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En Chine, le pass santé impose sa loi, y compris aux vaccinés non porteurs du virus

Le Vif

Vaccinés contre le Covid, non porteurs du virus mais leur pass santé vire au rouge: pour un simple achat dans une pharmacie, certains Chinois voient du jour au lendemain leur vie normale s’arrêter.

Premier pays frappé par le coronavirus et à confiner sa population, la Chine a été l’un des tout premiers à généraliser dès le début 2020 le recours aux « codes santé » pour contrôler les déplacements, identifier les cas contact et isoler les malades.

En fonction du statut sanitaire et des lieux fréquentés par l’utilisateur, un « code santé » de couleur apparaît sur son téléphone: vert (aucun problème), orange (obligation de se placer en quarantaine à domicile) ou rouge (quarantaine dans un lieu prévu à cet effet).

En Chine, le pass sanitaire n’est pas légalement obligatoire. Mais dans les faits, il est quasi impossible de se déplacer ou d’entrer dans un lieu public sans en avoir un: des agents demandent systématiquement de montrer patte blanche.

A Pékin, un rebond épidémique à l’approche des Jeux olympiques a poussé les autorités à discrètement durcir les critères pour identifier des malades potentiels.

Pour avoir simplement acheté en pharmacie un médicament sans rapport avec la pandémie, Yu, une étudiante qui préfère garder l’anonymat, a perdu son code vert. Un changement de couleur sur son téléphone qui lui a de fait rendu quasi impossible l’accès aux transports, aux magasins ou dans les cafés et restaurants. Son cas n’est pas isolé.

Sans vert, c’est les nerfs

Sur les réseaux sociaux, les témoignages s’accumulent. Un mot-dièse spécifique totalise plus d’un million de vues sur la plateforme Weibo.

« Je ne peux même pas sortir pour manger ou acheter un café, c’est super embêtant », peste un internaute.

A Xi’an (nord), où un strict confinement a été imposé fin décembre après un rebond épidémique, le pass santé de la ville n’a pas tenu le choc.

A cause d’un trop grand nombre de personnes dépistées simultanément, les serveurs informatiques de l’appli ont planté à deux reprises.

Les 13 millions d’habitants de Xi’an se sont retrouvés dans l’incapacité d’utiliser leur pass santé. Contrairement à la France, la Chine n’a pas une appli anti-Covid unique mais une multitude qui cohabitent, en fonction de la ville et de la région. Toutes affichent un historique des tests de dépistage et de vaccination.

En avril 2020, le code santé de bon nombre d’étrangers à Pékin avait brièvement viré à l’orange à cause d’un problème technique. Ces mésaventures mettent en évidence l’immense dépendance du pays à l’égard du numérique pour lutter contre le Covid.

A la trace

Malgré quelques ratés, l’immense majorité des Chinois se prêtent toutefois volontiers au jeu du pass santé et des code-barres à scanner dans les lieux publics.

Ce geste permet de laisser une trace numérique d’un passage dans un lieu précis à un instant T. Si une personne est malade, les cas contact peuvent ainsi rapidement être identifiés. D’autant plus qu’en Chine les applis anti-Covid sont directement associées à un numéro d’identité et à une photo.

Certaines ont des critères si stricts qu’elles enregistrent le passage dans un simple quartier d’une ville à risque, grâce à la géolocalisation. Un traçage quasi chirurgical qui rend la vie impossible aux délinquants.

La presse chinoise a rapporté à plusieurs reprises des cas de personnes recherchées depuis des années par la police et s’étant rendues aux autorités. Sans smartphone ni appli de traçage, il leur était devenu tout simplement impossible de se déplacer, d’entrer dans un magasin ou d’être embauché par une entreprise.

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