Des migrants à la frontière américaine © Reuters

750 millions de personnes rêvent de migrer

Muriel Lefevre

La Belgique n’est pas la terre d’asile la plus recherchée au monde. Moins d’1% des migrants issus de l’Afrique subsaharienne souhaite venir en Belgique.

Nul ne l’ignore, le flux de migrants ne va faire que croître. A des échantillons représentatifs de 152 pays (soit près de 453,122 personnes), le bureau d’étude Gallup a demandé s’ils souhaitaient migrer et, dans l’affirmative, vers quel pays ? L’étude a ainsi pu démontrer que plus de 750 millions de personnes émigreraient si elles en avaient la possibilité.

Un des constats de l’étude est que c’est surtout les populations du Moyen-Orient et d’Afrique, et en particulier des pays subsahariens, qui rêvent d’ailleurs. Cette région du monde, situé au sud du Sahara, perdrait 26% de sa population si celle-ci réalisait ses rêves de migration. Cela ne veut pas dire que tous ne pensent qu’à l’Europe ou aux États-Unis. Beaucoup d’entre eux aimeraient au contraire rester sur le continent africain.

Nouvelle-Zélande, la destination la plus prisée

Sur les 152 pays repris dans la liste, le pays qui séduit le plus comme patrie d’immigration est la Nouvelle-Zélande (qui verrait augmenter sa population de +231 % si tous ceux qui rêvent d’émigrer dans ces pays migraient vraiment), suivi de Singapour (+225 %) et l’Islande (+208 %).

750 millions de personnes rêvent de migrer
© Getty Images/iStockphoto

On notera tout de même que ces chiffres n’indiquent que l’attractivité d’un pays. Dix-huit pays regroupent à eux seuls les deux tiers des préférences. Ainsi un potentiel migrant sur cinq aimerait aller aux États-Unis. Mais dans le même temps, un Américain sur six aimerait quitter son pays. Un chiffre qui n’a jamais été aussi élevé, selon Gallup. Ce qui fait que malgré un afflux potentiel énorme, la croissance de la population ne serait que de 46 %.

La popularité d’un pays est aussi due à un phénomène typique des migrations qui veut que les populations se déplacent par groupement. Cela expliquerait pourquoi l’Autriche plutôt que la Belgique – alors que le pays dispose d’une sécurité sociale pourtant similaire à la Belgique – est particulièrement attrayante pour les résidents d’Europe orientale. Le Botswana, qui offre de belles perspectives économiques grâce à un tourisme florissant, et le Panama, qui a l’un des plus hauts niveaux de revenus du continent, attirent, eux, surtout parce qu’ils sont accessibles aux habitants de la région.

Une femme en Sierra Leone, image d'illustration
Une femme en Sierra Leone, image d’illustration © Reuters

L’Italie et la Grèce verraient elles par contre carrément fondre leur population. Suite aux graves crises économiques qui ont touché les deux pays, ils sont l’un des seuls pays de l’Union européenne à voir, dans cette enquête, baisser leur population. Soit -8% pour l’Italie et -7% pour la Grèce. D’autres pays de l’Europe de l’est font néanmoins encore moins bien avec – 23% pour la Lituanie, -22% pour la Roumanie et -16 % pour la Hongrie. On notera enfin que ce chiffre est de -20% pour toute l’Amérique Centrale et du Sud. Tout en bas du classement, on retrouve la Sierra Leone avec -70%.

La Belgique n’inspire pas grand monde

Que ceux qu’une vague de migrants dans notre plat pays inquiète se rassurent: la Belgique n’est pas le pays le plus en vogue en Europe, loin de là. Notre pays est même nettement moins attractif que nos voisins. Si on acceptait tous les migrants qui souhaitent s’installer en Belgique, notre population n’augmenterait que de 17%, soit sensiblement moins que les Pays- Bas (+29 %), l’Espagne (+36 %), la France (+44 %) ou encore l’Allemagne (+45 %). La Belgique est aussi particulièrement peu populaire auprès de la population subsaharienne puisque moins d’1 % souhaite s’y rendre, alors qu’un sur trois rêve des États-Unis, 7 % de la France et du Royaume-Uni, et 5 % du Canada. Une des explications pourrait être que les personnes interrogées par l’étude n’ont tout simplement jamais entendu parler la Belgique.

750 millions de personnes rêvent de migrer
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Plus inquiétant, par contre, est le taux peu glorieux du niveau d’instruction en cas de migration. Les experts supposent généralement que la migration a un impact positif, tant pour le pays d’origine du migrant que pour le nouveau pays. On a pu remarquer que, pour presque tous les pays européens, le niveau d’éducation global de la population augmenterait s’ils acceptaient tous les candidats migrants. Sauf en Belgique, où il diminuerait de 10%. Cela s’explique par le fait, qu’en Belgique, une personne instruite sur quatre indique qu’elle veut partir (un des taux les plus élevés d’Europe), alors que seulement 15 % des personnes instruites dans le monde souhaitent venir en Belgique. La Belgique aurait donc tendance à faire fuir ses « cerveaux » sans pour autant en attirer d’autres.

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