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Un ex-psychologue de la CIA justifie la torture infligée aux accusés du 11 Septembre: « Je le referais »

Le Vif

Un psychologue qui fut employé par la CIA sous l’administration de George W. Bush a justifié l’usage de la torture, cette semaine, devant un tribunal militaire de la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba.

« Je le referais aujourd’hui », a déclaré mardi, lors des audiences préparatoires du procès des cinq hommes accusés d’avoir planifié les attentats du 11-Septembre, James Mitchell, considéré comme l’architecte du programme d’interrogatoires « poussés » utilisé à l’époque dans des prisons secrètes de la CIA.

Selon un compte-rendu du pré-procès publié mercredi par le New York Times, l’ancien sous-traitant de la CIA a expliqué qu’après les attentats du 11 septembre 2001, qui ont fait 2.976 morts, il considérait comme un « devoir moral » de prévenir toute nouvelle attaque.

« Protéger la vie des Américains était plus important que l’inconfort de terroristes qui avaient volontairement pris les armes contre nous », a ajouté le psychologue, qui a reconnu avoir participé lui-même à plusieurs sessions de simulations de noyade (« waterboarding »).

Le procès des cinq hommes accusés d’avoir planifié les attentats du 11-Septembre, dont le cerveau auto-proclamé de l’attaque Khaled Cheikh Mohammed, doit s’ouvrir en janvier 2021 à Guantanamo.

Les cinq accusés, détenus depuis une quinzaine d’années sur cette base militaire située à la pointe sud-est de Cuba, ont été inculpés il y a dix ans, mais la procédure s’est éternisée en raison de l’extrême complexité du dossier.

« Report après report »

L’une des difficultés tient au fait que les prisonniers ont subi ces « procédures d’interrogatoires poussés ». C’est en particulier le cas pour Khaled Cheikh Mohammed (dit KSM, ses initiales en anglais), arrêté au Pakistan en 2003, qui a notamment été soumis à de nombreuses sessions de « waterboarding » avant d’être transféré à Guantanamo en 2006.

Or la justice américaine ne considère pas les aveux obtenus sous la torture comme des preuves admissibles, a rappelé une juriste d’Amnesty International, Julia Hall.

« Mitchell a dit qu’il témoignait pour les victimes et les familles », a dit mercredi Mme Hall, qui assiste au procès sur la base de Guantanamo. « Pourtant, c’est en grande partie à cause des techniques de torture qu’il a lui-même créées et utilisées sur les détenus qu’il y a eu report après report » dans la procédure judiciaire.

« Mitchell est une des principales raisons pour lesquelles les familles des victimes n’ont toujours pas obtenu justice », a-t-elle conclu.

Parmi les autres accusés figurent les Yéménites Ramzi ben al-Chaïba, qui selon l’accusation aurait dû participer à l’opération mais n’avait pas obtenu son visa pour les Etats-Unis, et Walid ben Attach, soupçonné d’avoir opéré des repérages avant les attaques.

Le Saoudien Moustapha al-Houssaoui est accusé d’avoir financé les attentats, et le neveu de KSM, Ammar al-Baluchi, aussi appelé Ali Abdoul Aziz-Ali, d’avoir participé à la logistique.

Ils risquent la peine de mort.

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