La décision de l’instance européenne de ne pas autoriser un stade de Munich arc-en-ciel pour dénoncer les atteintes aux LGBTI en Hongrie mobilise tous azimuts. Des Diables rouges au monde politique.
A Tubize, où résident les Diables rouges, un drapeau arc-en-ciel a trouvé place aux côtés des traditionnels drapeaux belges. C’est l’une des inombrables manifestations de défiance à l’égard de l’UEFA, suite à son refus d’autoriser l’initiative munichoise de colorer l’Allianz Arena aux couleurs de la communauté LGBTI, à l’occasion du match de l’Allemagne contre la Hongrie, ce mercredi soir.
Le capitaine des Diables rouges, Eden Hazard s’il est titulaire, portera en outre un brassard arc-en-ciel lors du huitième de finale, dimanche soir à Séville.
Le refus de l’UEFA
La municipalité de Munich souhaitait illuminer le stade aux couleurs symboles de la communauté LGBT, et plus largement de la diversité, mercredi soir au moment de la réception de la Hongrie, dans « un signe visible de solidarité avec la communauté LGBTI de Hongrie ».
L’UEFA a refusé de donner son feu vert. Argumentation: « De par ses statuts, l’UEFA est une organisation politiquement et religieusement neutre Etant donné le contexte politique de cette demande – un message visant une décision prise par le Parlement national hongrois -, l’UEFA doit refuser cette requête. » L’instance européenne précise néanmoins qu’elle « comprend l’intention d’envoyer un message pour promouvoir la diversité et l’inclusion », mais propose que le stade soit illuminé aux couleurs arc-en-ciel à d’autres occasions.
La municipalité de Munich a toutefois contre-attaqué: les bâtiments de la ville seront illuminés à la place du stade et 11000 drapeaux seront distribués aux supporters avant le match!
Le 15 juin, l’Assemblée nationale hongroise a voté un texte prohibant la « représentation » et la « promotion » de la communauté LGBTI+ auprès des mineurs. Les condamnations ont été vigoureuses au sein de l’Union européenne. « La Hongrie a franchi un pas inacceptable en se détachant un peu plus des valeurs de notre UE, soulignait ce jour-là Elio Di Rupo (PS), ministre-président wallon. Orban a fait voter une loi interdisant toute référence à l’identité de genre et de l’homosexualité pour les moins de 18 ans. »
De nombreux réactions outrées
Ce rejet par l’UEFA d’une initiative symboliquement forte a suscité des réactions indignées dans le monde entier. Le joueur français Antoine Griezmann, a rapidement posté sur les réseaux sociaux une photo du stade munichois tel qu’il aurait pu être.
Le club de football de Gand a pris l’initiative de colorer la Ghelamco Arena aux couleurs de l’arc-en-ciel. Le Standard de Liège a diffuse à logo arc-en-ciel.
De nombreuses muncipalités, dans l’Europe tout entière, apporteront leur soutien aux Munichois. « Par solidarité avec Munich et avec la communté LGBT, Woluwe Saint-Lambert arborera ce jour le drapeau de cette communauté à la maison communale et au stade, souligne notamment Olivier Maingain (DeFI), bourgmestre de la commune. Honte à l’UEFA qui refuse que le stade munichois soit eclairé de ces couleurs. Le sport sans valeurs fortes n’ a aucune valeur d’exemple. »
De nombreux députés relaient aussi ce message. Si l’UEFA s’engage contre le racisme, elle doit tout autant s’engager contre l’homophobie et la transphobie, souligne Sophie Rohonyi (DeFI). Il s’agit du même combat pour l’égalité de droits. Bravo à la mairie de Munich qui dispersera les drapeaux dans les rues et dans le stade! »
D’autres encore, comme le professeur de l’ULB Jean-Michel De Waele, dénoncent l’appat du gain sans limites de l’UEFA avec un stade… décoré de billets de banque.
Pour protester contre la décision de l’UEFA, même l’économie munichoise se met aux couleurs arc-en-ciel, constate le chercheur Lukas Aubin.
Sportivement important et décisif dans le « groupe de la mort » de ce premier tour, le match Allemagne – Hongrie se transforme aussi en un match des valeurs, qui oppose une Europe ouverte à celle du repli sur soi.