La prestation de serment en janvier du président élu, acte officiel du passage de flambeau. © GETTY IMAGES

Trump accepte la transition: quel pouvoir conserve-t-il avant l’investiture de Biden?

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Onze semaines séparent l’élection du président de son investiture. Pourquoi un laps de temps aussi long? Et quels pouvoirs conserve le président sortant pendant cette transition?

Il n’a jamais été aussi près d’admettre sa défaite: Donald Trump a finalement donné son feu vert au processus de transfert du pouvoir à Joe Biden, qui avait commencé, sans l’attendre, à dessiner son gouvernement. Après plus de deux semaines d’un refus sans précédent dans l’histoire politique américaine, Donald Trump s’est toutefois encore gardé de reconnaître directement la victoire du démocrate. Il a promis sur Twitter de poursuivre un « juste combat » alors qu’il multiplie les recours en justice, sans succès, pour tenter de démontrer des fraudes lors du scrutin présidentiel du 3 novembre. Et « je crois que nous triompherons », a-t-il affirmé.

https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1331013908971261953Donald J. Trumphttps://twitter.com/realDonaldTrump

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

550rich3153600000Twitterhttps://twitter.com1.0

Une importante transition

« Je jure solennellement de remplir fidèlement les fonctions de président des Etats-Unis et, dans toute la mesure de mes moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis. » Le 20 janvier prochain sera une nouvelle journée historique outre-Atlantique, avec la prestation de serment du président élu, main gauche sur la Bible, main droite levée. Onze semaines séparent l’Election Day de l’Inauguration Day. A mi-parcours, le 8 décembre, tout le contentieux électoral doit être clôturé. Puis, le 14 décembre, les grands électeurs se réuniront pour élire officiellement le président et sa vice-présidente, qui devront encore attendre plus d’un mois leur entrée en fonction.

« Cette période laisse le temps à l’équipe du président sortant de transmettre tous les dossiers à celle du vainqueur des élections », explique Serge Jaumain, professeur d’histoire contemporaine à l’ULB. « Ces semaines-là permettent de constituer le cabinet du futur président, de nommer ses principaux collaborateurs, de pourvoir aux fonctions supérieures de l’administration et des agences fédérales, précise Michel Liégeois, professeur de relations internationales à l’UCLouvain. Le nouvel appareil administratif doit être opérationnel dès l’entrée à la Maison-Blanche du président élu. Quand la victoire change de camp, des milliers de fonctionnaires sont à remplacer à Washington, tout comme les ambassadeurs américains, qui ne sont pas des diplomates de carrière, mais des politiciens et hommes d’affaires proches du président. »

https://twitter.com/JoeBiden/status/1330967606585593857Joe Bidenhttps://twitter.com/JoeBiden

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

550rich3153600000Twitterhttps://twitter.com1.0

En 2016, avant sa victoire, Donald Trump, qui ne pensait pas gagner les élections, a tardé à mettre en place une cellule chargée de préparer la transition. Il estimait que cela coûtait trop cher. La cellule a été réduite au minimum, a révélé le reporter Bob Woodward, en 2018, dans son livre-enquête Peur. Trump à la Maison-Blanche (Seuil, 2018) « Voilà pourquoi, une fois à la Maison-Blanche, Trump a manqué d’experts sur les dossiers en cours et la nomination de hauts fonctionnaires et d’ambassadeurs a été tardive et laborieuse, reprend Michel Liégeois. D’autant qu’il a choisi des nouveaux venus peu rompus à la mécanique institutionnelle fédérale. »

Avant l’investiture de Biden, comment Trump pourrait causer de nombreux dégâts

Joe Biden sera investi le 20 janvier prochain pour une période de 4 ans. D’ici là, il reste du temps à Donald Trump pour manoeuvrer dans différents domaines, et cela, même si le Congrès, les tribunaux et la Constitution sont là pour l’encadrer et l’en empêcher.

Depuis la victoire annoncée du démocrate Joe Biden, la période transitoire dite du « lame duck » ou « canard boiteux » a débuté. Il s’agit de la période de plus de deux mois où se côtoient un nouveau président élu et un président encore en exercice. Bien que le terme implique que les présidents « canards boiteux » sont d’une manière ou d’une autre affaiblis, ce n’est pas le cas juridiquement et législativement. Dans la pratique, les pouvoirs et le statut d’un président ne sont pas modifiés tant qu’il n’a pas officiellement quitté ses fonctions.

Un président vaincu a traditionnellement l’obligation morale de rester discret et de ne rien faire qui puisse compromettre la politique de son successeur. Cependant, son mandat l’a prouvé, Trump peut facilement engendrer le chaos, mettre en danger la vie des Américains et de leurs alliés, saper la confiance dans les institutions et faire reculer la sécurité nationale pour les décennies futures.

>> Lire la suite de notre analyse

Pleinement président

Pendant la période de transition, de quels pouvoirs dispose encore le président sortant battu dans les urnes? « Il reste pleinement président, répond Serge Jaumain. En janvier 2017, à quelques jours de la passation de pouvoir, Barack Obama a gracié l’ex-soldat et lanceuse d’alerte transgenre Chelsea Manning, qui avait écopé de trente-cinq ans de prison dans l’affaire WikiLeaks. Le président sortant qui a perdu les élections n’a plus de légitimité populaire, mais avec Trump, il faut s’attendre à tout. Ses décisions doivent toutefois être confirmées par le Congrès. » Michel Liégeois confirme: « Le président sortant est politiquement affaibli s’il a perdu les élections. Il peut difficilement imposer ses vues au pouvoir législatif, que ce soit pour des nominations, des décisions ou l’octroi de subsides. Sa marge de manoeuvre pour négocier des arrangements avec un élu est étroite puisqu’il est sur le départ. Son pouvoir législatif est très diminué, mais son pouvoir exécutif reste entier et il est pleinement président en cas de crise. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire