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Après la France, la Belgique envisage aussi d’interdire le plastique autour des fruits et légumes

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Dès le 1er janvier 2022, la France interdira la vente d’une trentaine de fruits et légumes sous emballage plastique. L’objectif est de réduire la quantité de déchets plastique. En Belgique, l’interdiction est également sur la table.

Le gouvernement français espère économiser plus d’un milliard d’emballages en plastique. Aujourd’hui, en France, 37% des fruits et légumes frais sont en effet vendus sous emballage plastique.

Au niveau des légumes, l’interdiction concerne les poireaux, les courgettes, les aubergines, les poivrons, les concombres, les pommes de terre, les carottes, les oignons, les navets, les choux, les choux-fleurs, les courges, les panais, les radis, les légumes racines, et les topinambours. Pour les fruits, les emballages en plastique seront interdits pour les pommes, les poires, les tomates rondes, les bananes, les oranges, les clémentines, les kiwis, les mandarines, les citrons, les pamplemousses, les prunes, les melons, les ananas, les mangues, les fruits de la passion et les kakis.

L’interdiction sera progressivement étendue. Dès le 1er janvier 2024, les salades, les épinards, les endives, les asperges et les champignons ne pourront plus être emballés sous plastique. Dès le 30 juin 2023 les tomates côtelées, les pêches, et les nectarines seront également concernées.

L’objectif est que plus aucun fruit ou légume ne soit vendu sous plastique à partir de 2026. Le décret prévoit toutefois deux catégories d’exceptions pour les fruits et légumes vendus par lot de 1,5 kilogramme ou plus et ceux qui présentent un risque de détérioration par leur vente en vrac tels que les fruits rouges ou les fruits mûrs à point et les graines germées.

Et en Belgique ?

La Belgique envisage également d’interdire les emballages en plastique pour les fruits et légumes, mais comme le rappelle Bruno Kestemont, chef environnement au cabinet de la ministre de l’Environnement Zakia Khattabi (Ecolo), « nous ne sommes pas en France, ici il faut trouver un accord avec tous les autres partenaires ». Il précise qu’un Arrêté royal a déjà été déposé pour avis au Conseil d’état pour la transcription de la directive européenne sur les plastiques à usage unique.

Il salue la décision de la France, qui pourra aider la Belgique à décréter une telle interdiction. « La plus grande difficulté, c’est d’arriver à une formulation légale qui soit très claire, et sans ambiguïté ». Le but est d’attendre ce qui se passe en France et de voir aussi si d’autres pays européens suivent. « Il y a un moment où il n’y a plus aucun argument pour freiner, si l’interdiction fonctionne dans d’autres pays », estime Bruno Kestemont. « A partir du moment où les consommateurs voient que ça fonctionne ailleurs, même les industries ne pourront plus freiner ».

L’idée ne suscite pas que de l’enthousiasme. Ainsi, la fédération du commerce et des services Comeos souligne que les commerçants fournissent déjà beaucoup d’efforts pour réduire les emballages en plastique. Elle rappelle ainsi que les sacs en plastique à usage unique ont déjà été supprimés en Belgique, tout comme les sachets en plastique destinés à emporter ses fruits et légumes. « À l’époque, les barquettes de six pommes étaient recouvertes d’un film plastique. À présent, elles sont remplacées par un carton. Et les tomates-cerises sont désormais vendues dans un gobelet en carton », explique Hans Cardyn, porte-parole de Comeos, au Vif.

Le poids de l’Atomium

« Ces mesures permettent d’économiser 600 millions de sachets par an, soit 2500 tonnes de plastique, soit le poids de l’Atomium », souligne Hans Cardyn. Il ajoute que les autocollants sur les fruits sont remplacés par des autocollants compostables, ce qui permet également d’économiser 120 tonnes de plastique par an.

Pour Comeos, le plastique, « léger et très solide », demeure tout de même indispensable pour emballer une série d’aliments. « Selon une étude de l’Université de Gand, l’empreinte écologique d’un sac en plastique est si faible qu’il faut réutiliser le sachet en papier au moins quatre fois pour obtenir la même empreinte écologique que celle d’un sac en plastique à usage unique », déclare Hans Cardyn.

À cela s’ajoute que le plastique évite le gaspillage en prolongeant la fraicheur de certains aliments. Cardyn cite l’exemple du concombre emballé sous plastique : « cet emballage prolonge sa fraîcheur de 11 jours ». D’après Comeos, le plastique incite également les consommateurs à manger plus sainement. Ils opteront plus facilement pour une salade de fruits emballée dans une barquette en plastique, par exemple.

Un surplus de gaspillage ?

Interrogée par le quotidien De Morgen, An Vermeulen, docteur à l’Université de Gand et directeur de l’asbl Pack4Food, partage l’avis de Comeos. Elle estime que c’est une mauvaise idée de décréter une telle interdiction en Belgique. Si elle reconnaît la nécessité de supprimer un maximum d’emballages en plastique, elle craint qu’une interdiction totale ne mène à un gaspillage excessif de nourriture.

Dans certain cas, un film plastique permet de prolonger la fraîcheur du fruit ou du légume. « L’emballage empêche également les fruits et légumes d’être cabossés pendant le transport ou de subir une détérioration microbienne », explique-t-elle au Morgen. « Si l’une des oranges proposées en vrac moisit, il faut jeter tout le stock. Si cette orange est dans un paquet de six avec du plastique autour, vous ne perdrez que cinq oranges supplémentaires. »

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