Une mission pour Bart De Wever ou une « kamikaze » sans la N-VA

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le PS dit fermement  » neen  » à la N-VA. Place quand même à une mission pour le président de la N-VA ? Ou en route vers une préformation de coalition sans les nationalistes ?

Pour ceux qui en doutaient encore, tout rapprochement entre le PS et la N-VA semble irrémédiablement compromis alors que le duo d’informateurs royaux, Georges-Louis Bouchez (MR) et Joachim Coens (PS), est attendu demain pour son rapport final au palais. Ce lundi, à l’issue du bureau du PS, Paul Magnette a répété une nouvelle fois que la trentaine de réunions entre des émissaires du PS et de la N-VA n’avait servi à rien. Comme pour prouver l’unité du parti sur le sujet, le ministre-président wallon Elio Di Rupo avait exprimé la même opinion le matin même sur la chaîne de télévision continue LN24.

Paul Magnette appuie : « Si on veut faire un gouvernement sans le PS, qu’on le fasse mais que l’on ne demande pas au PS de mener une politique de droite. Nous voulons donner une réponse sociale aux défis qui se posent et non poursuivre la politique du gouvernement précédent qui a été largement sanctionnée par les électeurs. » Comme pour témoigner de la pertinence de son propos, le président du PS a présenté au bureau de parti une note reprenant le caractère « imbuvable » des propositions faites par la N-VA. On y retrouve évidemment un catalogue d’horreurs nationalistes pour les militants socialistes, de régionalisations (justice, police, soins de santé) à la limitation des allocations de chômage dans le temps en passant par la remise en cause de la sortie du nucléaire en 2025 ou le durcissement de la politique migratoire.

https://twitter.com/jeremietoj/status/1221777761561387009Jérémie Tojerowhttps://twitter.com/jeremietoj

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Depuis plusieurs jours, le PS n’exclut pas une mission d’information royale confiée à Bart De Wever, mais considère que ce serait une « perte de temps ». Paul Magnette a quant à lui tout à fait écarté l’idée d’une mission commune avec le président de la N-VA. Bart De Wever rétorque, en substance : « Ce ne sont pas des propos gentils. On a l’impression que le PS veut gouverneur seul. »

https://twitter.com/de_NVA/status/1221776549856366592N-VAhttps://twitter.com/de_NVA

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Le problème – et la clé, c’est que le CD&V estime toujours que le gouvernement fédéral doit disposer d’une majorité dans le groupe linguistique néerlandophone, c’est-à-dire que la N-VA est indispensable.

Alors?

Le palais royal sera confronté ce mardi 28 janvier à un dilemme.

De deux choses l’une :

Soit il décide quand même de confier une mission à Bart De Wever. Cela aurait du sens pour convaincre définitivement le CD&V que l’on a tout fait pour donner une chance au parti nationaliste. Cela donnerait la possibilité au premier parti de Flandre de jouer carte sur table en faisant des concessions aux socialistes pour les contraindre à se positionner. Voire : cela permettrait à la N-VA de tester tous les scénarios imaginables pour constater le blocage en passant par une réforme de l’Etat ou une improbable majorité sans le PS (extrêmement étriquée et nécessitant l’appui du CDH)…

Plusieurs sources, en Flandre et au MR, évoquent d’ailleurs le fait que le PS n’a lui-même jamais fait la moindre ouverture à la N-VA.

https://twitter.com/epironet/status/1221780994551963648Ewald Pironethttps://twitter.com/epironet

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Soit, comme le répètent plusieurs sources libérales (dont le ministre MR régional Jean-Luc Crucke, ce week-end encore), le Palais décide de passer une étape en confiant une mission de préformation à une personnalité, vraisemblablement libérale flamande, pour avancer vers une majorité sans la N-VA. On cite ces derniers jours le nom de Patrick Dewael (Open VLD), sage du parti, combattant anti-extrémismes apprécié dans les rangs francophones. Ce serait une coalition extrêmement minoritaire dans le groupe néerlandophone (Open VLD, SP.A et Groen disposent de 29 sièges sur les 84 du groupe). Ces partis prendraient un fameux risque en lançant une « kamikaze » à l’envers, après la suédoise avec le seul MR de 2014. François De Smet, président de DéFi, s’est déclaré disponible ce week-end pour une coalition qu’il a baptisée « 77 » avec son parti en appui de l’arc-en-ciel alliant socialistes, libéraux et écologistes. Le CDH pourrait lui aussi renforcer la majorité francophone et servir à terme de levier pour convaincre le CD&V.

Le palais pourrait aussi prendre acte du blocage et relancer une consultation des présidents de parti. Il pourrait enfin – mais on ne voit pas vraiment à quelle fin… – prolonger encore la mission du duo Bouchez-Coens.

La Belgique est sans gouvernement depuis les élections, il y a huit mois, et sans gouvernement fédéral de plein exercice depuis plus de 400 jours. Il est temps que quelque chose se passe.

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