Dextres, un gant pour " saisir " des objets virtuels. © DR

La réalité virtuelle développe son toucher

Un tango à Paris, ça vous tente ? Avec, pourquoi pas, l’avatar de votre bien-aimé.e. C’est déjà pour demain, grâce aux progrès de la technologie du toucher, dite  » haptique « . Après la vue et l’ouïe, voilà que le sens du toucher s’impose dans la réalité virtuelle, cet univers de synthèse interactif : des chercheurs suisses ont inventé un gant qui, grâce à un système innovant (l’attraction électrostatique) permet de sentir la texture, la densité et le poids d’un objet ou d’une personne virtuelle, tout en autorisant aussi la préhension, la manipulation.

Le DextrES, développé en tandem par les équipes des écoles polytechniques fédérales de Lausanne et de Zurich, vient donc allonger la déjà longue liste de  » gants haptiques « . Mais, contrairement aux autres dispositifs de ce type, le gant suisse se démarque en n’ayant pas recours au retour haptique à base de vibrations. Cette dernière technologie est celle utilisée, par exemple, dans les téléphones portables qui vibrent lorsqu’ils sonnent en mode silencieux, ou encore dans la tenue des pilotes de chasse pour les aider dans le guidage ou le combat.

Réalisés en nylon ultraléger (8 grammes par doigt) et d’une épaisseur de seulement 2 millimètres, les gants haptiques dernier cri sont équipés de languettes métalliques sur chaque doigt, séparées par un isolant électrique. Lorsque l’utilisateur attrape un objet virtuel, une légère tension électrique est envoyée sur l’isolant afin d’induire une attraction électrostatique qui va  » coller  » les lames ensemble et ainsi bloquer les doigts dans une certaine position. A ce moment-là sera induite la sensation de manier un objet réel.

Le DextrES, même s’il n’est encore qu’un prototype – qui devrait être ensuite décliné sous forme de combinaison intégrale -, permet donc de vivre une expérience qui ne se résume plus à des picotements ou à des vibrations, mais qui simule le toucher avec réalisme, dupant ainsi notre cerveau.

Les applications sont innombrables : jeu vidéo, psychiatrie (on soigne des phobies en invitant les patients à toucher un objet virtuel qui leur fait peur)… On peut aussi imaginer l’entraînement des chirurgiens ou aider à la découverte de l’art : ainsi, la galerie nationale de Prague a-t-elle lancé la campagne  » Touching masterpieces  » (toucher des chefs-d’oeuvre) qui, en alliant réalité virtuelle et gants haptiques, permet aux malvoyants de  » palper  » le buste de Néfertiti.

A Lille, des chercheurs du L2EP (laboratoire d’électronique et d’électrotechnique de puissance) ont travaillé avec le dessinateur belge Dominique Maes pour créer des livres dotés d’un retour haptique, afin de véhiculer une émotion, via le toucher.

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