Hep, pousse-pousse !

Ils ont fait leurs preuves à Berlin. Les vélos-taxis, moyen de transport écologique, débarqueront dès avril 2002 dans le quartier européen de Bruxelles

Ils ne passent pas inaperçus: des oeufs multicolores sur trois roues qui filent à travers le centre de Berlin. Un signe de la main ou un appel téléphonique et voilà l’engin ! Le client s’assied sur la banquette arrière et se laisse conduire à grands coups de pédale jusqu’à la station de métro la plus proche. Deux places de passager, pas de portières mais un toit en plexi qui protège des intempéries: il s’agit des vélos-pousse-pousse qui réalisent des trajets trop courts pour un taxi, mais trop longs pour un piéton. « C’est pratique car les gens ne sont pas bloqués dans les embouteillages. De plus, c’est un moyen de transport écologique », constate Ludger Matuszewski, l’initiateur des vélos-taxis à Berlin. Il y a cinq ans, il débutait avec une trentaine de pousse-pousse. La saison dernière, d’avril à octobre 2001, 80 de ces véhicules exotiques ont sillonné le centre-ville de la capitale allemande.

Si ce service se développe bien à Berlin, il est presque inconnu à Bruxelles. Presque ! En effet, deux de ces vélos-pousse-pousse étaient présentés en octobre 2001 devant le Parlement européen. Mais il faudra attendre le mois d’avril prochain pour voir une première flotte de cinq « véhicules-zéro-litre » faciliter le transit de plusieurs centaines de personnes entre les institutions européennes, à Bruxelles. Ce mode de transport conviendra particulièrement pour de petits trajets d’environ deux kilomètres. Le prix d’une course serait d’environ 100 francs (2,5 euros). « Des lignes de bus existent dans le quartier européen mais les arrêts sont mal situés et le temps d’attente est souvent trop long. Quant aux taxis, les prix sont trop élevés pour des déplacements de proximité », déclare Marco Rupp, de Conseillé & Partners, une société qui appuie le projet à Bruxelles. Le financement – chaque véhicule coûte environ 283 000 francs (7 000 euros) – est assuré par la vente d’espaces publicitaires sur ces moyens de transport alternatifs. L’avantage des vélos-taxis: ils ne doivent pas être immatriculés parce que le règlement européen les classe dans la catégorie « bicycle ou tricycle ». Ces véhicules seront donc autorisés à circuler sur les pistes cyclables et les routes, à l’exclusion de celles réservées uniquement aux voitures comme les tunnels. Dans ce but, ils disposent de vingt et une vitesses et sont même munis de clignotants à l’arrière. Ultime raffinement: ils sont équipés d’un petit moteur électrique d’appoint pour les coups durs. Mais ce moteur intervient uniquement sur commande et en complément des mollets du conducteur. Une bonne forme physique est donc indispensable pour exercer ce métier qui pourrait être rentable car le chauffeur loue le vélo à un tarif forfaitaire et toutes les recettes des courses lui reviennent. Conseillé & Partners prend aussi en charge les assurances. Petit soulagement pour les candidats: à partir de 2003 est prévu l’aménagement de pistes cyclables dans la rue de la Loi et la rue Belliard, deux artères extrêmement dangereuses pour les cyclistes.

La panacée pour la mobilité ? « Dans l’ensemble des déplacements urbains, ce concept vise un petit créneau », déclare Willem Draps (PRL), secrétaire d’Etat à la Région bruxelloised. En effet, ce nouveau mode de déplacement intervient seulement en complément des moyens de transports publics. Selon le député européen belge Dirk Sterckx (PRL), cette initiative originale, même modeste, peut cependant améliorer la fluidité du trafic dans certaines zones encombrées. D’après une étude récente de l’Institut national de statistique, le nombre de véhicules à moteur a encore augmenté d’un peu plus de 100 000 unités en un an pour atteindre 5,84 millions sur les routes belges à la date du 1er août 2001.

Si l’opération vélo-taxi a du succès, ses promoteurs envisagent même de l’élargir au centre-ville de Bruxelles. A Berlin, les vélos-taxis font déjà partie du paysage…

Uta Neumann

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