© iStock

La face cachée des comptines de notre enfance

Stagiaire Le Vif

Les comptines font indéniablement partie de notre culture. Tout le monde se souvient en avoir chanté durant son enfance. Pourtant, bon nombre d’entre elles recèlent un sens caché.

Les comptines ont bercé notre enfance et pourtant, elles mettent souvent en scène des évènements plutôt sulfureux, voire glauques. On ne retient la plupart du temps que les premiers vers, mais c’est en connaissant la chanson dans son intégralité qu’on parvient à déchiffrer leur sens caché.

Au clair de la lune

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Cette comptine est un véritable tube pour nos enfants et fait l’objet de nombreuses interprétations. Elle trouverait ses origines au 16e siècle d’où la difficulté de découvrir la réelle signification des paroles. En effet, les expressions utilisées à cette époque sont devenues aujourd’hui beaucoup moins explicites. Pourtant, quand on s’y intéresse de près, la chanson se révèle avoir un caractère sexuel.

La chanson met en scène Arlequin, dit Lubin, et son ami Pierrot. Le premier dit au second : « Prête-moi ta plume / Pour écrire un mot / Ma chandelle est morte / Je n’ai plus de feu« . La demande de Lubin ne serait qu’une métaphore : il chercherait en réalité un moyen d’assouvir son désir sexuel, représenté par le feu.

Pierrot lui répond d’aller chez la voisine « Car dans sa cuisine on bat le briquet« . Au 18e siècle, « battre le briquet » est une expression qui désigne les rapports sexuels. Pour allumer un feu, on utilisait deux pierres que l’on frottait l’une contre l’autre pour former une étincelle. Pierrot explique donc à son ami qu’il peut voir ses désirs assouvis chez la voisine.

Dans le dernier couplet de la comptine, on peut entendre « Au clair de la lune / On n’y voit qu’un peu / On chercha la plume / On chercha le feu« . Lubin est entré chez la voisine et ils cherchent ensemble la lumière et le feu, sous-entendu l’excitation sexuelle. Le couplet continue ensuite : « En cherchant d’la sorte / Je n’sais c’qu’on trouva / Mais je sais qu’la porte / Sur eux se ferma… « . L’auteur termine sa chanson en laissant les deux amants entreprendre leur activité en toute intimité.

Nous n’irons plus au bois

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

«  Nous n’irons plus au bois / Les lauriers sont coupés / La belle que voilà / Ira les ramasser  » Qui ne connaît pas cette célèbre comptine ? Bien qu’elle paraisse innocente, cette chanson naît à la fin du 17e siècle en réaction à la décision de Louis XIV de fermer les maisons closes aux alentours du château de Versailles. Cet air joyeux est donc une protestation du peuple qui ne compte d’ailleurs pas s’arrêter à l’édit royal comme l’attestent les derniers vers : « Allons, il faut chanter / Car les lauriers du bois / Sont déjà repoussés« .

La prostitution est largement répandue au moment où le roi s’installe dans son château. Les professionnelles du sexe se promènent dans les auberges, les bains publics et même dans les bois à proximité du château.

Louis XIV n’est pas contre la prostitution, mais il ne la tolère que moyennement autour de sa résidence. Les jeunes filles provoquent du désordre et les soldats du roi attrapent toute sorte de maladies comme la syphilis. Il interdit donc aux prostituées d’entrer dans les bois.

Qu’à cela ne tienne ! Elles migrent en ville où les maisons closes se multiplient. Ces lieux sont repérables grâce à une couronne de lauriers gravée sur les frontons. Si les maisons se veulent plus ou moins discrètes, les rues dans lesquelles elles se situent portent des noms tout à fait explicites. En effet, les visiteurs ont tout le loisir de se promener dans la « rue Tire-Boudin », la « rue Brise-Miche » ou encore la « rue Trousse-Putain ».

Malgré ces mesures, Louis XIV ne parvient pas à empêcher les soldats de fréquenter les bordels. En 1687, il prend une mesure plus radicale : toutes les maisons closes sont interdites à Versailles. Les lauriers sont coupés !

Il court, il court le furet

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Cette comptine du début du 18e siècle utilise le principe de la contrepèterie, un jeu de mots où l’on permute des syllabes ou des lettres pour obtenir d’autres mots. « Il court, il court le furet » devient alors « il fourre, il fourre le curé« . En effet, cette chanson se moque de l’abbé Dubois, connu de tous pour ses moeurs légères. Mais pourquoi ?

Guillaume Dubois est un ecclésiastique né en 1656. Issu d’une famille modeste, il parvient à gravir les échelons de la société pour devenir le principal ministre du duc d’Orléans durant la Régence (1715-1723).

Bien qu’il ait de réelles qualités politiques et diplomatiques, sa réputation est entachée par son comportement immoral. Devenu très riche, il n’hésite pas à user de quelques pots-de-vin pour mettre sa famille à l’abri. Pire encore, l’abbé ne croit pas aux vertus de la chasteté. Il n’a aucune honte à s’afficher en compagnie de jeunes femmes et on lui connait même une maitresse officielle.

À l’époque, les membres de la haute société sont souvent les cibles faciles des quolibets de la population. En plus d’avoir une réputation sulfureuse, c’est un ecclésiastique, personnalité censée représenter l’ordre moral. L’abbé Dubois devient la proie idéale du peuple qui n’hésite pas à se moquer de lui.

Une souris verte

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Cette comptine est sans doute l’une des plus connues de la culture populaire. Elle renferme pourtant une histoire bien sordide. En effet, cette joyeuse chansonnette dépeint en réalité une séance de torture.

La chanson raconte l’histoire d’un soldat vendéen, qu’on appelle « les souris vertes », traqué par l’armée républicaine durant la Guerre de Vendée (1793-1795). Une fois attrapé, « ces messieurs  » les républicains torturent leur victime en la plongeant dans de l’huile et dans de l’eau en ébullition. C’est ainsi que cette pauvre souris verte est devenue « un escargot tout chaud« .

La Guerre de Vendée éclate en mars 1793 lorsque les autorités décident de lever en masse une armée de 300 000 hommes pour combattre les nations européennes qui se sont coalisées contre la France révolutionnaire. Tout de suite, les paysans de Vendée s’insurgent : ils ne veulent pas verser leur sang pour une cause qu’ils ne soutiennent pas. En effet, la Vendée reste fidèle à la monarchie. L’exécution de Louis XVI en janvier 1793 est d’ailleurs un véritable choc. De plus, ils ne tolèrent pas les mesures anticléricales prises par les autorités républicaines.

Des affrontements armés éclatent très vite entre l’armée républicaine et les paysans vendéens. Ces derniers n’ont aucune expérience militaire et réclament l’aide de la noblesse locale. D’abord réticents, ces aristocrates finissent par prendre la tête de la rébellion. C’est ainsi qu’ils forment une « armée catholique et royale » de 40 000 hommes.

Après plusieurs années de combat, les insurgés s’inclinent. La guerre cause la mort de milliers de personnes. Certains historiens parlent même de « génocide vendéen ».

À la pêche aux moules

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Cette comptine connait une grande popularité au 19e siècle. Comme toutes chansons pour enfant, elle paraît anodine au premier abord. Pourtant, elle dénoncerait le harcèlement et le viol.

Dans le refrain, la jeune fille explique à sa mère que les gens de la ville lui ont pris son panier. Ce dernier est en fait le symbole antique de la richesse. Il contient tout ce dont son propriétaire a de plus précieux. Quand on sait qu’à l’époque, la plus grande richesse que peut avoir une fille est sa virginité, on devine vite ce que les gens de la ville ont réellement pris à la jeune fille.

Elle explique ensuite à sa mère : « Quand un’fois ils vous tiennent / Sont-ils de bons enfants? / Ils vous font des caresses / De petits compliments« . Ces paroles montrent que la jeune fille est en réalité victime d’un viol. D’autant plus que dans le refrain, la jeune fille dit clairement qu’elle ne veut plus aller « à la pêche aux moules ». Elle n’a jamais voulu perdre sa virginité et redoute que l’histoire se répète.

Dans certaines versions, la jeune fille dit : « Tu y allais aussi maman / Malgré ceux des villes / Et je suis là maintenant« . La mère, elle-aussi, a été prise au piège par « les garçons de la ville » et c’est ainsi qu’elle est tombée enceinte.

La fin de la chanson se termine par cette morale : « A la pêche aux moules / N’envoyez pas vos enfants / Car les gars de la ville / Sont bien trop entreprenants« .

Loreline Dubuisson

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire