Dans certaines entreprises, le salaire de misère est " compensé " par des facilités d'installation du camping-car sur un parking proche. © FRANCINE ORR/GETTY IMAGES

Aux Etats-Unis, la galère des travailleurs-campeurs

N omadland (Globe, 320 p.) est le résultat d’une remarquable enquête menée pendant trois ans par la journaliste Jessica Bruder sur les retraités américains contraints de rester sur le marché du travail pour survivre parce qu’ils ont subi des accros de la vie, ne bénéficient que d’une maigre pension ou ont été ruinés par la crise immobilière de 2008. Ces oubliés du temps  » où l’usine permettait aux ouvriers de mettre un pied dans la classe moyenne et d’élever leur famille dans la stabilité  » en sont donc réduits, au crépuscule de leur vie, à courir après les emplois saisonniers, dans un camping du Service américain des forêts, un parc d’attractions ou un site logistique du géant du commerce en ligne Amazon lors de la haute saison qui précède Noël. Pour répondre au mieux à cette offre, ces travailleurs joignent l’utile à  » l’agréable  » ; vendent le logement qui était leur principale source de dépenses pour acheter un camping-car d’occasion ; et s’octroient ainsi  » la liberté, l’aventure et la valorisation personnelle  » qu’autorise la vie nomade anticonsumériste. La réalité est souvent tout autre : boulots exténuants, absence de considération, difficultés du quotidien. A travers le parcours de Linda May et de ses compagnons travailleurs-campeurs, Jessica Bruder nous ouvre les yeux sur une Amérique méconnue, faite de précarité et de solidarité, où  » après une vie entière passée à poursuivre le rêve américain, (ses acteurs sont) parvenus à la conclusion que ce n’était rien d’autre qu’une gigantesque arnaque « .

Aux Etats-Unis, la galère des travailleurs-campeurs

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