© AFP

Coronavirus: faut-il éviter les voyages en Italie ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Deux morts et un nombre exponentiel de personnes contaminées, l’Italie est actuellement le pays européen le plus touché par le coronavirus avec des mesures de confinement drastiques et exceptionnelles d’une dizaine de villes au sud de Milan. Faut-il éviter de s’y rendre? Le point.

L’Italie est le premier pays européen à enregistrer des cas mortels de coronavirus parmi ses ressortissants. Ce samedi 22 février, un deuxième décès d’une septuagénaire qui avait contracté le coronavirus Covid-19 a eu lieu en Lombardie dans le nord du pays. Un premier décès, celui d’un maçon retraité de 78 ans de Vénétie, avait déjà été annoncé dans la nuit.

La psychose gagne l’Italie après la découverte d’un foyer autochtone, c’est-à-dire d’une contamination sans avoir voyagé en Chine ou avoir été en contact avec une personne malade (lire aussi l’encadré ci-dessous). Le bilan des personnes contaminées grimpe d’heure en heure. Pas moins de 80 cas d’infections ont été répertoriés pour le moment. Si les premiers cas avaient été signalés à Rome, le foyer le plus actif de l’épidémie se trouve actuellement dans le nord du pays. La Lombardie est la région la plus touchée avec au moins 54 cas officiels répertoriés autour de la ville de Codogno, à une soixantaine de kilomètres au sud de Milan. 17 cas sont répertoriés en Vénétie à l’heure de rédiger ces lignes. Le gouvernement italien évoque aussi deux personnes infectées en Emilie-Romagne, voisine de la Lombardie et un dans le Piémont, qui dériveraient du foyer de Codogno.

Lire aussi : Coronavirus: une évolution exponentielle est attendue, mais ce n’est pas un facteur inquiétant

Des mesures drastiques ont été prises pour lutter contre la propagation du virus. Une dizaine de villes ont été placées dans un premier temps en semi-confinement vendredi. Dans ces différentes villes situées à une soixantaine de kilomètres au sud de Milan, bars, écoles, églises ou encore stades : les lieux publics ont été fermés vendredi pour une semaine. La mesure touche aussi les bibliothèques, les mairies, les magasins, à l’exception des pharmacies. Au total, ce sont plus de 50.000 personnes qui sont priées de rester chez elles et d’éviter les lieux fermés. Du jamais vu dans le pays.

Le gouvernement italien a annoncé dans la foulée samedi soir l’adoption d’un décret qui isole de facto ces villes. « Dans les zones considérées comme des foyers, ni l’entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière« , a déclaré devant la presse le Premier ministre italien Giuseppe Conte. Le chef du gouvernement a aussi annoncé la fermeture des entreprises et des établissements scolaires de ces zones ainsi que l’annulation de tous les évènements publics (carnavals, compétitions sportives, sorties scolaires, etc.). M. Conte a indiqué que des points de contrôle allaient être mis en place et qu’au besoin, il enverrait l’armée et toutes les forces de l’ordre nécessaires.

 Dans une ville en confinement du Nord de l'Italie.
Dans une ville en confinement du Nord de l’Italie. © Reuters

L’autre foyer se trouve dans le village de Vo’ Euganeo, en Vénétie (nord-est). C’est de là qu’était originaire le premier ressortissant italien – et européen – à décéder alors que cet homme de 78 ans avait testé positivement au nouveau coronavirus.

Lire aussi :Coronavirus: villes confinées, mesures drastiques et inquiétude en Italie, après deux décès

Trois Belges dans le foyer de l’épidémie

Face à cette situation inédite, et alors que les vols entre l’Italie et la Chine sont suspendus depuis trois semaines, des questions se posent quant aux déplacements de personnes de et vers l’Italie, et notamment pour les voyageurs qui avaient prévu de se rendre en Italie pour les vacances de carnaval et dans un futur proche. Le nord de l’Italie est une région touristique avec des villes comme Milan, Bergame ou encore, Venise.

A cette question, le SPF Affaires Etrangères, contacté par nos soins, se veut prudent dans sa communication. « Nous ne déconseillons pas les déplacements en Italie pour le moment. Aucune mesure n’est prise actuellement concernant ce pays. Nous suivons bien évidemment l’évolution heure par heure« , nous explique son porte-parole, Karl Lagatie. « Nous avons localisé à ce stade trois ressortissants belges dans la région de confinement, nous prendrons contact avec eux en cas de besoin« , ajoute-t-il.

Le SPF Affaires Etrangères enjoint les personnes qui se rendent dans cette région d’Italie à suivre l’évolution de la situation au jour le jour et à consulter les informations diffusées sur la page dédiée des Affaires Etrangères. Une page du ministère italien de la santé recense également les dernières actualités au sujet de l’épidémie en cours. Il est aussi conseillé aux personnes qui envisagent de voyager prochainement en Italie de s’enregistrer sur le site TravellersOnline afin que le SPF puisse les localiser, les informer et leur apporter un soutien en cas d’urgence.

Lire aussi: La Fashion week de Milan garde son calme, malgré la proximité de cas de coronavirus

Un message à la population dans une des villes italiennes en confinement du Nord de l'Italie.
Un message à la population dans une des villes italiennes en confinement du Nord de l’Italie. © Reuters

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Italie est le pays européen qui compte le plus grand nombre d’infections. L’Organisation s’inquiète de la difficulté à enrayer la propagation du virus. Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a tiré la sonnette d’alarme vendredi à Genève. « Nous sommes encore dans une phase où il est possible de contenir l’épidémie », a-t-il estimé, mais la « fenêtre de tir se rétrécit ». Il a ainsi déploré le manque de soutien financier international.

Voir aussi la carte interactive de l’évolution du coronavirus à travers le monde

La pneumonie virale a déjà touché quelque 77.000 personnes dans le monde. Les foyers du nouveau coronavirus ont continué d’essaimer, avec samedi un mort supplémentaire recensé en Iran. Le bilan total y est désormais de cinq morts, le plus élevé hors Extrême-Orient. En Corée du Sud, un deuxième décès a été annoncé samedi et le nombre d’infections a fortement augmenté avec 229 nouveaux cas, sur un total de 433 cas rapportés, selon les autorités sanitaires sud-coréennes. Au Japon, une centaine de croisiéristes en contact étroit avec des personnes infectées présentes sur le Diamond Princess ont commencé samedi à débarquer du paquebot, placé en quarantaine dans le port japonais de Yokohama, ont indiqué des médias locaux.

D’où est partie l’épidémie?

La plupart des cas de Lombardie sont partis d’un cadre de 38 ans de la multinationale Unilever, hospitalisé depuis mercredi à Codogno, en soins intensifs, et qui a pu être transféré samedi à Pavie dans un établissement plus adapté. Sa femme enceinte de 8 mois est contaminée, ainsi qu’un ami, des habitués d’un bar et les médecins qui l’ont soigné au début.

Ce qui inquiètent les autorités sanitaires est le fait qu’elles n’ont pas réussi à ce stade à identifier avec certitude la personne à l’origine de la contagion. Ce pourrait être un Italien rentré de Chine en janvier qui aurait dîné à plusieurs reprises avec le chercheur d’Unilever. La septuagénaire morte dans la nuit de vendredi à samedi habitait à Casalpusterlengo, non loin de Codogno.

En Vénétie, Adriano Trevisan, mort vendredi alors qu’il était soigné à Padoue, n’a en revanche pas été en contact avec un malade connu. Ce maçon à la retraite n’avait jamais mis les pieds en Chine. Il avait été hospitalisé il y a une dizaine de jours pour d’autres affections, avant d’être testé positif au nouveau coronavirus. C’est le cas également de la femme décédée à Codogno, rapporte Franceinfo.fr.

(Avec Belga)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire