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Les animaux de grande taille, premières victimes de l’activité humaine

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La destruction de la faune provoquée par l’activité humaine va entrainer une diminution de la taille de la nature, notamment celle des animaux.

Une étude, relayée par The Guardian, estime que plus de 1.000 espèces de mammifères et d’oiseaux de grande taille disparaîtront au cours du siècle prochain. Cela pourrait entraîner l’effondrement des écosystèmes dont les humains dépendent pour se nourrir. Leur perte a des effets importants, car ils sont essentiels à la création d’écosystèmes stables et productifs et à la biodiversité.

Rongeurs vs. rhinocéros

La recherche, publiée dans la revue Nature Communications, a analysé 15.500 espèces de mammifères et d’oiseaux sur base de cinq critères, dont la masse corporelle, l’étendue de l’habitat et le régime alimentaire. Les résultats ont été combinés avec les données de la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui estime la probabilité d’extinction. Résultat : la survie était plus importante chez les animaux de petite taille, très fertiles et adaptables, comme les rongeurs. Les grandes espèces, comme les rhinocéros, les tigres et les aigles, n’avaient pas des résultats encourageants. « Si toutes ces extinctions[d’animaux plus gros] ont lieu, nous sommes en train de restructurer fondamentalement la vie sur cette planète », explique Robert Cooke (Université de Southampton), qui a dirigé ces recherches.

Les chercheurs craignent que cet anéantissement des espèces s’accélère rapidement dans les années à venir. Les extinctions futures peuvent être évitées si des mesures radicales sont prises pour protéger la faune et restaurer les habitats, notamment en concentrant les efforts sur les espèces clés. « Il est inquiétant que nous perdions ces espèces alors que nous ne connaissons pas leur rôle complet. Sans elles, les choses pourraient rapidement commencer à se dégrader. Les écosystèmes pourraient commencer à s’effondrer et ne pas devenir ce dont nous avons besoin pour survivre », poursuit Cooke.

25% en 100 ans

Des recherches menées en 2018 ont montré que la taille moyenne des animaux sauvages avait chuté de 14% au cours des 125.000 dernières années. La nouvelle étude prévoit une nouvelle diminution de même acabit de 25% en seulement 100 ans. Les grands animaux sont particulièrement vulnérables à l’être humain et son activité, car ils sont plus souvent ciblés et ont besoin de beaucoup plus d’espace sauvage pour survivre. « Tant qu’une espèce menacée d’extinction persistera, il y a du temps pour des mesures de conservation et nous espérons que des recherches comme la nôtre pourront nous aider à la guider », explique Amanda Bates (Université Memorial, Canada) qui a travaillé avec Cooke sur la recherche.

La recherche ne dit pas en revanche si les membres des espèces individuelles devenaient de plus en plus petits. Mais la pression provoquée par l’activité humaine a des conséquences déjà observables. Par exemple, les ailes de certains oiseaux sont de plus en plus courtes, ce qui leur permet d’éviter d’être tuées par les voitures. D’autres animaux deviennent par ailleurs plus nocturnes pour éviter l’Homme.

Les populations animales ont chuté de 60% depuis 1970, ce qui suggère une sixième extinction de masse, causée notamment par la disparition progressive des zones sauvages, la chasse et l’agriculture intensives. Un déclin des espèces qui met également la race humaine en péril, la moitié des écosystèmes naturels étant désormais détruits et un million d’espèces menacées d’extinction.

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