Manifestation au Chili. © Belga

Il y a autant de manifestations aujourd’hui qu’à la fin des années 1960

Le Vif

Il faut remonter à la fin des années 1960 pour trouver des mouvements de protestation d’une ampleur équivalente à ceux qui agitent de nombreux pays depuis plusieurs mois, affirme Challenges. Si ces manifestations n’ont pas de liens entre elles et ont des causes variées, certains thèmes reviennent tout de même souvent au-devant de la scène.

Les analystes avancent trois catégories d’explications à ces mouvements : économiques, démographiques et conspirationnistes.

Au Chili par exemple, l’aspect économique a joué un rôle important, puisque le mouvement de contestation est né suite à l’augmentation du prix du ticket de métro dans la capitale Santiago. Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase des inégalités sociales.

La gauche n’y voit qu’une nouvelle preuve du caractère dysfonctionnel du capitalisme. « Il est vrai que même les partisans les plus acharnés des marchés libres considèrent la montée des inégalités comme une des racines de la colère », reconnait Challenges.

L’explication démographique souligne que les jeunes sont souvent les plus prompts à manifester. Certains historiens font le parallèle avec les années 1960 où, comme aujourd’hui, « l’excédent de jeunes gens éduqués », suite à la généralisation de l’enseignement supérieur, fait qu’il y a plus de diplômés que d’emplois correspondants.

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null© Belga

Pour ce qui est de la théorie conspirationniste, on observe que certains gouvernements attribuent les mouvements populaires à d’obscures forces étrangères. Cuba et le Venezuela sont ainsi accusés d’attiser les mouvements latino-américains.

Pourtant, aucune de ces trois théories ne suffit à expliquer les mouvements qui touchent un grand nombre de pays à travers le monde.

Trois autres facteurs pourraient les compléter. Selon Challenges : « le premier, rarement évoqué, est que manifester dans la rue peut être plus excitant que la morne existence quotidienne. Et quand tout le monde s’y met, la solidarité s’impose tout naturellement ».

Le deuxième facteur viendrait des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Ainsi, l’usage des smartphones de plus en plus répandu facilite l’organisation des mouvements et des manifestations. S’ils aident les manifestants à s’organiser, ils contribuent également à alimenter les frustrations politiques des populations. « Ils génèrent des chambres d’écho qui à leur tour accroissent l’impression que les pouvoirs en place « ne nous écoutent pas » ».

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Le troisième facteur est celui des vieux systèmes politiques qui ne correspondent plus aux attentes de citoyens, comme en Algérie et au Soudan, où le peuple réclame une véritable démocratie et dénonce un système d’élection truqué.

Mais même des démocraties apparemment fonctionnelles sont touchées. « Les gens se sentent aujourd’hui impuissants et ont le sentiment que leur vote ne compte pas », affirme Challenges. Cela est illustré par l’arrivée de mouvements tels qu’Extinction Rebellion qui a rencontré un écho important dans plusieurs pays, afin de demander aux pouvoirs publics d’agir contre le changement climatique en utilisant la désobéissance civile.

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