus Vif : cette semaine, notamment, Courir au clair de lune avec un chien volé, un recueil de nouvelles jubilatoire de Callan Wink, nouveau venu sur la scène littéraire américaine, en page 40, et Imitation de la vie, délicieux livre-piège signé Antoine Mouton, page 41.

M. P.

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