Philippe De Backer © BELGAIMAGE/BENOIT DOPPAGNE

Tests coronavirus : pourquoi Sciensano et Philippe De Backer ne communiquent pas les mêmes chiffres

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Depuis plusieurs semaines, Sciensano et le ministre Philippe De Backer n’annoncent pas le même nombre de tests… parce qu’ils ne comptent pas les mêmes données. Encore un couac de communication autour de la crise du coronavirus en Belgique.

Combien de tests PCR Covid-19 sont réalisés chaque jour en Belgique ? Il y a environ trois semaines, le ministre en charge du matériel médical dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, Philippe De Backer (Open Vld), en promettait 10.000 quotidiennement. Avec succès, se réjouit-il : 13.275 tests PCR de dépistage du covid-19 ont été réalisés le 23 avril en Belgique. Aujourd’hui, le nombre tourne autour des 15.000, a-t-il indiqué devant la commission de la Santé de la Chambre. Selon le ministre, au vu des résultats actuels, la Belgique pratique même comparativement plus de tests que les pays voisins.

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Compter les tests, ou les patients ?

Pourtant, chaque jour lors de la conférence de presse de 11h, les porte-paroles interfédéraux, sur base des chiffres de Sciensano, communiquent des données différentes, qui n’excèdent pas 10.000. Hier encore, on annonçait 6.162 tests réalisés dans les dernières 24h. Qui ment ? Personne. Les chiffres annoncés par l’un et par l’autre ne comptent pas la même chose : Sciensano compte le nombre de patients testés, Philippe De Backer compte les tests réalisés. Il faut ainsi comprendre que pour un seul patient, plusieurs tests peuvent être réalisés, puisqu’environ 30% des tests sont des « faux négatifs ».

Si tous les deux ont raison, on peut déplorer, une fois encore, un couac de communication dans la crise du coronavirus en Belgique. Là où le ministre dévoile ses chiffres devant les députés, c’est bien à la presse, mais surtout au citoyen, que s’adressent chaque jour le Centre de crise et les porte-paroles interfédéraux. Cela pointe, une fois encore, une différence de stratégie et de communication entre les experts (ici Sciensano) et le politique (ici, De Backer).

Aujourd’hui, le porte-parole interfédéral Covid-19 Yves Van Laethem annonce que 6520 tests ont été réalisés dans les dernières 24h, mais ce chiffre va bientôt augmenter. « Nous allons intégrer, dans un futur proche, les chiffres des tests réalisés dans d’autres structures de laboratoire. Cela montrera que le total de test est significativement plus important », indique Mr Van Laethem.

Capacité vs. Critères de testing

Pourquoi y a-t-il eu un délai entre l’annonce des 10.000 tests quotidiens et leur réalisation effective ? Ce n’est pas un manque de capacité, mais une sous-utilisation de cette capacité. Contacté par nos soins, le cabinet du ministre évoque principalement les critères de testing : « Les critères de tests devaient être élargis par le Risk Management Group. » On nous confirme par ailleurs que les critères « étaient trop stricts », mais qu’ils ont évolué au fil du temps et « changeront encore d’ici le 4 mai », date du début du déconfinement progressif.

Les critères ont été élargis en vue de cette étape, afin de ne plus se limiter aux patients présentant des symptômes respiratoires, mais plus généralement des symptômes grippaux, et aussi de viser toutes les personnes qui travaillent dans une collectivité (par exemple une maison de repos), qui entrent dans une collectivité ou sont en contact avec un groupe à risque. Le Conseil national de sécurité (CNS) a par ailleurs fixé la capacité de dépistage à 25.000 tests par jour et à 45.000 pour une capacité élargie. « La capacité est disponible et est utilisée à plein régime », assure le ministre. Un avis qui contraste avec celui des laboratoires cliniques, qui déplorent avoir été trop vite écartés du processus de testing alors que leur capacité, aujourd’hui de 14.000 tests quotidiens, est sous-exploitée.

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