Ursula von der Leyen. © Belgaimage

Le message de von der Leyen aux Britanniques : « Nous ne serons jamais loin »

Le Vif

Le Parlement européen a fait des adieux émus mercredi aux députés britanniques, avant le vote pour ratifier le traité de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, deux jours avant le Brexit.

« Nous vous aimerons toujours et nous ne serons jamais loin », a promis la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen aux eurodéputés britanniques, lors d’un débat avant le scrutin. « Vous allez nous manquer », a-t-elle assuré.

Et de citer la romancière George Eliot: « C’est seulement dans l’agonie de la séparation que nous regardons dans les profondeurs de l’amour ».

Le vote, prévu vers 18H15 (17H15 GMT), devrait sans surprise se conclure par l’approbation du Parlement européen au traité négocié de longue haleine entre Londres et Bruxelles, trois ans et demi après le référendum de 2016.

« Pour être clair, le vote d’aujourd’hui n’est pas en faveur ou contre le Brexit, c’est un vote pour un Brexit ordonné, contre un Brexit sauvage », a souligné le Belge Guy Verhofstadt, rapporteur du dossier.

Le Brexit est « aussi un échec de l’Union », a-t-il concédé. Et d’appeler de ses voeux une Europe réformée, plus efficace, débarrassée des règles d’unanimité et des régimes d’exception.

« Si les gens se détournent du projet européen, c’est qu’ils ont le sentiment que les politiques de l’UE servent, avant tout, les intérêts d’une minorité au détriment de la majorité. Le Brexit est une leçon pour nous tous », a aussi mis en garde le député belge des Verts Philippe Lamberts.

Affluence des grands jours

Le débat a été l’occasion d’un dernier coup d’éclat pour le chef de file du Brexit Party Nigel Farage: une prise de parole virulente, qui s’est terminée par l’ensemble des membres du parti brandissant, debout, un petit Union Jack. Ce qui leur a valu un rappel à l’ordre de la vice-présidente du Parlement.

Plus tôt, M. Farage avait donné une conférence de presse aux accents triomphants où il avait comparé le Brexit à la rupture d’Henri VIII avec le pape de Rome en 1534.

La cheffe de file des sociaux-démocrates (S&D) dans l’hémicycle, l’Espagnole Iratxe Garcia, qui n’avait pu retenir ses larmes lors d’une cérémonie de départ pour les élus travaillistes, s’est dite « dévastée » par ce départ.

« C’est une journée triste pour notre parlement », a regretté David Sassoli, président (groupe Socialistes et démocrates) de l’institution. « Lors d’une journée comme celle-ci il faut rester encore plus unis », a-t-il souhaité.

Le Parlement a bruissé toute la journée de l’affluence des grands jours. De nombreux médias se sont installés pour raconter l’événement en direct tout au long de la journée.

Le représentant du Royaume-Uni auprès de l’UE, Tim Barrow, a déposé mercredi matin au Conseil européen le document officiel montrant que Londres a rempli toutes ses obligations légales pour sortir de l’UE.

La toute dernière étape sera l’adoption par procédure écrite jeudi du traité par le Conseil (les Etats membres). Après 47 ans d’une relation commune souvent difficile, le Brexit sera effectif vendredi à 23H00 GMT.

Comment se dire adieu

Le vote de mercredi scelle le départ des députés britanniques, sans que l’UE ne sache vraiment comment leur dire au revoir après presqu’un demi-siècle.

Les pro-Brexit ont prévu la plupart de leurs célébrations chez eux.

Le moment est peu glorieux pour le bloc européen: après des années d’élargissement, c’est la première fois qu’un membre s’en va.

Le traité de retrait a été signé au milieu de la nuit de jeudi à vendredi la semaine passée par les présidents des institutions Ursula von der Leyen et Charles Michel, sans présence des médias. Pas de cérémonie protocolaire non plus pour le retrait des drapeaux britanniques.

Une courte cérémonie est prévue à l’issue du vote.

Un chapitre se ferme, mais une nouvelle période de négociations tout aussi difficile s’ouvre: pendant la période de transition jusqu’à fin décembre, au cours de laquelle le Royaume-Uni continuera d’appliquer les règles communautaires, l’UE et Londres vont devoir s’entendre sur leur future relation, en particulier un accord commercial.

Le négociateur de l’UE Michel Barnier a présenté mercredi matin le projet de mandat de négociation à la Commission européenne, qui ne sera rendu public que lundi, une fois le Royaume-Uni devenu un pays tiers.

La marche jusqu’au traité de retrait n’était qu’une « première étape », a rappelé Ursula von der Leyen, qui a mercredi une nouvelle fois insisté sur l’importance du respect des normes européennes (« level playing field » en anglais) dans la négociation d’un futur accord de libre-échange.

Selon la Commission, les « rounds » de négociation pourraient se tenir toutes les trois semaines pour respecter l’échéance de la fin d’année.

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