Fusionner l’ALG avec Tecteo ?

Cinq communes de l’est de la province de Liège n’entendent pas laisser un Tecteo en difficulté s’emparer de l’Association liégeoise du gaz, une intercommunale sagement gérée par les anciens.

Après le front commun syndical de l’ALG craignant pour l’emploi, la révolte est venue de l’est de la province de Liège. Les communes d’Eupen, de La Calamine, Lontzen, Raeren et Plombières ne veulent pas que leur fournisseur de gaz, l’Association liégeoise du gaz (ALG), soit absorbée par sa cousine, l’ex-Association liégeoise d’électricité (ALE), devenue Tecteo. En effet, les comptes de Tecteo sont plombés par le rachat à prix fort (467 millions d’euros) des réseaux de télédistribution wallons et (en partie) bruxellois, qui lui ont permis d’unifier le câble, d’inventer la marque Voo et de résister à la concurrence de Belgacom TV.

 » Je ne comprends pas pourquoi la fusion par absorption de l’ALG et de Tecteo doit absolument avoir lieu avant la fin de l’année, proteste Alfred Lecerf (CDH), bourgmestre de Lontzen (5 400 habitants). L’ALG se porte bien. En 2009, elle a distribué 25 millions d’euros aux communes. Je ne comprends pas pourquoi cette intercommunale qui a un actif de 740 millions d’euros devrait être absorbée par une intercommunale qui a un négatif d’environ 700 millions d’euros et dont les pertes en 2010 pourraient atteindre 96 millions d’euros. Les réponses qu’on nous a données sont nébuleuses et nous sommes inquiets. Il n’est pas question de nous laisser dépouiller du fruit de la bonne gestion de nos prédécesseurs pour venir en aide à un canard boiteux. « 

Une majorité des deux tiers ?

L’assemblée générale destinée à avaliser la fusion/absorption voulue par Stéphane Moreau, directeur général de Tecteo ( lire en page 28), est convoquée pour le 22 décembre. Les conseils communaux des 54 communes membres de l’intercommunale devront prendre position avant cette date. Avec un tiers de  » non « , l’opération échoue. Dans les rangs politiques, on se compte. Certains sont sensibles à la vision stratégique développée par Stéphane Moreau. D’autres craignent l’aventure. C’est le cas de Herstal (Frédéric Daerden, PS), Andenne (Claude Eerdekens, PS), Engis (Serge Manzato, PS), Dison (Yvan Ylieff, PS), Malmedy (André Denis, MR), Dolhain-Limbourg (Jean-Marie Reinertz, PS)… D’autres communes n’attendent qu’un bon prétexte pour sortir du bois. Par exemple, l’issue du référé introduit par les cinq communes réfractaires de l’est de la province de Liège.

 » Depuis des semaines, j’essaie de comprendre la proposition qui nous est faite et l’intérêt de celle-ci au niveau liégeois, sur le plan du personnel et pour les communes concernées, déclare Yvan Ylieff. J’observe que, au terme de cette opération, les communes deviendraient minoritaires et la province de Liège, majoritaire. J’aurais mieux compris une fusion/absorption avec Resa, la division de l’ancien ALE qui s’occupe de distribution d’électricité. Pourquoi fusionner avec Tecteo, qui perd chaque année 66 millions d’euros à cause de Voo, si ce n’est en vue de garantir un nouvel emprunt de Tecteo ? « 

En vieux routier de la politique, le bourgmestre de Dison est méfiant et réclame la réunion du comité exécutif qui chapeaute les quatre fédérations socialistes de la province de Liège. Mais son président, Willy Demeyer (PS), fait la sourde oreille. Avec Stéphane Moreau et Jean-Claude Marcourt, ministre régional de l’Economie (PS), le bourgmestre de Liège soutient le projet Tecteo/ALG. Jusqu’il y a peu, il était encore le président du conseil d’administration de l’intercommunale de distribution de gaz. Il a été remplacé par le bourgmestre de Welkenraedt, Claudy Klinkenberg (PS), dont l’épouse est directrice adjointe chez Tecteo. Une connexité qui ne fait pas bon genre.

MARIE-CÉCILE ROYEN

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