Anne, l’atout glamour

Son épouse est une musicienne connue, et lui-même jouit d’une notoriété nouvelle depuis qu’il est ministre : Manuel Valls est devenu un habitué des pages people.

C’est une maison blanche, accrochée à la corniche. Une maison immense, magnifique, perchée sur les hauteurs de Marseille, avec des terrasses qui donnent sur la Méditerranée et des persiennes pour tamiser l’éblouissante lumière du jour. L’heureux propriétaire de ces anciens bains de mer reconvertis en villa de luxe ? Un important promoteur immobilier, Marc Pietri, connu notamment pour ses amitiés politiques éclectiques :  » Il a des copains à droite, il a des copains à gauche – il a des copains là où il faut avoir des copains « , résume un élu marseillais. Parmi ces copains placés  » là où il faut « , un certain… Manuel Valls. L’été dernier, le ministre de l’Intérieur a passé là-bas un moment, le temps d’un grand pique-nique avec femme et enfants, entre farniente et piscine privée.

Monsieur le ministre n’apprécie pas du tout qu’on s’intéresse à ses vacances. Il faut dire que ce même été, comme le révélait Le Monde du 17 avril, Manuel Valls a aussi profité de la maison d’un autre de ses amis, l’avocat d’affaires Gilles August. Cet ex-chiraquien est proche de Dominique Strauss-Kahn et, à l’époque, de Jérôme Cahuzac. C’est chez August, à Eygalières (Bouches-du-Rhône, sud-est de la France), que l’homme de la Place Beauvau a fêté son anniversaire, entre politiques et people, showbiz et show-off. Quelques semaines plus tôt, Valls avait renoncé in extremis à participer à la fête organisée pour leurs  » 150 ans à trois  » par ses amis de jeunesse, le patron de Havas Worldwide Stéphane Fouks, et l’expert en sécurité proche de Nicolas Sarkozy Alain Bauer : trop de beau monde, trop de clinquant, trop de mélange des genres. A l’époque, l’élection présidentielle n’était pas encore gagnée ; en pleine campagne  » normale « , le risque était grand d’afficher ses connivences et ses ambivalences.

Parfois, donc, Manuel Valls préfère rester discret, par exemple, quand il participe aux dîners du banquier d’affaires Philippe Villin, homme de réseaux actif et efficace, libéral affiché, qui a ses entrées à l’Elysée sans avoir renoncé à être proche de l’UMP. Mais, souvent, le ministre n’hésite pas à se montrer : outre son nouveau statut de membre éminent du gouvernement, son épouse, Anne Gravoin, violoniste multicarte, aussi à l’aise dans un quatuor à cordes qu’au côté de Laurent Voulzy, de Roch Voisine ou de Johnny Hallyday, lui a ouvert les portes de la notoriété. Sur le site Purepeople,  » l’actualité 100 % people en continu « , il existe désormais tout une page de photos du couple.

Ambiguïté quand tu nous tiens

Les derniers clichés datent du 29 mai, pour les 100 ans du ballet Le Sacre du printemps, au théâtre des Champs-Elysées. Placés au balcon, Manuel Valls et Anne Gravoin font ce soir-là l’événement, tandis qu’à l’entracte une cour empressée vient féliciter le ministre pour l’arrestation du caïd en cavale Redoine Faïd. Quelques jours plus tôt, le 22 mai, c’est entre Lionel Jospin et Jack Lang que Valls assiste, au premier rang de la salle Gaveau, à la prestation de l’Alma Chamber Orchestra – du Strauss, du Bach et du Mendelssohn, sous la direction de Debora Waldman et d’Anne Gravoin.  » Dire d’Anne qu’elle est mondaine serait faux, nuance quelqu’un qui connaît bien la musicienne. C’est plus compliqué : elle aime la lumière, la célébrité, tout ce que la vie d’artiste peut avoir d’enivrant, et, en même temps, elle aspire à une vie normale avec l’homme qu’elle aime.  » Lequel est dans une autre forme d’ambiguïté : jouir à satiété d’une gloire chèrement gagnée, sans renoncer à rien de ce qui assure sa crédibilité politique. La vie ne va sans doute pas tarder à le lui rappeler : plus on monte haut dans les sphères du pouvoir, plus il est dangereux de ne pas savoir renoncer.

ELISE KARLIN

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