BRUGES 2002

La philosophie du projet: célébrer l’ouverture et les noces de la mémoire et de la vie présente

Les 25 millions d’euros – sans compter les 37 millions pour la construction du Concertgebouw (lire page 70) – de l’opération Bruges 2002 vont-ils faire de la cité une capitale culturelle à la peau neuve? Le défi est pourtant bien celui-là. Bruges accueille en effet chaque année 3 millions de touristes, mais la plupart d’entre eux n’y restent qu’un seul jour. Le temps de s’imprégner d’un lieu figé dans sa réputation de Venise du Nord: « A quelle heure ferme-t-on les portes de la ville? » s’inquiétait un touriste japonais. Les chiffres en témoignent: peu de visiteurs prennent la peine d’entrer dans ces musées prestigieux, où se découvre la peinture des temps illustres. Quant aux habitants…. « Après dix heures du soir, les rues sont désertes », confie l’un d’eux. La ville aurait-elle peur de vivre, d’évoluer?

Pourtant, depuis plusieurs années (on oublie un peu trop de le rappeler à l’occasion de ces moments festifs), Bruges a parfois choisi d’autres voies que celle d’une progressive fossilisation muséale. On vit ainsi des projets d’intégration et d’urbanisation (on songe, par exemple, au groupe Planning) qui, depuis, ont fait école. Bref, Bruges compte bien profiter du tremplin offert par son titre de capitale européenne de la culture pour célébrer les noces de la mémoire et de la vie présente. Une philosophie contemporaine, un esprit d’ouverture imprègnent tant la programmation que les structures:

1. Pour la première fois, le budget, pris en charge pour un tiers par le sponsoring, fait cohabiter l’argent venu du gouvernement fédéral (5 millions d’euros), de la Communauté flamande (5 millions d’euros), de la province de Flandre occidentale (620 000 euros), de la ville de Bruges (2,5 millions d’euros), de l’Europe (500 000 euros) mais, aussi… de la Région de Bruxelles-Capitale (150 000 euros) et de la Communauté française (250 000 euros).

2. Auprès de Bart Caron, coordinateur général, c’est un Bruxellois, Hugo De Greef, ancien directeur du Kaaitheater, qui assure depuis le début l’intendance.

3. Sans renier le passé (voir la prestigieuse exposition Jan Van Eyck, Les Primitifs flamands et le Sud), ce Bruges 2002-là n’a pas craint d’inviter des stars actuelles du monde de l’architecture, de l’art, de la danse (la compagnie Rosas, d’An Teresa De Keersmaeker, y fêtera ses 20 ans d’existence), ou encore des lettres et de la musique (des créations, mais aussi un très alléchant programme de jazz) pour que soit rappelée la valeur d’une cité ouverte sur le monde. Mieux, des valeurs sûres de la Communauté française sont de la partie: Pierre Mertens sera l’invité, aux côtés de la psychanalyste française Julia Kristeva, d’un colloque consacré au « Mythe de l’Europe », et Laurent Busine prépare une exposition pour l’automne.

4. A l’indispensable valeur de l’éphémère s’ajoute, de façon bien plus concrète qu’à l’occasion de Bruxelles 2000, celle de signes qui resteront. Certains, comme la restructuration muséographique, ne seront effectifs qu’en 2006. D’autres (comme le flambant neuf Concertgebouw) profitent cette année de la manne céleste pour réunir une palette éclatante de spectacles.

Bruges 2002 en pratique. Informations et programme complet sur la ligne Brugge 2002: 070-22 33 02 (du lundi au samedi de 9 à 17 heures. Site Brugge 2002: www.brugge2002.be

Le programme est également disponible dans toutes les agences de la KBC. Office du tourisme: 050-44 86 86. Il existe des « pass » au tarif avantageux pour 3 journées culturelles consécutives. Le Comptoir de Bruges 2002 est au Concertgebouw, ‘tZand.

G.G.

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