Décembre 2007, le président français Nicolas Sarkozy, élu en mai, reçoit sous les ors de la République française le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Ils assistent ici à une cérémonie de signature de 10 milliards d'euros de contrats commerciaux entre les deux pays à l'Elysée à Paris. © Reuters

Affaire Sarkozy: les principales déclarations libyennes

Plusieurs figures de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi ont fait des déclarations sur un financement présumé par la Libye de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007.

Les accusations ont commencé à fuser après la décision du président Sarkozy d’intervenir contre le régime Kadhafi, confronté à une révolte à partir de février 2011.

« Grave secret »

Juste après la reconnaissance par Paris du Conseil national de l’opposition (CNT) comme représentant du peuple libyen, l’agence officielle libyenne annonce le 10 mars 2011 avoir « appris qu’un grave secret va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale ».

« La justice (française) n’a qu’à ouvrir une enquête sur les sources de financement de la campagne électorale du président français », ajoute le même jour Khaled Kaaim, alors vice-ministre libyen des Affaires étrangères.

le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, en 2007
le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, en 2007© Reuters

Quelques jours plus tard, le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, se fait plus explicite: « C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révélé », dit-t-il dans une interview à Euronews. « Rendez-nous notre argent! Nous avons tous les détails, les comptes bancaires, les documents et les opérations de transfert. Nous révélerons tout prochainement », promet Seif al-Islam, sans jamais fournir de preuves.

« Grâce à moi »

En mars 2011, dans une interview au Figaro dont l’enregistrement audio a été publié en 2014, Mouammar Kadhafi évoque un financement politique occulte de Nicolas Sarkozy.

« C’est grâce à moi qu’il est arrivé à la présidence », affirme Kadhafi. « C’est nous qui lui avons fourni les fonds qui lui ont permis de gagner ». « Il est venu me voir alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Il m’a demandé un soutien financier », ajoute-t-il, sans donner de montant ni de détail sur les modalités de versement.

A la veille de la chute de Tripoli aux mains des rebelles en août 2011, Abdallah al-Senoussi, ex-chef des services de renseignement, fait irruption dans l’hôtel abritant les journalistes étrangers à Tripoli pour répéter les mêmes accusations.

Interrogé plus tard dans une prison libyenne, en septembre 2012, M. Senoussi affirme avoir « personnellement supervisé » le transfert de cinq millions d’euros à la campagne en « 2006-2007 ».

Les mêmes accusations sont répétées en mai 2012 par l’ex-Premier ministre Baghdadi al-Mahmoudi.

Alors qu’il est emprisonné à Tunis, ses avocats disent qu’il affirme que le régime de Kadhafi avait financé la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy, avançant un montant de quelque 50 millions d’euros.

Ces déclarations ont été démenties plus tard par l’avocat français Marcel Ceccaldi, qui dit défendre M. Mahmoudi, ainsi que par le gendre de ce dernier.

Faux

Le 3 juillet 2012, Baghdadi al-Mahmoudi affirme qu’il ne confirme ni ne dément le financement par le régime Kadhafi de la campagne de Sarkozy.

Plus tôt, le 28 avril 2012, Mediapart avait publié une note accusatrice, à quelques jours du second tour de la présidentielle en France, provoquant une tempête politique.

Dans cette note portant la date du 10 décembre 2006 et adressée au grand argentier du régime libyen, Bechir Saleh, Moussa Koussa, ex-chef des services de renseignement extérieur de la Libye, affirme que le régime déchu avait accepté de financer pour « 50 millions d’euros » la campagne victorieuse de 2007 de Nicolas Sarkozy.

Quelques jours plus tard, Moussa Koussa, qualifie de faux le document.

« Toutes ces histoires sont falsifiées », affirme à l’AFP M. Koussa, depuis son exil à Doha.

Carnets

En mai 2012, le chef du CNT Mustapha Abdeljalil, alors au pouvoir en Libye, estime que la lettre « semble fausse et fabriquée », ajoutant n’avoir « retrouvé aucune référence à cette lettre dans les archives libyennes ».

L’autre personnalité clé dans l’affaire, Bachir Saleh, ne s’est pas exprimé sur le sujet.

Après s’être réfugie en France après la chute du régime de Kadhafi, il fuit de nouveau après la publication par Mediapart de la note sur le financement et le lancement d’une notice rouge par Interpol.

Actuellement en exil, il a été blessé par balles en Afrique du Sud fin février. Quand les juges se sont déplacés en avril 2017 pour interroger ce personnage clé, il a exercé son droit au silence.

Choukri Ghanem
Choukri Ghanem© AFP

Choukri Ghanem, ex-ministre du Pétrole de la Libye, ne s’est pas exprimé sur le sujet non plus.

Il a été retrouvé noyé dans le Danube en 2012. Mais les juges ont toutefois obtenu des carnets dans lesquels il mentionne trois paiements en avril 2007 destinés à Nicolas Sarkozy, pour au moins 6,5 millions d’euros.

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