.

« Fiasco » et « scandale d’Etat »: la polémique enfle en France face à la lenteur de la vaccination

Le Vif

La France est-elle le mauvais élève européen de la campagne de vaccination contre le Covid-19? Avec quelques centaines de personnes vaccinées contre plusieurs dizaines de milliers chez ses voisins, la polémique enflait lundi, certains élus évoquant un « fiasco » et un « scandale d’Etat ».

Au 1er janvier, seules 516 personnes avaient été vaccinées en France, selon le ministère de la Santé, dans un pays où le coronavirus a déjà fait plus de 65.000 morts.

Le nombre de personnes vaccinées est bien inférieur à certains des voisins de la France: plus de 200.000 vaccinations ont été enregistrées en Allemagne et environ un million en Grande-Bretagne.

De quoi faire pleuvoir les critiques de tous les bords politiques de l’opposition ces derniers jours.

« Je considère qu’aujourd’hui on est face à un scandale d’Etat », a déclaré Jean Rottner, président (droite) de la région du Grand Est, où la situation épidémique est particulièrement alarmante et dans laquelle le couvre-feu a été renforcé depuis samedi.

« Les Français ont besoin de clarté, de messages sûrs, d’un gouvernement qui sait où il va et il ne donne pas cette impression là », a-t-il ajouté.

« Nous avons vacciné en une semaine le même nombre que les Allemands ont vacciné en 30 minutes. C’est honteux », a déclaré le vice-président du Rassemblement national (RN, extrême droite) Jordan Bardella, en affirmant que la France était devenue la « risée du monde ».

L’eurodéputé écologiste Yannick Jadot a lui dénoncé le « fiasco » de la stratégie vaccinale française.

La France a choisi de vacciner en priorité les personnes les plus vulnérables dans les maisons de retraite.

Une stratégie qui reste pour l’instant d’actualité selon la Haute autorité de santé (HAS) qui l’a élaborée.

« Il faut garder son calme et garder les priorités, parce que si on vaccine beaucoup mais pas les bons, on va mettre des mois à diminuer les hospitalisations et les décès », a déclaré sa présidente, Dominique Le Guludec sur BFM TV.

« Réunion de suivi »

Signe de la préoccupation au sommet de l’Etat face à la polémique, une « réunion de suivi » sur la vaccination sera organisée lundi après-midi autour d’Emmanuel Macron avec le chef du gouvernement Jean Castex et plusieurs ministres.

S’il s’agit officiellement d’une réunion classique de travail, Emmanuel Macron a promis lors de ses voeux de fin d’année qu’il ne laisserait pas une « lenteur injustifiée s’installer ». Et il a laissé fuiter en une du Journal du Dimanche sa « colère » contre le rythme de la vaccination.

L’exécutif assure d’ores et déjà mettre les bouchées doubles

Il a avancé à ce lundi le début de la vaccination pour les soignants, ainsi qu’une accélération de l’arrivée des doses et un renforcement des moyens pour les transférer aux maisons de retraite.

« On ne peut pas envisager de rester sur ce rythme. Les calculs laissent envisager qu’il faudrait 3.000 ans pour être vaccinés », estime le Pr. Bruno Megarbane, chef du service de réanimation médicale et toxicologique de l’hôpital Lariboisière à Paris.

« Ca ne va pas assez vite mais ce n’est pas sur les 15 prochains jours ni le prochain mois que se jugera l’efficacité de la campagne vaccinale », nuance l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, fixant un premier objectif de 5 à 10 millions de personnes vaccinées d’ici à la fin mars pour voir un premier impact sur la circulation du virus.

Le gouvernement est également moqué pour le lancement d’un Conseil de 35 citoyens tirés au sort pour suivre la campagne de vaccination à partir du 10 janvier, qualifié de « gadget » et de « foutage de gueule » par plusieurs élus d’opposition.

Sur la durée, le gouvernement devra également affronter le scepticisme des Français concernant la vaccination.

Selon un sondage international publié la semaine dernière par l’institut Ipsos Global Advisor, seuls 40% des Français comptent se faire vacciner, plaçant le pays comme « champion du monde » des pays réfractaires.

Les fêtes passées, la France craint un nouveau rebond de l’épidémie. Le territoire est entièrement soumis à un couvre-feu de 20H00 à 06H00 du matin, un horaire avancé à 18H00 pour six millions de personnes dans l’est du pays.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire