Un approvisionnement garanti, une bonne organisation et une population convaincue: les clés du succès de la vaccination en Israël. © reuters

Vaccination israélienne, une réussite indéniable

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Une vaccination à deux doses opérée sur 42% de la population, une réouverture depuis deux semaines déjà des bars, restaurants, établissements culturels et sportifs, un déconfinement prochain dans les discothèques et peut-être, la levée de l’obligation du port du masque à l’extérieur… Qui dit mieux?

Une vaccination à deux doses opérée sur 42% de la population (en date du 8 mars), une réouverture depuis deux semaines déjà des bars, restaurants, établissements culturels et sportifs, un déconfinement prochain dans les discothèques et peut-être, la levée de l’obligation du port du masque à l’extérieur… Qui dit mieux? Aucun pays, sans doute. Israël fait figure de champion de la sortie de la crise sanitaire grâce à une campagne de vaccination menée au pas de charge. Comment l’expliquer?

Trois paramètres donnent les clés de ce succès. L’Etat israélien a conclu un accord avec le producteur de vaccins Pfizer-BioNTech pour une fourniture exceptionnelle et garantie de doses en échange de l’accès aux données épidémiologiques de la population sur les effets de la vaccination. Les opérations ont été menées selon une planification précise et respectée: les professionnels de santé, les personnes vulnérables, les plus de 40 ans, et les étudiants entre 16 et 18 ans appelés à passer leurs épreuves de fin d’études secondaires ont été prioritaires dans la vaccination. Enfin, la population, rompue aux menaces extérieures, a répondu avec conviction aux appels à se faire vacciner.

Nétanyahou a dû faire pas mal de concessions aux partis orthodoxes de sa coalition.

Une légitimité « écornée »

La réussite de cette étape n’a pourtant pas occulté complètement en Israël quelques couacs antérieurs dans la lutte contre une pandémie qui a tout de même causé le décès de 6 025 personnes sur une population de 9,3 millions d’habitants. Le premier confinement a sans doute été levé trop tôt, ce qui a entraîné une deuxième puis une troisième restriction des activités. Or, lors de ces nouvelles vagues de contaminations, « Benjamin Nétanyahou a dû faire pas mal de concessions aux partis orthodoxes de sa coalition, avance Stéphane Wahnich, chercheur en analyse du discours politique à l’université de Tel-Aviv. Les logiques qui en ont découlé au plan sanitaire ont favorisé l’impunité des orthodoxes au détriment des laïques. Résultat: la légitimité que le gouvernement aurait pu attendre de son beau travail sur la vaccination n’est pas aussi forte qu’elle aurait pu l’être. Un exemple: plus de gens ont écopé d’amendes pour infractions aux règles de santé à Tel-Aviv qu’à Bnei Brak, la ville orthodoxe voisine, sachant pourtant que le taux de contamination dans celle-ci était deux à trois fois plus élevé que celui de Tel-Aviv. Des mariages et des enterrements ont eu lieu avec des milliers de personnes, ce qui était interdit mais toléré par la police à la demande du gouvernement. Ce deux poids deux mesures fragilise la légitimité de Nétanyahou. »

Il n’empêche, le « retour à une vie normale » est en bonne voie sur tout le territoire d’Israël. Cette évolution contraste avec la persistance des ravages de l’épidémie au sein de l’Autorité palestinienne, dont Israël endosse une partie de la responsabilité. Mais cet aspect ne représente pas, lui, un enjeu électoral en Israël.

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