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Elections britanniques : incertitude totale à trois jours du scrutin

Quelque 46 millions de Britanniques seront invités jeudi à élire les 650 députés qui siègeront, pour cinq ans maximum, au sein de la chambre de communes. Le duel s’annonce extrêmement serré entre les conservateurs du Premier ministre David Cameron et les travaillistes d’Ed Miliband.

Lors du précédent scrutin, en 2010, les Tories étaient arrivés en tête avec 306 députés. Le Labour du Premier ministre sortant Gordon Brown, qui dominait la chambre basse du parlement depuis la victoire de Tony Blair en 1997, ne décrocha de son côté que 258 circonscriptions.

Les sondeurs considèrent déjà comme acquis que les résultats du scrutin de jeudi ne devraient, une nouvelle fois, pas permettre à l’une des deux principales formations d’obtenir une majorité absolue.

Parmi les candidats au titre de « faiseur de roi », les libéraux-démocrates du vice-Premier ministre Nick Clegg, troisième parti avec 57 sièges en 2010, semblent en perte de vitesse. « Déçus par leur participation au gouvernement, ils pourraient tout à fait opter pour une alliance avec les travaillistes ou pour l’opposition », explique le producteur et journaliste politique belge de BBC News Bruno Boelpaep.

Malgré des intentions de vote à deux chiffres, l’Ukip de l’eurosceptique Nigel Farage ne peut espérer davantage qu’une poignée de sièges en raison du mode de scrutin. A contrario, le Scottish National Party (SNP) espère en récolter une quarantaine sur les 59 dévolus à l’Ecosse.

Les tractations pour parvenir à une majorité s’annoncent donc délicates, selon les analystes britanniques. Elles pourraient s’étaler sur plusieurs semaines, « mais sans aller jusqu’à des mois, comme en Belgique », selon Tony Travers de la London School of Economics.

David Cameron a régulièrement brandi la menace d’un « effondrement du pays » en cas de vote pour les travaillistes, qu’il n’a cessé de lier au SNP, témoigne Bruno Boelpaep, qui a suivi le chef du gouvernement sortant pendant plusieurs semaines à travers l’Angleterre. Ed Miliband, dont le père est né à Bruxelles et y a vécu jusqu’à l’âge de 16 ans, a répondu à l’argument en excluant publiquement de gouverner avec les nationalistes écossais.

Parmi les autres grandes thématiques mises en avant figuraient notamment la question des logements sociaux et celle du pouvoir d’achat des travailleurs.

Bien que David Cameron ait promis un référendum sur l’Union européenne d’ici à 2017 en cas de victoire, l’Europe n’a pas été très présente dans la campagne. Il s’agit vraisemblablement d’une conséquence du faible engouement suscité par les thèmes de l’Ukip, selon M. Boelpaep. « Cameron et la sphère économique britannique ne sont de toute façon pas favorables à un ‘Brexit' », souligne-t-il.

Après s’être montré plutôt confiant quant à l’issue du scrutin, l’actuel occupant du « 10 Downing Street » est devenu plus nerveux durant les dernières semaines de la campagne, souligne Bruno Boelpaep. « Les conservateurs avaient pour objectif de gouverner seuls, mais en privé, David Cameron est de plus en plus nerveux. En outre, il sait qu’il devra démissionner en cas de mauvais résultat. C’est également le cas de Nigel Farage et de Nick Clegg. Quant à Ed Miliband, il a déjà été largement remis en question. »

De manière générale, les débats n’ont pas suscité un grand intérêt parmi la population en raison de leur caractère très contrôlé et formaté. « Contrairement à la situation lors du référendum écossais en septembre, la politique ne figure pas en ce moment parmi les premières préoccupations des Britanniques, contrairement au bébé de William et Kate », témoigne M. Boelpaep. « Il reste beaucoup d’indécis. »

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