Alexandra Cooreman représentera la Belgique à Edimbourg. © Hadrien Hanse

L’autre Eurovision

Organisé tous les deux ans, le concours Eurovision des jeunes musiciens se déroulera du 18 au 23 août à Edimbourg. Parmi les candidats : la Belge Alexandra Cooreman, au violon.

Sur le site officiel de la compétition, d’éclatants portraits alternent sourires radieux et grand sérieux dans des poses étudiées qu’on reconnaît pour les avoir déjà vues à maintes reprises sur les pochettes CD des plus grands virtuoses de la musique classique. Car les jeunes musiciens qui se montrent ici ont l’étoffe et l’ambition des futurs professionnels, et cette Eurovision, si elle est moins célèbre et sans doute moins kitsch que celle de la chanson, n’en est pas moins à sa 19e édition depuis sa création en 1982 ! Un décompte donne même le nombre exact de jours, d’heures, de minutes et de secondes avant la finale, programmée le 23 août à 20 h 30, heure locale (21 h 30 pour la Belgique). Une édition 2018 où ce nombre prend toute la place : 18 candidats (âgés de 12 à 21 ans) représentant 18 pays, avec un démarrage le 18 août, où chacun devra présenter 18 minutes de musique de chambre ! Le tout dans une nouvelle formule qui place ce concours au coeur d’un événement de renommée mondiale, le festival international d’Edimbourg.

Deux étapes, quatre critères

Inspiré du succès de la version anglaise instaurée en 1978, le BBC Young Musician of the Year, cette compétition biannuelle alterne avec celle des jeunes danseurs. C’est l’Autriche qui détient le record du nombre de victoires avec un palmarès de 8 lauréats, dont 5 premiers prix. Tout comme l’Eurovision de la chanson, il s’agit d’une compétition entre pays candidats, les restrictions pour participer n’étant pas d’ordre géopolitique mais déterminées par un critère de radiodiffusion : peuvent s’inscrire tous les pays membres de la zone couverte par l’Union européenne de radiodiffusion (UER). Chaque pays peut établir son propre processus de sélection du candidat qu’il désignera, plusieurs participants allant jusqu’à mettre en place des finales nationales pour sélectionner leur représentant. Pour les autres, cela se fait à distance, les jeunes musiciens envoyant une vidéo pour démontrer leur talent.  » Mais l’UER peut revoir le processus de sélection si elle n’est pas d’accord avec le choix du candidat « , explique Matthew Trustram, producteur responsable du concours depuis 2010. Concours de musique classique au sens large, cette Eurovision a démarré avec les instruments à cordes, à clavier, les cuivres et les bois mais, en 1994, l’utilisation d’instruments de percussion a été autorisée, attisant davantage l’intérêt et la curiosité des jeunes.  » Les instruments folk sont autorisés tant qu’ils peuvent se produire en finale avec l’orchestre « , rappelle Matthew Trustram. Cette année, l’Estonien Tanel-Eiko Novikov concourra dans la catégorie des instruments percussifs, le Hongrois Máté Bencze sera au saxophone et le Grec Thanos Tzanetakis, à la guitare.

Le concours est organisé dans le cadre d’un important festival de musique classique, qui se déroule du 3 au 27 août :  » Par le passé, l’Eurovision a été liée au festival de Vienne pendant plusieurs années. Cela nous permet d’amplifier l’effet du concours et d’atteindre une plus large audience « , note Matthew Trustram. Evénement de renom, le festival international d’Edimbourg rassemble un grand nombre de personnalités incontournables du monde de la musique, ce qui offre la possibilité de convier des noms prestigieux à siéger dans le jury. Cette année, c’est la cheffe d’orchestre américaine Marin Alsop qui le préside :  » Chaque candidat est évalué selon quatre critères : la performance technique, la qualité du son, l’interprétation musicale et le charisme sur scène, sa façon de communiquer avec le public et de créer une atmosphère – ce qui est le plus difficile quand on est un jeune musicien « , relève Matthew Trustram. Le calcul pour déterminer le gagnant est numérique : on additionne les points, mais le jury peut ensuite discuter pour modifier le classement, sous la supervision de l’UER, même si, en règle générale, les scores sur 10 sont respectés. Les candidats devront d’abord présenter l’épreuve des demi-finales dans un programme de musique de chambre. Seuls six d’entre eux seront sélectionnés pour participer à la grande finale.

Lors de l'édition 2016, on a découvert le tamburica, joué par  le jeune Croate Marko Martinovi?.
Lors de l’édition 2016, on a découvert le tamburica, joué par le jeune Croate Marko Martinovi?.© dr

Virtuose en devenir

Adolescente spontanée autant que passionnée, seule musicienne de sa famille, Alexandra Cooreman représente la Belgique à Edimbourg. Elève d’Augustin Dumay à la Chapelle musicale Reine Elisabeth, elle a débuté l’apprentissage du violon à l’âge de 5 ans, sur incitation de sa soeur aînée.  » Quand j’ai acheté mon premier violon, c’était comme un coup de foudre, je suis tombée amoureuse de mon instrument et ne pouvais plus m’en passer alors que je n’y connaissais rien ! C’était à la fois magnifique et très étrange car je ne savais même pas ce que c’était avant de commencer.  » Un hobby qui se transforme en vocation puisque la jeune femme décide, après avoir fréquenté l’académie de Berchem-Sainte-Agathe, d’auditionner pour entrer à la Chapelle. Elle n’a que 10 ans quand elle y est admise, et elle s’y essaie aussi au piano et au chant.

Lauréate de plusieurs concours classiques, Alexandra Cooreman s’est produite avec l’Orchestre royal de chambre de Wallonie lors du concert de Noël au palais royal en 2014, et plus récemment lors du concert d’ouverture du Music Chapel Festival, où elle a accompagné le violoniste Renaud Capuçon.  » J’ai presque toujours participé à des concours destinés exclusivement au violon ou aux instruments à cordes, c’est la première fois que je me lance dans une compétition interinstruments. J’aimerais évidemment parvenir en finale pour avoir la chance de me produire avec le BBC Scottish Symphony Orchestra. Je représente la Belgique donc je suis un peu plus stressée que d’habitude, et je veux montrer que j’assure ! Aller à Edimbourg, c’est une chance car c’est un festival vraiment important.  » Admiratrice de la violoniste néerlandaise Janine Jansen, Alexandra Cooreman souhaite par-dessus tout devenir une grande violoniste :  » Il faut tout le temps faire des choix, mais heureusement mes parents me soutiennent énormément et, grâce à la Chapelle, je rencontre plein de musiciens, j’ai des contacts incroyables dans le monde de la musique.  »

Concours Eurovision des jeunes musiciens classique, du 18 au 23 août, en direct sur les médias de la RTBF en radio (Musiq’3), télévision (La Trois) et en streaming (RTBF Auvio) le jeudi 23 août.

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