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Tirs de la police sur Jacob Blake: la colère citoyenne ravivée aux États-Unis

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La colère grandit aux États-Unis, après une apparente bavure policière dont un homme noir a été victime dans le Wisconsin. Minneapolis, New York ou Portland : plusieurs villes américaines sont devenues depuis le théâtre de rassemblements parfois violents, des milliers de personnes exigeant que justice soit faite pour Jacob Blake. Un nouveau drame qui ravive les tensions et le mouvement historique de protestation contre le racisme né il y a trois mois de la mort de George Floyd.

Ce que l’on sait

Comme pour George Floyd il y a trois mois, ce quadragénaire noir mort asphyxié le 25 mai sous le genou d’un policier blanc, la tentative d’interpellation a été filmée par un témoin. Les images ont rapidement fait le tour du monde : tournées avec un téléphone portable et massivement partagées via les réseaux sociaux, elles montrent Jacob Blake, un Afro-américain de 29 ans, suivi par deux policiers ayant dégainé leurs armes alors qu’il contourne une voiture.

Un agent attrape son débardeur blanc au moment où il ouvre la portière et tente de s’installer sur le siège conducteur. Le policier fait alors feu – l’enregistrement laisse entendre sept tirs -, l’atteignant de plusieurs balles dans le dos. La victime a été opérée d’urgence dans un service de soins intensifs de la ville de Milwaukee, où son état restait critique, mais en voie d’amélioration. Ben Crump, l’avocat de la famille de Jacob Blake, qui se bat actuellement pour sa vie, a affirmé que les trois fils de ce dernier se trouvaient dans la voiture, et que l’homme avait tenté de s’interposer dans une dispute entre deux femmes.

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La police de Kenosha a appelé de son côté à ne pas tirer de conclusions hâtives « jusqu’à ce que l’ensemble des faits soient connus ». Les deux policiers ont été suspendus de leurs fonctions et une enquête a été ouverte.

« Violence ordinaire », la colère ravivée

Ce qui s’apparente comme une nouvelle bavure policière contre un homme noir aux États-Unis a ravivé la colère et les tensions nées il y a trois mois avec le mort de George Floyd. « Pas de justice, pas de paix ! », scandaient notamment le millier de manifestants défilant autour d’un tribunal de Kenosha, ville située à une quarantaine de kilomètres au sud de Milwaukee, où les faits se sont produits.

« Si je tuais quelqu’un, je serais condamnée et traitée comme une meurtrière. Je pense que ce devrait être la même chose pour la police », a dit à l’AFP Sherese Lott, 37 ans, venue défiler à Kenosha, ville de 170.000 habitants au bord du lac Michigan.

A Kenosha, un couvre-feu a été décrété, après les débordements de la veille. Une heure après son entrée en vigueur, les manifestants ont été visés par des tirs de gaz lacrymogène de la police, vers qui des bouteilles ont été lancées. Appelant à manifester de façon pacifique, le gouverneur Tony Evers avait annoncé que 125 militaires de la Garde nationale seraient déployés dans la ville afin d’y faire respecter l’ordre. Son adjoint Mandela Barnes, un Afro-américain, a estimé que le drame « n’était pas un accident. (…) Ce n’était pas une bavure. C’est une violence ordinaire pour beaucoup d’entre nous ».

https://twitter.com/GovEvers/status/1297739245507903490Governor Tony Evershttps://twitter.com/GovEvers

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La colère a également gagné d’autres villes américaines. A Minneapolis, où George Floyd a été tué, des manifestants ont brûlé un drapeau américain. Environ 200 personnes, certaines le poing levé, ont aussi défilé à New York en criant le nom de Jacob Blake. Des manifestations ont également eu lieu dans la ville de Portland.

Deux morts lors des manifestations

Deux personnes ont été tuées par balle dans la nuit de mardi à mercredi dans la ville américaine de Kenosha. « Les tirs ont entraîné la mort de deux personnes et une troisième personne a été hospitalisée pour des blessures graves, mais qui ne mettent pas sa vie en danger », a annoncé la police de Kenosha sur Twitter, sans donner davantage d’informations sur le profil du tireur activement recherché ou des victimes.

Tirs de la police sur Jacob Blake: la colère citoyenne ravivée aux États-Unis
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Selon le New York Times, les tirs ont éclaté lors d’une confrontation entre des manifestants et un groupe d’hommes armés. Des membres de milices armées patrouillaient la ville pour protéger des édifices d’éventuels actes de vandalisme commis par les protestataires. Des habitants de la ville sont venus armés afin, ont-ils assuré, d’empêcher de nouvelles dégradations.

Appel au calme de la famille Blake

La mère de Jacob Blake a appelé au calme. « Mon fils se bat pour sa vie », a déclaré, émue, Julia Jackson, mère de la victime, lors d’une conférence de presse. « Si Jacob savait ce qu’il se passait, la violence et la destruction, il serait très mécontent (…) Nous avons besoin de guérir. »

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« Le diagnostic médical pour le moment est qu’il est paralysé », a affirmé l’avocat de la famille de M. Blake, Ben Crump. Il a subi de « graves dommages corporels, dont une section de la moelle épinière », ses reins et son foie ont été endommagés et ses blessures ont nécessité « l’ablation d’une partie de l’intestin », a précisé l’avocat Patrick Salvi, lui aussi sur le dossier.

Les avocats ont par ailleurs annoncé qu’ils se rendraient à Washington vendredi pour rejoindre une vaste marche contre les violences policières organisée le jour de l’anniversaire du célèbre discours de Martin Luther King « I have a dream ».

Biden demande une enquête, Trump silencieux (pour l’instant)

Les tirs sur Jacob Blake ont ravivé le mouvement « Black Lives Matter » et sont une fois de plus au coeur de la campagne présidentielle. Mais les candidats abordent les dernières actualités de manière très différente.

Le candidat démocrate Joe Biden a exigé une enquête « immédiate, poussée et transparente » et que les policiers répondent de leurs actes. « Le pays se réveille encore une fois plongé dans la douleur et l’indignation qu’un homme noir américain ait à nouveau été victime d’un abus policier », a regretté Biden, accompagnant son message du mot « Assez » sur fond noir.

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Sa colistière Kamala Harris demande quant à elle une enquête « immédiatement » et que les agents impliqués soient tenus responsables.

https://twitter.com/KamalaHarris/status/1297946902449856512Kamala Harrishttps://twitter.com/KamalaHarris

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En pleine convention républicaine, le président Donald Trump ne s’est pas encore exprimé sur le sujet. Le chef de cabinet de la Maison-Blanche a expliqué : « Je suis certain qu’il sera informé de l’ensemble de l’affaire comme il l’est pour chaque affaire. Il est trop tôt pour dire ce qui s’est réellement passé à partir de ce que j’ai appris. »

Le président a néanmoins exhorté sur Twitter le gouverneur à faire appel à la Garde nationale. « Elle est prête, volontaire et plus que capable. Réglez RAPIDEMENT le problème! », a-t-il écrit, lui qui a fait de « la loi et l’ordre » (« Law and Order ») l’un des thèmes de sa campagne de réélection.

https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1298414089769750530Donald J. Trumphttps://twitter.com/realDonaldTrump

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(avec AFP)

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