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Berlin, un paradis pour les abeilles, vraiment ?

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Alors que les populations d’abeilles déclinent dangereusement dans le monde, la capitale allemande est, quant à elle, envahie par ces butineuses. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?

Sur un balcon, dans le creux d’un feu rouge ou sur le guidon d’une moto… impossible de faire un pas à Berlin sans apercevoir un essaim d’abeilles. Elles se nichent absolument partout. Cette présence toujours plus accrue de l’insecte dans la capitale allemande est sans aucun doute la conséquence d’une tendance écolo à la base altruiste, qui est aujourd’hui devenue incontrôlable.

Dans l’espoir de contribuer à la protection de l’espèce, menacée par le réchauffement climatique, de nombreux citoyens se sont improvisés apiculteurs. Une fausse bonne idée lorsqu’on n’a pas les connaissances techniques suffisantes pour garder le contrôle sur l’essaim. Le nombre d’adeptes apicoles berlinois a en effet augmenté, tandis que les bureaux, les hôtels et parfois les cafés installent aussi des ruches sur leurs toits.

Par conséquent, il y a désormais beaucoup trop de ruches. Benedikt Polaczek, président de l’Association des apiculteurs de Berlin, tire la sonnette d’alarme : « Nous avons maintenant environ 10.000 colonies d’abeilles à Berlin seulement« . La ville compte plus de 20 ruches au kilomètre carré quand le reste de l’Allemagne compte moins de six ruches enregistrées au kilomètre. Or, cette population croissante d’abeilles dans la capitale entraîne un manque de nourriture et d’habitats adéquats pour l’insecte.

Et comme toute personne qui en a marre d’un mauvais locateur, les abeilles préfèrent changer d’air et former leur propre ruche – sous une gouttière, sur la chaise d’une terrasse, ou même ailleurs – loin de ces apiculteurs amateurs inexpérimentés.

Des cueilleurs d’essaims à la rescousse

Afin de pallierleproblème d’abeilles « sauvages » dans la ville, l’Association allemande des apiculteurs a été obligée d’envoyer des cueilleurs d’essaims – ouschwarmfänger – pour les collecter et ainsi les sauver. L’Association compteà présent plus de 50 volontaires à Berlin, joignables 24h/24 par téléphone, pour capturer les milliers d’abeilles qui envahissent les terrasses.

« Les abeilles aiment se rassembler dans les couloirs d’entrée des maisons ou dans d’autres cavités. Les balcons et les appuis de fenêtre sont également un lieu de prédilection », explique Jonas Hörning, un volontaire qui a déjà sauvé 100 essaims. Les cueilleurs d’essaims sont équipés de boîtes trouées, de bâches, de brosses à abeilles et de citronnelle pour tromper les insectes et les capturer. « Le truc, c’est d’attraper la majorité de l’essaim avec la reine, et le reste suit », précise-t-il.

Pour les attraper facilement, lorsqu’elles sont sur un objet, les schwarmfänger vaporisent de l’eau sucrée sur un essaim pour rendre les abeilles lourdes et paresseuses et placent un piège à abeilles en dessous d’elles. Les abeilles sont alors isolées dans la boîte pendant plusieurs jours pour s’assurer qu’elles ne sont pas malades, puis confiées à un apiculteur pour une réinstallation permanente. Les colonies non capturées meurent généralement, d’où l’importance de déployer ces volontaires.

Si la saison d’essaimage – généralement de la fin du printemps au début de l’été – est maintenant terminée pour cette année, les préoccupations en matière de bien-être de l’abeille sont bien d’actualité. D’autant qu’à cause du manque de nourriture, certains apiculteurs professionnels sont obligés de nourrir leurs abeilles avec du sirop de sucre pour leur permettre de traverser l’hiver.

L’Association conseille aux amateurs de suivre une formation d’au moins cinq ans, ce que très peu font à l’heure actuelle. L’idéal serait de se débarrasser des kits de démarrage, trop facilement disponibles, qui encouragent l’apiculture à outrance.

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