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Fukushima: des niveaux de radiation bien trop élevés, même dans les zones ouvertes

Les niveaux de radiation dans la région de Fukushima restent bien plus élevés que les normes maximales habituellement conseillées, indique mercredi une nouvelle étude de Greenpeace sur le sujet.

Dans les communes proches de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, une grande part des zones désormais considérées comme à nouveau habitables présentent en réalité un risque qui subsistera « au moins jusque dans les années 2050 ».

Jan Vande Putte, spécialiste en matière d’énergie et de nucléaire chez Greenpeace Belgium, était à la tête de ce projet d’étude sur la situation actuelle dans la région de l’accident nucléaire de Fukushima. « Dans toutes les zones que nous avons étudiées, y compris celles où la population est autorisée à habiter, les niveaux de radiation sont si élevés que, s’il s’agissait d’une installation nucléaire, elle nécessiterait des contrôles stricts », résume-t-il. « Alors que là, c’est un territoire public. Des citoyens, dont des enfants et des femmes enceintes qui réintègrent leurs maisons contaminées, risquent d’être irradiés à des doses équivalant au fait de subir une radio aux rayons X du thorax chaque semaine », précise-t-il. On peut conclure à une « violation claire de leurs droits humains ».

Les mesures de Greenpeace Japan, pour cette étude gérée par Jan Vande Putte, ont été réalisées en septembre et octobre 2017, dans les communes d’Iitate et de Namie, dans la préfecture de Fukushima. La seconde avait été qualifiée, dans un reportage de Libération en mars 2016, de « ville fantôme », 5 ans après l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima-Daiichi. Selon le journal, 21.400 personnes vivaient dans cette ville avant l’évacuation précipitée de la zone en mars 2011. En mars-avril 2017, des parties de Namie ont été déclarées à nouveau habitables, après des opérations de décontamination et de reconstruction, permettant le retour des anciens résidents qui le souhaitent. Namie n’est qu’à une poignée de kilomètres (6-7 km) du complexe nucléaire de Fukushima-DaIichi. Le village d’Iitate est un peu plus éloigné. Des mesures ont été faites aussi bien dans les zones rouvertes aux habitants que dans la zone d’exclusion de Namie.

Malgré la « réouverture » progressive de zones de la région sinistrée, des radiations bien plus importantes que les limites normalement acceptées internationalement pour l’exposition du public ont été constatées, indique Greenpeace. L’organisation parle de niveaux détectés de radiations « jusqu’à 100 fois plus élevés » que les normes de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR). Cette dernière place comme maximum, en situation normale, une dose d’1 mSv/an, et en situation post-accident nucléaire, 1 à 20 mSv (millisievert) par an.

Les niveaux les plus élevés ont été, logiquement, détectés par Greenpeace dans des zones d’exclusion, où il est interdit d’habiter, mais ces radiations représentent toutefois un danger pour le personnel des travaux de décontamination, note l’organisation, qui met également en doute l’efficacité des opérations entreprises. Même dans les zones déclarées habitables, les doses mesurées sont souvent éloignées de l’objectif à long terme du gouvernement japonais, qui vise une « normalité » à 1mSv/an: une forêt adjacente à une école de Namie offrait ainsi une dose moyenne de 10 mSv/an, alors que les enfants sont une population particulièrement fragile, note Greenpeace.

L’organisation prédit que « les niveaux élevés de radiations dans ces zones représentent un risque significatif pour les personnes évacuées qui reviennent, au moins jusqu’aux années 2050 » dans une grande part des zones « ouvertes » de la région, « et jusqu’au siècle prochain » pour la zone d’exclusion restante.

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