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Tir de missiles nord-coréens: un exercice en vue de frapper les bases américaines au Japon

Le tir par la Corée du Nord lundi de quatre missiles balistiques en direction du Japon était un exercice en vue de frapper, en cas de nécessité, les bases américaines au Japon, a annoncé l’agence officielle de presse nord-coréenne KCNA.

Le numéro un nord-coréen Kim Jong-Un a supervisé en personne ce tir d’essai effectué par une unité d’artillerie et en a lui-même ordonné son déclenchement, a ajouté KCNA, selon laquelle l’objectif était de s’entraîner pour « frapper les bases des forces impérialistes américaines d’agression au Japon, le cas échéant ».

Lundi matin (dimanche soir en Belgique), quatre projectiles, des missiles balistiques selon Tokyo, ont été tirés depuis la province de Pyongan du Nord, située dans le nord-ouest de la Corée du Nord, vers les eaux situées à l’est de l’Etat communiste, en mer de l’Est ou mer du Japon. Ils sont tombés dans la mer à 300 à 350 km des côtes japonaises, trois missiles atteignant la zone économique exclusive nippone, avait indiqué le Japon lundi.

Les Etats-Unis et le Japon ont annoncé plus tard dans la journée avoir demandé une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur les tirs de missiles nord-coréens. Un porte-parole de la représentante américaine auprès des Nations Unies Nikki Haley a précisé que la requête avait été faite en coordination avec la Corée du Sud. Aucune date n’a pour le moment été retenue pour cette réunion.

Les nouveaux tirs nord-coréens sont interprétés comme une réplique aux exercices conjoints annuels de la Corée du Sud et des Etats-Unis, qui ont débuté le premier mars et doivent durer plusieurs semaines. Ces exercices sont habituellement interprétés par Pyongyang comme une menace, alors que Seoul et Washington assurent qu’il ne s’agit que de manoeuvres défensives.

Les tensions sont particulièrement vives cette année, après un test de missile balistique effectué début février, et l’imbroglio diplomatique autour de l’assassinat du demi-frère du dictateur nord-coréen en Malaisie. La Chine, habituel allié de la Corée du Nord, a indiqué lundi être opposée aux nouveaux tirs de missiles, indiquant qu’ils « violent les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ».

Le 13 février, le Conseil de sécurité de l’ONU réuni en urgence avait condamné à l’unanimité le tir de missile effectué la veille par la Corée du Nord, et considéré comme un premier « test » après l’arrivée à la présidence des Etats-Unis de Donald Trump. Les quinze pays membres du Conseil, y compris la Chine, avaien alors approuvé un texte proposé par les Etats-Unis affirmant que le test de missile constituait une « grave violation » des résolutions de l’ONU, qui interdisent au pays tout programme nucléaire ou balistique. Sans surprise, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a condamné lundi les nouveaux tirs, évoquant des actions qui « sapent gravement la paix et la stabilité régionale ».

Washington déploie le bouclier antimissiles THAAD en Corée du Sud

L’armée américaine a annoncé lundi soir avoir commencé à déployer son bouclier anti-missiles THAAD en Corée du Sud, quelques heures après l’annonce de nouveaux tirs d’essais de missiles balistiques par la Corée du Nord.

La Corée du Sud avait annoncé l’année dernière qu’elle acceptait le déploiement de ce système de défense anti-missiles, système vu d’un très mauvais oeil par la Chine qui le considère comme une menace pour sa sécurité. Les forces américaines « ont déployé les premiers éléments » du système THAAD en Corée du Sud mardi (heure locale), a indiqué le commandement des forces américaines dans le Pacifique (Pacom) dans un communiqué. Une vidéo diffusée par l’armée américaine montre des images de deux gros camions transportant les rampes de lancement de missiles intercepteurs, débarquant d’un gros avion de transport militaire américain en Corée. Selon le Pentagone, le déploiement de ce système ajoute un niveau de protection supplémentaire par rapport au dispositif anti-missile existant, qui protège le territoire sud-coréen et les forces américaines qui s’y trouvent.

Le système THAAD tire des missiles conçus pour intercepter et détruire des missiles balistiques alors qu’ils seraient encore juste à l’extérieur de l’atmosphère ou qu’ils viendraient d’y entrer, durant leur dernière phase de vol. « Les actions provocatrices de la Corée du Nord, y compris les derniers tirs de multiples missiles, ne font que confirmer la pertinence de notre décision » avec la Corée du Sud de déployer THAAD dans le pays, a estimé l’amiral Harry Harris, le chef des forces américaines dans la zone Asie Pacifique, cité par le communiqué de Pacom. La Chine considère que le système THAAD et son puissant radar sont susceptibles de réduire l’efficacité de ses propres systèmes de missiles. Pékin a pris ces derniers mois une série de mesures considérées en Corée du Sud comme des sanctions économiques liées au projet THAAD, y compris l’annulation de visites de célébrités sud-coréennes populaires en Chine.

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