Ayanna Pressley © REUTERS/Brian Snyder

Un nombre record de femmes entrent au Congrès américain

Le Vif

Il n’y a pas eu de vague « bleue » démocrate, mais la vague « rose » est incontestable: deux ans après la défaite à la présidentielle d’Hillary Clinton, les élections américaines de mardi ont propulsé au Congrès un nombre record de femmes, souvent de fortes personnalités qui pourraient bousculer le statu quo.

Les résultats ne sont pas encore définitifs, mais les dernières projections mercredi du Centre pour les femmes américaines en politique (CAWP) montrent que la nouvelle Chambre des représentants comptera en janvier au moins 100 femmes, soit 15 de plus que le précédent record de 85, et le Sénat 23, au même niveau que le précédent record.

Vingt mois après la grande « Marche des femmes » qui a vu plusieurs millions d’entre elles manifester avec des bonnets roses contre Donald Trump, et un an après la naissance d’un mouvement #MeToo animé par les adversaires du président, cette vague féminine concerne quasi exclusivement le camp démocrate.

Près du tiers des élues à la Chambre sont nouvelles en politique. Et beaucoup d’entre elles sont issues de minorités ethniques (40 selon le dernier décompte du CAWP), religieuses ou sexuelles, dont l’élection constitue souvent une première pour leur communauté.

Sharice Davids
Sharice Davids © AFP

Parmi elles, Ayanna Pressley, première femme noire élue au Congrès pour l’Etat du Massachusetts; Ilhan Omar, du Minnesota, et Rashida Tlaid, du Michigan, premières femmes musulmanes au Congrès; Sharice Davids, avocate ouvertement homosexuelle du Kansas, et Deb Haaland, du Nouveau-Mexique, premières Amérindiennes élues au Congrès; ou encore Alexandria Ocasio Cortez, New-Yorkaise d’origine hispanique qui devient à 29 ans la benjamine du Congrès, de quelques mois plus jeune qu’Abby Finkenauer, première femme élue au Congrès pour l’Iowa.

Alexandria Ocasio-Cortez défend des idées de gauche, comme une couverture sociale pour tous ou l'université gratuite.
Alexandria Ocasio-Cortez défend des idées de gauche, comme une couverture sociale pour tous ou l’université gratuite.© D. EMMERT/AFP

Si le record de femmes gouverneures n’a pas été battu, trois Etats –Iowa, Dakota du Sud et Maine– ont élu des femmes pour la première fois, ainsi que le petit territoire de Guam.

Variété de points de vue

Que peuvent-elles changer au Congrès?

Le Comité national du parti démocrate s’est félicité mercredi d’une montée des femmes; qui constitue selon lui « un rejet cuisant des tentatives de Donald Trump et du parti républicain de revenir sur la couverture santé des femmes et leurs droits liés à la reproduction ».

Il a par ailleurs annoncé qu’il soutiendrait les efforts pour obtenir notamment « égalité de salaire, congé maternité, couverture santé et garde d’enfants à des prix abordables ».

Mais Kelly Dittmar, collaboratrice du CAWP et professeure à l’université Rutgers, estime qu’il est trop tôt pour savoir quelles priorités privilégieront les nouvelles élues.

« Ce qui importe, c’est qu’elles apportent une variété de points de vue », souligne cette experte.

Ilhan Omar
Ilhan Omar© REUTERS/Eric Miller

Pour la première fois, par exemple, les femmes musulmanes vont se faire entendre au niveau législatif fédéral, « où les questions de liberté religieuse et de sécurité nationale vont désormais main dans la main avec les discriminations contre les musulmans », ajoute-t-elle.

Beaucoup des nouvelles élues ont aussi promis de redonner une voix aux petites gens, face à des élites politiques accusées d’être déconnectées des problèmes quotidiens des classes moyennes.

Si beaucoup de femmes ont gagné, c’est qu’elles sont « restées concentrées sur les problèmes dont on parle à l’heure des repas, ceux qui comptent vraiment pour les familles », a affirmé la gouverneure élue du Michigan, la démocrate Gretchen Whitmer.

Fortes personnalités

Beaucoup des nouvelles élues sont aussi de fortes personnalités: leur victoire dans les urnes n’est souvent qu’une bataille de plus, après des années de lutte contre les discriminations dues à leurs origines raciales ou religieuses, ou leurs préférences sexuelles.

Elles sont souvent « motivées par la volonté d’arriver à faire avancer les choses », avec « une approche axée sur les résultats », note Mme Dittmar.

Cela pourrait les pousser aux compromis et aider le Congrès à « devenir plus productif », espère-t-elle, reconnaissant néanmoins que le risque de divisions exacerbées existe aussi, puisqu’elles sont majoritairement démocrates.

Preuve de sa volonté d’obtenir des résultats, la nouvelle élue Ayanna Pressley a refusé de parler de victoire. « C’est seulement quand nous serons parvenus à l’équité, la justice et l’égalité que je pourrai prononcer un discours de victoire », a-t-elle lancé mardi soir à ses partisans à Boston.

Reste que, même avec une centaine d’élues à la Chambre, la proportion de femmes au Congrès ne dépassera pas 25%.

Et que les Etats-Unis restent dans le bas du classement des 49 pays à hauts revenus en terme de représentation des femmes, selon une étude de l’institut Pew, qui plaçait les Etats-Unis à la 33e place en 2015.

« Il ne faut pas avoir d’attentes exagérées », prévient Mme Dittmar. « Même si (les femmes) enregistrent des gains substantiels, il y a encore beaucoup à faire pour arriver à un niveau d’égalité ».

Deb Haaland
Deb Haaland© REUTERS/Brian Snyder

Si le record de femmes gouverneures n’a pas été battu, trois Etats – Iowa, Dakota du Sud et Maine – ont aussi élu des femmes pour la première fois, ainsi que le petit territoire de Guam.

« Variété de points de vue »

Que peuvent-elles changer au Congrès?

Maria Jobin-Leeds, militante de Boston interrogée mercredi à New York, espère qu’elles feront émerger de nouvelles priorités chères à l’aile gauche du parti démocrate.

« Je m’attends à ce que l’on voie plus de mesures favorables aux femmes, aux immigrés, plus de choses sur les inégalités de revenus », dit-elle.

Mais Kelly Dittmar, du Centre Américain pour les femmes en politique de l’université Rutgers, estime qu’il est trop tôt pour savoir quelles priorités privilégieront les nouvelles élues.

« Ce qui importe, c’est qu’elles apportent une variété de points de vue », souligne cette experte.

Ilhan Omar
Ilhan Omar© REUTERS/Eric Miller

Pour la première fois, par exemple, les femmes musulmanes vont se faire entendre au niveau législatif fédéral, « où les questions de liberté religieuse et de sécurité nationale vont désormais main dans la main avec les discriminations contre les musulmans », souligne-t-elle.

Beaucoup des nouvelles élues ont aussi promis de redonner une voix aux petites gens, face à des élites politiques accusées d’être déconnectées des problèmes quotidiens des classes moyennes.

Si beaucoup de femmes ont gagné, c’est qu’elles sont « restées concentrées sur les problèmes dont on parle à l’heure des repas, ceux qui comptent vraiment pour les familles », a affirmé la gouverneure élue du Michigan, la démocrate Gretchen Whitmer.

Fortes personnalités

Beaucoup des nouvelles élues sont aussi de fortes personnalités: leur victoire dans les urnes n’est souvent que leur dernière bataille, après des années de lutte contre les discriminations suscitées par leurs origines raciales ou religieuses, ou leurs préférences sexuelles.

Elles sont souvent « motivées par la volonté d’arriver à faire avancer les choses », avec « une approche axée sur les résultats », souligne Mme Dittmar.

Cela pourrait les pousser aux compromis et aider le Congrès à « devenir plus productif », espère-t-elle, en reconnaissant néanmoins que le risque de divisions exacerbées existe aussi, puisqu’elles sont majoritairement démocrates.

Preuve de sa volonté d’obtenir des résultats, la nouvelle élue Ayanna Pressley a refusé de parler de victoire: « c’est seulement quand nous serons parvenus à l’équité, la justice et l’égalité que je pourrai prononcer un discours de victoire », a-t-elle lancé à ses supporters à Boston.

Reste que, même avec une centaine d’élues à la Chambre, la proportion de femmes au Congrès ne dépassera pas les 25%.

Et que les Etats-Unis restent dans le bas du classement des 49 pays à hauts revenus en termes de représentation des femmes, selon une étude de l’institut Pew, qui plaçait les Etats-Unis à la 33e place en 2015.

« Il ne faut pas avoir d’attentes exagérées », souligne Mme Dittmar. « Même si (les femmes) enregistrent des gains substantiels, il y a encore beaucoup à faire pour arriver à un niveau d’égalité ».

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