COP 26 – Agir pour le climat : les lointaines promesses de la technologie

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Certains politiciens et patrons d’entreprise font le pari que notre salut viendra des seules technologies. Une solution, certes, mais pas la panacée.

Certains politiciens et patrons d’entreprise font le pari que notre salut viendra des seules technologies. Or, croire qu’elles « résoudront le problème climatique dans le délai nécessaire est soit le fait d’une extrême naïveté, soit un prétexte pour éviter la prise d’actions difficiles », soutient l’ingénieur physicien Luc Chefneux dans un l’ouvrage collectif La Transition vers un futur souhaitable (éd. de l’Académie royale de Belgique, 2021). En effet, elles ont besoin de temps pour se développer et de l’Etat pour se diffuser. Certaines joueront néanmoins un rôle majeur dans les années à venir, comme celle qui consiste à capter du CO2, directement dans des cimenteries, des fours à chaux ou des centrales utilisant des énergies fossiles, en réduisant de 50 à 90% des émissions dites inévitables de ces émetteurs.

« Cette technologie est mature et disponible commercialement, explique Lionel Dubois, coordinateur de recherche en capture et conversion de CO2 à l’UMons. Plusieurs sociétés proposent déjà des solutions aux industriels. Et son coût s’approche, grosso modo, du prix actuel de la tonne de CO2 sur le système d’échange de quotas d’émission européen ». Encore faut-il en faire quelque chose, de ce CO2. Une société islandaise, très médiatisée pour le moment, projette de le transformer en roches inoffensives. Une autre solution est le stockage géologique.

« Ainsi, en Belgique, une voie possible consisterait à acheminer le CO2 vers le port d’Anvers pour le stocker sous la mer du Nord pendant plusieurs millions d’années, continue le Professeur Dubois. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas assez d’infrastructures de transport adéquates. » Fluxys y travaille, ainsi que plusieurs universités belges (UMons, ULiège, UCLouvain), via le projet Driver. Au terme de celui-ci, dans quatre ans, le pays disposera d’une feuille de route inédite pour l’essor de la filière. Il faudra, toutefois, compter plusieurs décennies avant de percevoir les effets significatifs de cette technologie.

L’intelligence artificielle (IA) peut aussi aider à lutter contre le changement climatique, comme l’ont écrit, en juin 2019, des scientifiques de renom dans un article très remarqué par la communauté scientifique (Tackling Climate Change with Machine Learning). Et de citer de nombreux exemples d’exploitation de l’IA: l’optimisation de la production d’énergie éolienne, la surveillance des émissions agricoles et de la déforestation, la réduction du fret inutile en rendant les transports plus efficaces, la création de nouveaux matériaux moins carbonés remplaçant le béton et l’acier grâce à la modélisation des propriétés et interactions de composés chimiques nouveaux etc. La liste est longue. Certains développements peuvent aller assez vite. D’autres pas.

Le temps est, à l’évidence, le principal obstacle de la solution technologique. Certaines avancées risquent, par ailleurs, d’être controversées, comme la création de variétés de blé résistant à la sécheresse et permettant d’affronter les conséquences du réchauffement. Ce blé est le résultat d’un transfert génétique. Or, la crainte des OGM est encore très forte.

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