Scott Krakower. © AFP

Coronavirus: un New-Yorkais témoigne du calvaire de symptômes « longue durée »

Le Vif

Trois mois après avoir été testé positif au coronavirus, Scott Krakower continue de se sentir certains jours totalement exténué, le souffle court, dans l’incapacité de parler tant sa gorge est prise

Le New-Yorkais de 40 ans fait partie d’une vague émergente de malades « longue durée » du Covid-19, une affection dont, si on n’en meurt pas, on se remet normalement en deux ou trois semaines. Mais, pour M. Krakower, la guérison espérée s’est transformée en une litanie de rechutes.

« Juste quand je commence à me dire que les choses vont mieux, après trois ou quatre bonnes journées, je passe trois ou quatre jours durant lesquels je ne peux plus parler ou durant lesquels les ganglions enflent sur le côté droit de mon cou« , décrit-il lors d’une visioconférence avec un journaliste de l’AFP. Cette situation tenant du supplice le fait même parfois douter de la réalité de sa maladie… jusqu’à ce que ses parents ou sa femme la lui rappellent, en constatant qu’il se met à haleter sous l’effet d’une simple marche anodine.

« Cela existe vraiment », avertit le jeune quadragénaire, en référence aux groupes de parole sur internet rassemblant des patients au long cours du Covid-19, qui souffrent des mêmes symptômes. « Ce n’est pas le fruit de l’imagination des gens. C’est ce que les gens subissent jour après jour et qu’ils décrivent en ligne ».

Scott Krakower, pédopsychiatre, pense avoir été infecté au nouveau coronavirus sur son lieu de travail, le service de psychiatrie qu’il dirige à l’hôpital Zucker Hillside à Long Island, dans l’agglomération new-yorkaise qui était alors l’épicentre de l’épidémie américaine. Le premier signe a été pour lui la perte du goût et de l’odorat. « Tout avait un goût de caoutchouc », se souvient-il. Puis une toux préoccupante l’a empêché de travailler, même à distance, allant jusqu’à le rendre aphone. Trois semaines et demi après les premiers symptômes, en plus de la fièvre et des frissons, il s’est mis à tousser si violemment qu’il expectorait du sang.

Ne pouvant plus avaler, il a vu le timbre de sa voix s’envoler dans les aigus. La gravité de sa laryngite l’a conduit aux urgences, où un médecin lui prescrit le puissant stéroïde dexaméthasone, dont l’efficacité a récemment été démontrée dans un grand essai clinique britannique.

Coupé de sa famille

Par mesure de précaution, M. Krakower s’est placé à l’isolement à l’écart de son épouse et de leurs deux petits enfants pendant cinq semaines, une période qui s’est révélée particulièrement difficile pour la famille. FaceTime s’est imposé comme leur seul moyen de communication, à l’heure du dîner. C’est également avec FaceTime que le père s’est mis à lire des histoires pour s’endormir, ses deux enfants ayant 2 ans et 4 mois au début de cette séparation.

« Je voulais vraiment que personne ne subisse ce que je subissais », confie-t-il, ému à l’évocation de cette épreuve. Il a retrouvé sa famille après deux tests revenus négatifs. Il reste aujourd’hui une fatigue chronique, handicapante, et mystérieuse, qui entrave la reprise d’activités normales auxquelles il aspire.

A tel point que son médecin insiste sur l’importance d’un suivi psychologique pour les malades dans son cas, susceptibles de s’auto-convaincre qu’ils font des crises d’angoisse. « C’est réel. Ce n’est pas dans leur tête », insiste le docteur, Robert Glatter.

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