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Kinshasa annonce la reddition du chef d’une importante milice

Les autorités congolaises ont annoncé la reddition du chef d’un important groupe armé de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) sans que l’on sache pour autant si cela signifie la fin de sa rébellion.

« En date du 5 novembre, le seigneur de guerre du groupe armé FRPI [Forces révolutionnaires patriotiques de l’Ituri, NDLR] Banaloki Matata, alias Cobra Matata […] s’est rendu à l’armée avec un grand nombre de ses combattants », indique un compte-rendu du Conseil des ministres publié lundi soir par le ministre des Médias, Lambert Mende Omalanga.

Le document ne précise rien sur les conditions ni sur le lieu et la date de cette reddition, ajoutant simplement que tous ces hommes « seront soumis après rassemblement au programme DDR » (démobilisation, désarmement et réinsertion) destiné à offrir une porte de sortie à la cinquantaine de groupes armés qui pullulent encore dans l’est de la RDC, déchiré par les conflits depuis plus de vingt ans.

La question principale qui se posait après cette annonce était de savoir si Cobra Matata et ses hommes avaient été désarmés ou s’ils continuaient de négocier avec le gouvernement ou les Forces armées de la RDC (FARDC) les conditions de la fin définitive de leur lutte armée.

Selon une source onusienne, des « négociations » entre les FRPI et de hauts responsables militaires ont eu lieu toute la semaine, jusqu’à dimanche, dans la région de Bunia, chef-lieu du district de l’Ituri, limitrophe de l’Ouganda, Cobra Matata répétant à cette occasion son exigence d’être réintégré dans l’armée avec un grade de général. « Ce Monsieur-là (le colonel dissident Matata Banaloki) est très versatile », a dit pour sa part un officier congolais en référence aux nombreuses propositions de redditions passées du chef rebelle et qui n’ont été suivies d’aucun effet.

En avril, un autre chef de guerre agissant dans la région, Paul Sadala, alias « Morgan », avait été tué par les FARDC après avoir tenté de négocier sa reddition. Des experts de l’ONU ont vu dans cette affaire le résultat d’une succession de négligences de la part de l’armée.

Le FRPI est l’une des nombreuses milices qui se sont affrontées en Ituri de 1999 à 2007 sur des bases essentiellement ethniques pour le partage des richesses naturelles (au premier rang desquelles l’or) de ce district de l’est. Plusieurs milliers de combattants des FRPI avaient été démobilisés et intégrés à l’armée congolaise de 2004 à 2006, mais le groupe avait commencé à se reformer fin 2007 après le transfèrement de son chef, Germain Katanga, à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Celle-ci l’a condamné en mai à douze ans de prison ferme pour complicité de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Les FPRI étaient menacées de frappes ciblées par les Casques bleus de la Mission de l’Onu en RDC (Monusco).

Cobra Matata avait été intégré en décembre 2007 au sein des FARDC avec le grade de colonel, tout comme deux autres chefs de guerre, Peter Karim, du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), et Mathieu Ngudjolo, du Mouvement révolutionnaire congolais (MRC). Mais il a repris le maquis en juin 2010, prenant la tête des FRPI. Depuis lors, sa seule revendication véritablement claire est celle de sa réintégration dans l’armée comme général, avec ses hommes, et des grades d’officiers supérieurs pour ses principaux lieutenants.

Cependant, note un expert des groupes armés en RDC, l’armée a totalement banni depuis 2011 les monnayages de ce genre, qui étaient courants jusque-là.

L’annonce de la reddition de Cobra Matata survient alors que les autorités sont accusées de n’avoir rien fait pour empêcher une série de massacres commis par les rebelles ougandais ayant tué plus d’une centaine de civils depuis la mi-octobre dans le nord de la province du Nord-Kivu, limitrophe de l’Ituri.

Vendredi, un ancien chef rebelle de l’Ituri, Jérôme Kakwavu, promu général après sa réintégration a été condamné à Kinshasa à dix ans de prison, pour crimes de guerre.

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