24-10-2021, 11:00Mise à jour le: 27-10-2021, 08:30
Après sept ans de conflit, l’Ukraine est le cinquième pays le plus miné au monde. A l’est, dans le Donbass, la terre nourricière s’est transformée en menace mortelle. Face à cette situation, des femmes ont choisi de devenir démineuses.
Reportage réalisé avec le soutien à la photographie documentaire du Centre national des arts plastiques, France. Texte: Inès Rubat. Photos: Gaëlle Girbes.
Svetlana, Lioubov, Natalia, Tatiana, jeunes Ukrainiennes originaires du Donbass, auparavant juriste, institutrice, psychologue, ont choisi de rester « chez elles », de ne pas fuir la guerre et ses conséquences, mais de faire face. Recherche et marquage des zones polluées, déminage, sensibilisation, assistance aux victimes, toutes travaillent pour l’ONG internationale Danish Demining Group (DDG). Une reconversion professionnelle inimaginable, pourtant devenue leur quotidien.
« Deux enfants qui vivaient à cinq cents mètres de chez moi sont morts en sautant sur une mine, alors qu’ils jouaient. Je pense à eux chaque jour », témoigne Tatiana, en charge de la recherche et de la localisation des zones minées. Chacune des volontaires a un parcours et une existence d' »avant-guerre » différents, mais toutes partagent une même cause: la volonté de préserver la vie et l’avenir des enfants. Elles sont sûres de leur choix, conscientes des risques et disent ne pas avoir peur: « Je sais quoi faire. Après, ce qui doit arriver… J’avance pas à pas et respecte scrupuleusement chaque consigne« , précise Lioubov, chef d’équipe adjointe d’un groupe de démineurs.
La réaction des familles des jeunes femmes oscille entre crainte et fierté. « A mon plus jeune fils, j’ai expliqué ce que je faisais. Petit à petit. Je ne lui dis pas tout. Il est très fier de sa maman. Le plus grand est inquiet, il me demande de l’appeler régulièrement », avoue Svetlana, elle aussi démineuse et à la tête d’une autre équipe. Au-delà du danger, de la fatigue, de l’horreur des témoignages recueillis, au-delà du conflit qui ravage la terre qui les a vues naître, elles demeurent joyeuses et fortes. Des « mères courage » qui embrassent, pour le bien des leurs, une carrière hors du commun.