Sécheresse en Allemagne durant l'été 2018. © Reuters

L’Allemagne, troisième pays le plus touché par les phénomènes climatiques extrêmes

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Près de 500 000 personnes ont été tuées dans le monde suite à plus de 12 000 événements climatiques extrêmes au cours des vingt dernières années. Des épisodes extrêmes qui vont devenir plus nombreux avec le réchauffement climatique et pas uniquement dans les pays en voie de développement, alertent les chercheurs de l’association Germanwatch qui publie un nouveau rapport à l’occasion de la COP25 à Madrid.

Vagues de chaleur, sécheresse et inondations : ces phénomènes météorologiques extrêmes constituent des défis considérables, en particulier pour les pays pauvres et vulnérables, mais aussi pour les pays à revenu élevé qui sont de plus en plus menacés par les risques climatiques, avertissent les chercheurs de Germanwatch.

Le Global Climate Risk Index (IRC) montre qu’en 2018, les pays industrialisés comme le Japon et l’Allemagne ont été les plus durement touchés par des vagues de chaleur et de graves sécheresses. Les Philippines ont été frappées par le typhon le plus puissant jamais enregistré dans le monde en 2018.

L’IRC indique le niveau d’exposition et de vulnérabilité aux phénomènes extrêmes. Il est conçu pour être compris par les États comme un avertissement, dans le but de se préparer à des évènements plus fréquents et/ou plus sévères dans le futur.

Si l’on examine les années 1999 à 2018, les pays pauvres ont dû faire face à des impacts beaucoup plus importants. Sept des dix pays les plus touchés au cours de cette période sont des pays en développement. Porto Rico, la Birmanie et Haïti ont été les plus touchés, selon cet indice à long terme.

« L’indice de risque climatique montre que le changement climatique a des conséquences désastreuses, en particulier pour les pays pauvres, mais qu’il cause aussi des dommages de plus en plus graves dans les pays industrialisés comme le Japon ou l’Allemagne », déclare David Eckstein de Germanwatch.

Les phénomènes climatiques extrêmes en 2018.
Les phénomènes climatiques extrêmes en 2018.© Germanwatch

Le Japon a été frappé par trois événements climatiques extrêmes exceptionnellement forts en 2018. Du 6 au 8 juillet, de fortes précipitations de plus de 200 mm par jour ont été enregistrées, soit deux fois plus que le jour pluvieux le plus humide de l’année au Japon. De fortes pluies ont provoqué des crues soudaines et des coulées de boue, tuant plus de 200 personnes, endommageant plus de 5 000 habitations et évacuant 2,3 millions de personnes. Au total, les pluies ont causé plus de 7 milliards de dollars de dommages.

De la mi-juillet à la fin août 2018, les systèmes haute pression à deux étages ont causé une grave vague de chaleur, tuant 138 personnes et hospitalisant plus de 70 000 autres en raison d’un coup de chaleur et de l’épuisement qui en découle. Dans la ville de Kumagaya, des températures atteignant 41,1° Celsius ont été signalées – un record national de chaleur au Japon.

En septembre, le Japon a également été frappé par le typhon Jebi, le typhon le plus puissant du Japon depuis 25 ans. Jebi a battu plusieurs records de vents soutenus au Japon et a causé des dommages de 12 milliards de dollars.

Aux Philippines, le typhon de catégorie 5 Mangkhut qui a frappé en septembre 2018, est le plus violent mesuré dans le monde en 2018. En atteignant le continent, il a atteint des vitesses de 270 kilomètres à l’heure, touchant plus de 250 000 personnes à travers le pays. Au moins 59 personnes ont été tuées, la plupart par des glissements de terrain causés par de fortes pluies.

Au Japon.
Au Japon.© Reuters

En raison d’une forte canicule, l’Allemagne a connu l’année la plus chaude depuis le début du relevé météorologique. La période d’avril à juillet 2018 a été la plus chaude jamais enregistrée en Allemagne, avec des températures de 2,9° Celsius au-dessus de la moyenne. Au total, la canicule a causé la mort de plus de 1 234 personnes.

Après de fortes pluies en janvier 2018, seulement 61% des précipitations habituelles sont tombées en été, de sorte qu’en octobre 2018, 70% du sol a été touché par la sécheresse. Quelque 8 000 agriculteurs ont demandé une aide d’État d’urgence d’environ 1 milliard d’euros (1,18 milliard d’USD) pour compenser leurs pertes après qu’une baisse massive de la récolte ait causé des dégâts totaux de 3 milliards d’euros.

Besoin d’aide financière

« Des pays comme Haïti, les Philippines et le Pakistan ont été frappés à plusieurs reprises par des phénomènes météorologiques extrêmes et n’ont pas le temps de se rétablir complètement. Cela souligne l’importance de mécanismes d’appui financier fiables pour les pays pauvres, non seulement pour l’adaptation au changement climatique, mais aussi pour faire face aux pertes et aux dommages causés par le climat », affirment les chercheurs de Germanwatch.

« Ceux qui sont le moins responsables du problème sont ceux qui souffrent le plus. C’est inacceptable », affirme Renato Redentor Constantino, directeur exécutif de l’Institute for Climate and Sustainable Cities (Philippines).

100 fois plus de vagues de chaleur en Europe

Les vagues de chaleur ont été l’une des principales causes de dommages en 2018. Sur les dix pays les plus touchés l’année dernière, l’Allemagne, le Japon et l’Inde ont souffert de longues périodes de chaleur. Les études scientifiques ont confirmé le lien entre les changements climatiques et la fréquence et la gravité des périodes chaleurs extrêmes.

En Europe, par exemple, les vagues de chaleur extrême sont maintenant jusqu’à 100 fois plus probables qu’il y a un siècle. De plus, en raison du manque de données, les impacts des vagues de chaleur sur le continent africain peuvent être sous-représentés.

En Inde.
En Inde.© Reuters

« Le sommet sur le climat doit s’attaquer à l’absence de financement supplémentaire pour aider les populations et les pays les plus pauvres à faire face aux pertes et aux dommages. Ils sont le plus durement touchés par les impacts du changement climatique parce qu’ils n’ont pas les capacités financières et techniques nécessaires pour faire face aux pertes et aux dommages », souligne Laura Schaefer de Germanwatch.

« La conférence sur le climat doit donc déboucher sur une décision de déterminer régulièrement les besoins d’aide des pays vulnérables pour les dommages futurs. En outre, la COP25 doit décider des mesures nécessaires pour générer des ressources financières fiables afin de répondre à ces besoins. Néanmoins, la mise en oeuvre de l’adaptation au changement climatique doit également être renforcée. »

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