Dans Le Désir de résister, le philosophe Marc Crépon propose un mode d’action pour échapper à cette « mélancolie de l’histoire » qui semble habiter de plus en plus d’êtres humains.
« Cette impression de ne pas exister aux yeux des pouvoirs et des autorités et de ne pouvoir davantage compter sur soi-même pour infléchir le cours de sa vie est redoutable, parce qu’elle creuse un vide insupportable et parce qu’il n’est rien de plus facile que d’en instrumentaliser la souffrance. » On en observe les illustrations récurrentes dans le chef des populistes ou des fondamentalistes. Dans Le Désir de résister (1), le philosophe Marc Crépon propose un mode d’action pour échapper à cette « mélancolie de l’histoire » qui semble habiter de plus en plus d’êtres humains.
Que faut-il faire? Réveiller son esprit critique face à la démophobie (phobie du peuple) des obsédés de la verticalité du pouvoir, face à la ruse des populistes qui font croire au peuple qu’ils lui redonnent la parole en parlant à sa place, face à la culture de la peur que d’aucuns ont été tentés d’exploiter lors des crises terroriste et sanitaire, face à la défiance croissante à l’égard des institutions, face au « consentement à la misère », cette « imperméabilité des élites au sentiment d’abandon, à la détresse, au désarroi […] de ceux et de celles dont elles sont coupées, qu’elles ne voient pas, qu’elles n’entendent pas sinon de loin, sans y prêter davantage attention ».
D’où l’urgence, pour Marc Crépon dans ce salutaire essai, de « susciter des prises de parole, leur accorder l’attention et la considération qu’elles méritent, les rassembler, les confronter » et pour chacun d’entre nous, de « continuer à apprendre, ou de réapprendre, à penser par nous-mêmes », d’autant que l’environnement des outils numériques contribue de plus en plus à formater les connaissances et les réflexions.
(1) Le Désir de résister. Un esprit critique pour notre temps, par Marc Crépon, Odile Jacob, 238 p.