Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats de Paris © Belga

Comment Abaaoud a échappé aux services de renseignement

Dans Où sont passés nos espions ? , Christophe Dubois et Eric Pelletier mettent en exergue les failles des agences de renseignement, dépassées par le défi du djihadisme. Illustration avec l’évaporation en Grèce d’Abdelhamid Abaaoud, entre le coup de filet de Verviers et les attentats de Paris, le 13 novembre 2015.

On ne pourra pas dire que les responsables du renseignement français se sont cachés derrière leur petit doigt. Les failles révélées par les terribles attaques islamistes qui ont ensanglanté Paris, en janvier et en novembre 2015 ? Ils les ont assumées. Entendu en 2016 à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête parlementaire créée pour l’occasion, le chef de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Bernard Bajolet, n’a pas barguigné. « Des attentats comme ceux du 13 novembre marquent bien un échec du renseignement extérieur : ils ont été planifiés à l’extérieur de nos frontières et organisés en Belgique, c’est-à-dire dans l’aire de compétence de la DGSE, a-t-il déclaré aux députés français. Ils représentent aussi sans doute un échec pour le renseignement intérieur, dans la mesure où ils se sont produits sur notre sol. »

Ce vent d’autocritique a soufflé jusqu’au ministère français de la Défense, comme le racontent Christophe Dubois et Eric Pelletier dans Où sont passés nos espions ? (Albin Michel), dont Le Vif/L’Express publie des extraits. Les auteurs citent, sous couvert d’anonymat, un conseiller de Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense : « Nous n’avons rien compris à Daech (l’Etat islamique). Les services de renseignement, les diplomates, les universitaires ? On s’est tous plantés. »

Un constat glaçant face à une menace protéiforme capable de frapper à tout moment, comme le démontrent les récents attentats commis au nom de l’islamisme radical à Berlin, à Istanbul ou à Bagdad. La prochaine campagne présidentielle, suivie d’élections législatives, ravive les inquiétudes. Les milieux du renseignement savent combien la tentation doit être grande dans les rangs de Daech. Frapper une démocratie ennemie en plein processus électoral représente un défi formidable et l’assurance d’un écho exceptionnel.

Rivalités entre les différents services

La lutte antiterroriste est devenue une obsession gouvernementale. Et elle mobilise l’essentiel des activités des services spécialisés, dont les moyens ont été renforcés depuis deux ans. Le renseignement joue un rôle clé dans cette chasse aux agresseurs potentiels . Mais son efficacité, régulièrement mise en doute en dépit de 17 attentats déjoués en 2016, se heurte encore à bien des obstacles.

Ainsi, la bataille technologique fait rage, et les sevices de renseignement français ne sont pas toujours à la hauteur. L’Etat islamique s’est fortement investi sur ce terrain. Il l’utilise à la fois comme outil de propagande et rampe de lancement des attentats commis en dehors de son territoire, situé entre Irak et Syrie. Il a même développé des applications disponibles sur les smartphones : messageries, plates-formes  » éducatives », etc. Devant cet attirail inédit, les moyens français sont à la peine. Les écoutes téléphoniques ne permettent pas toujours de décrypter le contenu des conversations suspectes. « Aujourd’hui, ce n’est pas le repérage qui pose problème, c’est la traçabilité », a confié au Vif/L’Express un responsable français de la lutte antiterroriste. Cette faiblesse suscite une trop grande dépendance à l’égard des pays amis. Selon Où sont passés nos espions ?, citant un agent de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), près de la moitié des informations recueillies proviennent de sources étrangères… Et, surtout, des Américains.

Certains de leurs tuyaux ont permis de déjouer des actions imminentes ou d’effectuer d’importantes arrestations, comme celle, à l’été 2015, d’un membre dormant de la cellule d’Abdelhamid Abaaoud, l’organisateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Quelques jours avant les attaques, une note émanant de la CIA avait été adressée à la DGSE. Sans informations très précises. Mais alertant les Français sur le fait que Daech préparait « quelque chose » contre eux.

Aujourd’hui, la tension reste très forte. Les acteurs de la lutte antiterroriste ne sont pas dupes : l’éventuelle victoire militaire remportée contre Daech sur son territoire ne va pas faire disparaître les causes du mal. Ni effacer la menace d’une activation de personnes déjà installées en Europe.

EXTRAITS Abdelhamid Abaaoud « Allah a aveuglé leur vision »

Il est là. Quelque part, protégé par l’anonymat de cette métropole de trois millions d’habitants. L’homme vit incognito à Athènes, entre le port du Pirée, au sud, et le quartier septentrional de Maroussi. […] La capitale grecque, en ce début d’année 2015, est devenue un nid d’espions. Car les Français, tout comme la CIA et le Mossad, sont sur les traces d’Abdelhamid Abaaoud : la DGSE (NDLR : Direction générale de la sécurité extérieure française) suit à distance le djihadiste ; ou plutôt, « ses » djihadistes. Voilà des mois en effet que les agents ciblent un petit groupe de Français originaires de Trappes, cité de banlieue populaire des Yvelines, en région parisienne. Depuis une bonne année, « Moustache », « Obama », « Steve Austin » ou « Ouagadougou », comme ils se surnomment eux-mêmes, combattent dans les rangs de Daech en Syrie, au sein d’une katiba francophone : celle d’Abaaoud. Au moins deux d’entre eux se trouvent justement à Athènes, sans savoir que la DGSE est sur leurs talons.

Encore faut-il localiser précisément la planque d’Abaaoud. Au fil des mois, les services alliés ont collecté de précieuses informations sur lui. Ce qui leur permet de livrer à la police grecque pas moins d’une douzaine de numéros susceptibles d’être utilisés par le terroriste. […] Les Grecs pensent avoir un minimum de temps devant eux. Mais tout se précipite à cause d’un imprévu, à 2 000 kilomètres de l’Acropole. Les services antiterroristes belges suivent depuis quelques semaines deux djihadistes de retour de Syrie. Ils ont fini par localiser leur planque, un appartement situé à Verviers. Les enquêteurs se sont rendu compte que les deux suspects obéissaient aux ordres d’un mystérieux « Omar », dont le téléphone émet à Athènes. Omar, le pseudo d’Abaaoud. Le 15 janvier, alors que le soir tombe, les Belges comprennent qu’un attentat imminent se prépare sur leur sol. En cette fin d’après-midi, les deux hommes se félicitent des attentats de Paris contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, et s’extasient devant une kalachnikov qu’on vient de leur apporter de France. A 17 h 42, les policiers lancent l’assaut en urgence sur la maison de Verviers. Leurs collègues athéniens ne sont mis dans la confidence qu’un quart d’heure avant l’opération. Ils se retrouvent devant le fait accompli. Pris de court, ils doivent improviser : le pire des scénarios en matière de lutte antiterroriste.

Ce qui pourrait être le portable d’Abaaoud émet alors aux abords de la place Omonia, littéralement la place de la Concorde, dans le centre-ville. Autant chercher une aiguille dans une meule de foin. […] Les forces de l’ordre établissent une nasse et contrôlent les passants qui peuvent ressembler à leur cible. Mais, sans surprise, le terroriste passe entre les mailles du filet. Et, bien sûr, son portable cesse d’émettre. Les Grecs n’ont cependant pas abandonné l’idée de retrouver sa cachette. En resserrant le cercle, en remontant les appels passés sur le portable désormais muet du djihadiste, ils retrouvent les propriétaires de deux appartements, loués comme planques et occupés alternativement par Abaaoud dans deux quartiers du centre. […] Au 9, rue Asteropis, les policiers tombent sur deux hommes endormis à qui ils passent promptement les menottes. La DGSE – via des moyens technologiques – n’est pas très loin.

Le premier interpellé, un Algérien au visage d’aigle, se nomme Omar Damache. Pickpocket de métier, Damache, 32 ans, vit en Grèce depuis dix ans, en situation irrégulière, sa demande d’asile ayant été rejetée en 2011. L’homme, incarcéré pour une ribambelle de vols, est sorti de prison voilà sept mois. Pas franchement le profil d’un terroriste, imagine-t-on de prime abord. […] Mais, de recoupement en recoupement, les spécialistes comprennent que le pickpocket Damache n’est pas le personnage falot qu’il prétend être. Il sert en fait de relais aux commandos de Daech rentrant de Syrie pour regagner l’ouest de l’Europe ou partant combattre. Il est le pivot de l’organisation terroriste sur la route du djihad. […] Damache est expédié dans une cellule grecque en attendant que la justice belge le réclame. Mais sa fouille reste légère au regard de la gravité de l’affaire. La preuve : il réussit à cacher une puce de téléphone portable dans ses vêtements. Ce n’est qu’une dizaine de jours plus tard, au moment de son extradition vers la Belgique, que celle-ci est découverte. Trop tard : Damache parvient à la détruire in extremis, la rendant inexploitable. Personne ne pourra savoir quels secrets contenait ce petit condensé de technologie. Et si seulement il s’agissait de la seule bavure de l’histoire… Au moins Damache est-il sous les verrous. Ce n’est pas le cas de son colocataire. Une terrible et incroyable erreur d’appréciation a permis à ce dernier de filer. L’homme arrêté dans l’appartement en sa compagnie fait profil bas, se présentant comme réfugié syrien. Pour preuve, il tend aux policiers locaux des documents au nom de « Mahmoud Mohamed », ainsi que le récépissé lui permettant de séjourner six mois en Grèce.

Par acquit de conscience, les Grecs diffusent les empreintes digitales du réfugié à leurs partenaires européens pour savoir s’il a déjà été interpellé au sein de l’espace Schengen. Le fichier automatisé français, le Faed, fort de près de 5 millions de personnes enregistrées, mouline à plein régime. La réponse claque comme un coup de feu. Contrairement à ce qu’il prétend, « Mahmoud Mohamed » n’est pas un migrant fuyant la guerre ! Ses empreintes correspondent à un jeune Français de 30 ans originaire de… Trappes. Un homme répondant à l’identité de « Walid Hamam », recherché par la DGSI (NDLR : Direction générale de la sécurité intérieure française), soupçonné d’être un recruteur pour les filières djihadistes. Les autorités françaises envoient leur réponse aux Grecs deux jours après son interpellation, le 19 janvier. Les enquêteurs vont tomber de haut. Walid Hamam a été relâché la veille sans autre forme de procès ! Et cela d’autant plus facilement qu’il se trouvait dans une situation juridique atypique, n’étant officiellement retenu que le temps de vérifier sa demande d’asile.

Comme Abaaoud, son complice leur a filé entre les doigts alors qu’ils le tenaient presque. « Un énorme raté », résume un magistrat. L’assaut de Verviers du 15 janvier au soir, anticipé du fait du risque imminent d’attentat, a fait voler en éclats la surveillance internationale mise en place à Athènes. On a manqué de peu le commando de Daech. De très peu… Selon une source antiterroriste de haut niveau, Abaaoud aurait lui aussi été contrôlé par des policiers grecs, mais aurait été… remis en liberté. « Il a été retenu brièvement alors qu’il tentait de passer la frontière. Il voyageait avec de faux papiers néerlandais », assure cette même source, sous couvert d’anonymat.

Les échecs des polices européennes lui donnent une aura nouvelle au sein de Daech. Preuve de son importance, Dabiq, l’organe de propagande en anglais de l’organisation terroriste, publié en ligne le 12 février 2015, lui accorde une longue interview de quatre pages dans son septième numéro, consacré notamment au massacre de Paris à Charlie Hebdo et aux attaques sur l’Europe. Abaaoud, alias « Aîbu Umar al-Baljiki », confirme son implication. Et fanfaronne : « Allah a aveuglé leur vision et j’ai pu partir et rejoindre le Sham (la Syrie) alors que j’étais pourchassé par tant d’agences de renseignement. […] Mon nom et ma photo étaient partout et pourtant j’ai pu rester chez eux, planifier des opérations contre eux et partir sans dommages lorsque c’est devenu nécessaire. »

Fabien Clain Le fiché S fiche le camp

La traversée dure deux jours et deux nuits. La liaison en ferry entre Venise et Patras, une ville portuaire sans charme de la côte grecque, est habituellement un prélude aux vacances. Les cinq passagers qui embarquent ce 20 février 2015 ne rêvent pourtant ni de séjour bucolique dans les Cyclades ni de visite de l’Acropole à Athènes. A bord du bateau où ils ont embarqué avec leur voiture, Fabien Clain, son épouse, Mylène, leurs trois enfants, Maryam, 16 ans, Abdel, 14 ans, et Nacim, 10 ans, ont en tête une autre destination. Beaucoup moins glamour. Lorsqu’ils débarquent à Patras, les Clain ne prennent pas le temps de profiter des plages qui jalonnent la route en direction des îles grecques. Ils foncent sur l’autoroute qui traverse le pays d’est en ouest, passent par Alexandroupoli, ville située à une vingtaine de kilomètres de la Turquie.

C’est ici que survient pour eux le premier incident : Fabien Clain, Mylène et les trois enfants sont refoulés à la frontière. Ils doivent faire marche arrière. Le 26 février, lorsqu’ils sont contrôlés par les policiers locaux au nord de la Grèce – est-ce vraiment un hasard ? -, ils indiquent vouloir se rendre en Turquie pour faire du « tourisme islamique ». Les services français sont avisés de la présence des Clain. […] Fabien conseille à sa femme de passer la frontière sans lui, pour plus de discrétion.

L’homme fait l’objet d’une fiche S portant le numéro S1305455ST, émise par la DGSI et valable dans tout l’espace Schengen. Si la personne fait l’objet d’un contrôle, les agents locaux doivent « vérifier la situation de l’intéressé et des personnes l’accompagnant », « signaler le passage en douane », « inspecter bagages et véhicule ». Une fois tous les renseignements pris, les agents avisent le service demandeur, en l’occurrence la DGSI. La fiche S est donc un formidable outil de renseignement à l’échelle européenne. A condition que les informations collectées débouchent sur une décision opérationnelle. Or, ici, l’un des chantres français du djihad s’approche dangereusement d’une frontière permettant d’accéder à la Syrie. L’information remonte. Il est surveillé. Et que se passe-t-il ? Rien.

Les services français – informés de la tentative de passage de Fabien Clain – retrouvent sa trace dans un hôtel de la ville de Kavala, au nord de la Grèce, à une centaine de kilomètres de la frontière turque. Selon nos informations, l’homme est alors discrètement placé sous la surveillance des services grecs à la demande de la France. Son profil a de quoi susciter l’attention. Depuis les années 2000, son nom figure en bonne place dans la documentation spécialisée de la lutte antiterroriste. Ce Toulousain de 38 ans a été condamné à cinq ans de prison en juillet 2009 dans le cadre de la filière d’Artigat (Ariège), soupçonnée d’avoir acheminé des combattants en Irak. Lors de sa détention, il a été régulièrement signalé comme étant un prédicateur autoproclamé influent, qui convertit et radicalise de nombreux détenus.

(Depuis janvier 2014) les services de renseignement ont observé le départ par petits groupes de membres de la famille Clain : un an avant Fabien, son frère, Jean-Michel, a rejoint le « pays du Sham », tout comme la demi-soeur des frères, Amélie. Leur mère, elle, est partie au cours du printemps 2015. Dans leur sillage, les Clain ont entraîné quelques membres éminents de la mouvance islamiste radicale toulousaine. Souad Merah, soeur de Mohammed Merah, a effectué un séjour en Syrie, avec ses quatre enfants mineurs, en mai 2014, pour rejoindre son compagnon, qui combat aux côtés des djihadistes. Elle est l’une des amis de Mylène, l’épouse de Fabien Clain. […]

Lorsqu’il quitte la France en février 2015, un mois après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, aucun service ne semble s’apercevoir de son départ. C’est une de ses proches qui appelle début mars le numéro vert antiradicalisation mis en place par le ministère de l’Intérieur afin d’avertir les autorités de la disparition de la famille.

Il ne fait pas de doute que Fabien Clain, localisé et surveillé en Grèce, est lui aussi sur la route du djihad. Va-t-on l’en empêcher ? […] Pendant plusieurs jours, les policiers grecs observent ses allées et venues. Ses appels téléphoniques sont placés sous surveillance. Manifestement, les ordres de Paris tardent à venir. Et Fabien Clain finit par disparaître. Direction la Syrie.

Fabien Clain est, depuis, devenu un membre important de Daech, l’un des probables commanditaires des attentats du 13 novembre, incontestablement la « voix » qui a revendiqué ces attaques pour l’Etat islamique. Au sein de l’organisation, il serait chargé de la « communication ». Sa fiche S n’est plus qu’un papier inutile, qui a servi à le pister jusqu’aux portes de la Syrie, mais n’a pas permis de l’arrêter. […] Il aurait fallu immédiatement transmettre son cas à la justice et qu’un magistrat donne l’ordre de l’interpeller. Pourquoi ne l’a-t-on pas fait ? Voilà notre interrogation aujourd’hui. Le raté dont a bénéficié Fabien Clain met en lumière le chaînon manquant de la lutte antiterroriste : le délicat basculement d’une phase préalable de surveillance à l’arrestation.

Policiers radicalisés L’ennemi de l’Intérieur

Des flics radicalisés ? Le phénomène semblait impensable il y a encore dix ans. Aujourd’hui, c’est une réalité. Si les incidents restent extrêmement marginaux, ils commencent à préoccuper les services de renseignement, très attentifs aux attitudes et aux discours prosélytes, notamment sur les réseaux sociaux. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN), « la police des polices », est chargée des affaires les plus sensibles. A l’heure où les services diversifient leur recrutement (moins de policiers, plus de contractuels tels que des analystes, linguistes, informaticiens, chercheurs…), le risque d’infiltration est pris au sérieux.

Les incidents les plus aigus concernent deux jeunes femmes, N. et B., agents de surveillance. En septembre 2014, N., en fonction dans le XIIe arrondissement de Paris, se présente devant le médecin-chef en hijab, refusant la visite médicale.  » Il y a bien des fonctionnaires qui portent des croix ! » proteste- t-elle lorsqu’on lui fait remarquer que ses vêtements constituent une atteinte au principe de laïcité. […] En décembre, une nouvelle fois, elle se présente voilée devant le médecin. Et, sur Facebook, appelle à la revanche des musulmans avec ce message sans ambiguïté : « Il est temps ô musulmans de lutter. Il y en a marre de ces sionistes qui troublent nos vies. […] Il faut leur faire la peau. L’islam est la vérité. Lorsque Allah aura décrété la guerre, ils vont pas nous reconnaître ces lopettes de sionistes. Ce sont des rats. Les attentats des tours jumelles à New York et chez Charlie Hebdo à Paris, c’est comme dans les films américains et français : c’est une question de budget. » Depuis le mois de février 2015, elle est absente, en arrêt maladie prolongé.

Quant à son amie B., elle refuse de serrer la main à ses collègues masculins et fait un esclandre lorsque le médecin-chef exige le retrait de son voile. […] (Après l’attentat contre Charlie Hebdo), elle refuse de s’associer à la minute de silence en mémoire des journalistes assassinés et de ses deux collègues, Franck Brinsolaro et Ahmed Merabet, tués en tentant de s’interposer. Elle explique qu’elle ne peut pas « rendre cet hommage à des gens qui insultent [sa] religion ». La voilà sommée de s’expliquer. Ce qu’elle fait par courriel :  » Complotistes comploteurs !!!! […] Je ne suis pas Charlie ! » Elle met en garde contre les foudres divines : « C’est l’islam qui va dominer le monde. Ces harcèlements auront une fin pour nous, tous les musulmans. » Ses collègues finissent par prendre peur devant une telle violence verbale. Si bien que B. est finalement révoquée en juin 2015.

PAR PASCAL CEAUX

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