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Crise en Catalogne: la gauche indépendantiste ERC négociera avec la droite comme la gauche

La Gauche républicaine de Catalogne (ERC), qui a remporté dimanche – comme le Parti socialiste – 33 des 135 sièges au parlement lors des élections régionales, s’impose comme le meneur des prochaines négociations pour former un gouvernement.

Le parti indépendantiste négociera tant avec son acolyte sortant, le parti de droite de l’ex-président catalan Carles Puigdemont, que la gauche indépendantiste (CUP) et unioniste (Podemos), a indiqué lundi Meritxell Serret (ERC), la représentante du gouvernement catalan auprès de l’Union européenne, lors d’une conférence de presse en ligne.

Une alliance avec le parti socialiste, qui a enregistré la plus belle progression avec 16 sièges supplémentaires par rapport à 2017, reste exclue, a écarté Mme Serret, même si le PS de Pedro Sanchez « a montré sa volonté de résoudre la crise par la voie du dialogue ». Les partis séparatistes se sont en effet engagés par écrit à ne pas sceller d’accord avec le candidat du PS, Salvador Illa, arrivé en tête avec plus de 23% des voix. « ERC a rejeté cette option durant la campagne et Oriol Junqueras (figure de proue du parti, NDLR) l’a réaffirmé récemment », a souligné Mme Serret lundi.

La région est actuellement gouvernée par une coalition minoritaire entre Ensemble pour la Catalogne (JxC, 32 sièges à ces dernières élections), formation prônant la confrontation avec Madrid pour arracher l’indépendance de cette région de 7,8 millions d’habitants dans le nord-est de l’Espagne, et ERC, plus modérée. Cette dernière prend désormais la main, pour la première fois.

« Les approches sont différentes mais les électeurs ont donné un plus large soutien à la stratégie (du dialogue avec le pouvoir central, NDLR) défendue par ERC », a pointé Meritxell Serret lundi, ajoutant que les négociations à venir détermineraient le futur possible d’une nouvelle alliance entre les deux partis. Avec la CUP, les partis indépendantistes renforcent leur majorité avec 74 sièges au total, contre 70 en 2017.

Si on laisse toutefois de côté le prisme séparatiste, ces élections marquent surtout une victoire de la gauche. Outre la prévalence du PS et d’ERC, le parti radical CUP a en effet remporté 9 sièges (+5) et Podemos se maintient à 8 sièges. Sans le PS, ERC devra dès lors s’arroger un autre gros parti pour former une majorité. Plus proche du centre que CUP et Podemos, la gauche républicaine espère faire entrer JxC dans la danse. Podemos a cependant exclu de gouverner avec ce dernier. « On verra », a commenté Mme Serret, appelant à ne pas sous-estimer le pouvoir des négociations. « Le soutien peut venir de l’intérieur comme de l’extérieur du gouvernement. »

Autre élément non négligeable dans les négociations à venir: le taux d’abstention record lors de ce scrutin. À peine 53% des Catalans ont voté dimanche. Pour savoir qui de la gauche ou de la cause séparatiste a réellement gagné ces élections, « il faudrait faire un référendum sur l’indépendance », estime la représentante du gouvernement catalan sortant. Selon un sondage datant de janvier, 47,7% des habitants de la région restent néanmoins opposés à la sécession tandis que 44,5% y sont favorables.

Les partis disposent de 10 jours ouvrables après le scrutin pour désigner leur candidat à la présidence de la Catalogne.

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