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La liberté de la presse menacée en Europe

Stagiaire Le Vif

L’indépendance et la diversité au sein des médias sont actuellement menacées par une ingérence politique accrue et des concentrations économiques dans le monde de la presse.

C’est ce qui ressort d’un rapport établi par le Centre pour le pluralisme et la liberté de la presse basé à Florence et publié sur le site Politico. Cette enquête a été menée auprès de 19 pays de l’Union européenne et ne rassure pas.

« Le problème du pluralisme médiatique n’épargne aucun pays membre de l’Union », a déclaré le Centre en marge de ce rapport. La Roumanie est le pays qui réalise le pire score en termes de protection et de liberté de la presse.

Le rapport met en avant la détérioration constante du métier de journaliste, où la précarité devient le quotidien de beaucoup d’entre eux. Les journalistes sont sous-payés, la sécurité et la garantie d’un emploi sont de plus en plus hypothétiques, sans compter qu’ils sont souvent sujets à des menaces.

Mais la principale inquiétude qui ressort de ce rapport concerne la propriété des médias. Le contrôle des différents organes de presse ne se limite généralement qu’à un nombre restreint d’acteurs, ce qui leur donne, par conséquent, un pouvoir et un monopole accrus qui est dangereux pour la diversité de l’information. Il est aussi très difficile actuellement de savoir distinctement qui contrôle telle chaîne de télévision ou tel journal.

Le rapport insiste aussi sur le fait que ce manque de transparence signifie que les citoyens ne peuvent pas correctement juger l’ampleur des préjugés véhiculés par l’information. La concentration médiatique (et donc le risque d’avoir moins de diversité journalistique) est sur le point de devenir un problème important pour cinq pays en particulier : l’Espagne, la Pologne, la Lituanie, la Finlande et le Luxembourg.

Les conclusions de cette étude insistent également sur les problèmes liés à l’indépendance politique. Dans ce cas-ci, douze pays (l’Autriche, la Croatie, Chypre, la République tchèque, l’Irlande, la Lituanie, Malte, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et l’Espagne) présentent un « risque » potentiel en la matière, notamment à cause de plusieurs facteurs : l’information orientée et biaisée qui se retrouve dans les éditoriaux, les liens étroits entre les patrons de presse et les personnalités politiques et le favoritisme dans le financement public des médias les plus « complaisants » avec le pouvoir.

Le rapport expose aussi « l’inclusion sociale » des médias, ou comment la presse est accessible à tel ou tel groupe social ou culturel, aux communautés locales et aux personnes handicapées. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le résultat n’est pas très encourageant. Seule la Suède tire son épingle du jeu…

L’étude du Centre pour le pluralisme et de la liberté de la presse a été financée par la Commission européenne pour examiner concrètement la liberté de la presse dans les 19 pays concernés. Les 9 autres pays de l’Union ont fait l’objet d’un autre rapport, publié il y a deux ans.

Maxime Defays

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