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Russie: manifestations pro-Navalny dans tout le pays, plus de 4.000 interpellations

Le Vif

Au moins 4.027 personnes ont été interpellées dimanche par la police dans toute la Russie lors d’une journée de manifestations pour exiger la libération de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, a indiqué l’ONG OVD-Info

Recouvert par une fine couche de neige, le centre de Moscou a pris à certains endroits des allures de citadelle assiégée avec la police anti-émeute déployée en masse, boucliers et matraques en évidence.

Fait rare, plusieurs rues et des stations de métro de la capitale ont été totalement fermées, poussant les protestataires à changer au dernier moment le lieu du rassemblement, diffusé sur les réseaux sociaux.

Devant se réunir à l’origine devant le siège des services de sécurité (FSB), les manifestants se sont dirigés vers le centre de détention où est enfermé Alexeï Navalny, mais sans y parvenir pour la plupart, avant de rejoindre à nouveau le centre-ville.

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null© Belga

Les manifestants scandaient « Poutine est un voleur! » ou encore « Liberté! », selon des journalistes de l’AFP, qui ont assisté à des dizaines d’arrestations, parfois brutales.

En début de soirée, l’équipe de M. Navalny a annoncé la fin de la manifestation à Moscou. « Nous leur avons montré à quel point nous étions nombreux! », a-t-elle indiqué sur Telegram en appelant les partisans de l’opposant à venir le soutenir lors de sa comparution au tribunal mardi.

La femme d’Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, a elle été interpellée par la police alors qu’elle était venue prendre part au rassemblement, selon l’équipe de l’opposant.

D’après l’organisation OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations, au moins 3.838 personnes ont été interpellées dans 82 villes, mais principalement à Moscou (1.080).

Selon l’union des journalistes russes, au moins 35 membres de la presse ont été arrêtés.

Ces rassemblements font suite à une première journée de mobilisation samedi dernier qui a réuni des dizaines de milliers de protestataires et s’était soldée par plus de 4.000 interpellations, ainsi que l’ouverture d’une vingtaine d’affaires pénales.

– « Poutine, c’est le mal » –

Malgré les menaces, Ekaterina Britchkina, une manifestante de 39 ans, n’a pas hésité à battre le pavé à Moscou. Elle a affirmé à l’AFP avoir « peur davantage de ce qui se passera dans le pays si on ne sort pas dans la rue ».

« C’est la répression, on jette en prison des gens innocents », abonde Daria, une vétérinaire de 34 ans.

A Saint-Pétersbourg, autre place forte de l’opposition, près de 3.000 personnes rassemblées sur une place du centre-ville ont été dispersées par les forces anti-émeutes.

« Poutine, c’est le mal. Il n’y a pas d’avenir avec lui, impossible de vivre avec de tels salaires et aussi peu de boulot », a affirmé à l’AFP Andreï, un protestataire de 30 ans.

Sur Twitter, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a dénoncé l »‘usage persistant de tactiques brutales de la Russie contre des manifestants pacifiques et des journalistes pour la deuxième semaine de suite » et appelé les autorités russes à libérer Alexeï Navalny et ses soutiens.

La diplomatie russe lui a répondu en dénonçant l' »ingérence grossière » des Etats-Unis dans ses « affaires intérieures », une « stratégie visant à contenir la Russie ».

– « En colère » –

Au delà de Moscou, à l’autre bout du pays, à Vladivostok, Andreï, un manifestant de 25 ans, a regretté que peu de gens, quelques dizaines, se soient réunis car « les forces anti-émeutes ont bloqué » le lieu de rassemblement prévu.

A Novossibirsk, la troisième agglomération de Russie, le média indépendant Taïga a estimé à plus de 5.000 le nombre de protestataires, l’un des plus importants rassemblements anti-gouvernementaux de ces dernières années.

« Les gens sont en colère à cause de ce qui se passe et parce que des députés et militants d’opposition ont été arrêtés cette semaine », a affirmé à l’AFP Khelga Pirogova, élue locale d’une coalition pro-Navalny.

La plupart des proches alliés de l’opposant ont été assignés à résidence vendredi par la justice russe, deux jours après une série de perquisitions ayant notamment visé le domicile de sa femme et les locaux de son organisation.

Alexeï Navalny est visé par de multiples procédures judiciaires, qu’il considère comme politiquement motivées.

Les protestations sont aussi alimentées par la diffusion d’une enquête de son équipe accusant le président Vladimir Poutine de bénéficier d’un immense « palais » sur les rives de la mer Noire, ce que l’intéressé dément.

Militant anticorruption et ennemi juré du Kremlin, Alexeï Navalny, 44 ans, est revenu en Russie le 17 janvier après des mois de convalescence en Allemagne pour un empoisonnement présumé dont il accuse Vladimir Poutine et les services de sécurité russes d’être responsable.

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