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Tensions à la mer, experts critiqués, politiques absents: un flottement coupable au coeur de l’été (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La gestion de la crise du coronavirus traverse une période critique en pleine canicule et dans un certain vide politique.

La hausse des contaminations au coronavirus se poursuit en ce début août. Même si elle se ralentit. Les situations sont extrêmement contrastées sur le territoire, mais des experts – de plus en plus controversés – continuent à mettre en garde contre la possibilité d’une situation préoccupante à la fin des vacances. Surtout, ce début août illustre une fébrilité dans la population et une absence préjudiciable des politiques fédéraux et régionaux.

1 Des tensions à la mer révélatrices

Les images des incidents survenus à Blankenberge ce week-end ont fait le tour du monde. Après les trains bondés à Ostende, l’événement fait désordre et induit des décisions drastiques : les bourgmestres de Blankenberge et Knokke ont déjà décidé de ne plus autoriser le tourisme d’un jour. Les responsables locaux sont d’ailleurs devenus les principaux responsables de la gestion de crise depuis que le Conseil national de sécurité leur a délégué le pouvoir de de prendre des mesures plus restrictives. Ils comblent un vide de la part du fédéral et des Régions. La commission fédérale de l’Intérieur de la Chambre va toutefois se réunir de façon anticipée en présence du ministre de l’Intérieur, Pieter de Crem (CD&V).

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Ces tensions à la côte sont-elles révélatrices? Certainement d’un contexte social qui se raidit. Les fauteurs de trouble seraient issus d’une « bande urbaine » bruxelloise et ne venaient sans doute à la côte que pour provoquer la police. Un épiphénomène, peut-être. Mais en pleine canicule de la canicule, cela témoigne de la difficulté d’accepter encore la situation dans certains milieux et cela participe à un sujet hautement sensible : à Anvers, le comportement de certaines communautés a été montrée du doigt lors de la reprise de l’épidémie.

Plus généralement, les mesures de restriction des libertés suscitent des commentaires de plus en plus acerbes, en Belgique comme ailleurs. Le caractère différent de la reprise des contaminations explique en partie cela: davantage de jeunes asymptomatiques touchés, hausse très limitée jusqu’ici des hospitalisations et des décès… La lassitude, aussi, de même que la crainte d’un impact socio-économique plus lourd que l’épidémie elle-même.

2 Des experts de plus en plus controversés

L’expression d’experts devenus des stars provoque une irritation croissante au sein d’une partie de la population, voire des politiques. Le virologue flamand Marc Van Ranst, notamment, défraie la chronique en raison de ses expressions très politiques et de ses interventions « catastrophistes » – bien plus que ses collègues francophones, d’ailleurs. Il en allait de même pour les prises de positions « citoyennes » de l’ancien porte-parole interfédéral Emmanuel André, qui s’est mis en congé durant tout le mois d’août.

Lire aussi: Vers un nouveau lockdown, selon des experts

L’objectif reste de démontrer que le virus est toujours là, que les mesures restrictives décidées par le Conseil national de sécurité restent d’application. La communication de Sciensano, l’institut public qui republie chaque jour les chiffres de l’épidémie, a été, elle aussi, controversée. Ce lundi, il a toutefois tenu un discours plus rassurant.

Les dérives populistes ne sont jamais loin. Le désaveu de ces experts va à ce point loin qu’une asbl baptisée Viruswaanzin (Démence viral,e initiative venue des Pays-Bas) dénonce les excès de la communication autour du coronavirus et… appelle à une manifestation dimanche prochain pour réclamer la démission de Marc Van Ranst. Même des responsables de l’Absym, principal syndicat médical, estiment que « les soit-disants experts scientifiques ont une lourde responsabilité dans les conséquences sanitaires, économiques et sociales causées par leur gestion de la crise ».

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La cacophonie dans les expressions des experts et la situation incertaine dans laquelle nous nous trouvons au coeur de l’été incitent même les plus convaincus à se poser des questions. « Crier au loup, cela risque de provoquer l’apathie et l’incrédulité dans la population, dit cet internaute. Les humains sont des êtres historiques. Ils ont besoin de se projeter dans l’avenir, de faire des projets. Non seulement on est en train de détruire l’économie mais aussi le moral des citoyens. »

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3 Des politiques trop absents

Dans ce contexte, et après le Conseil national de sécurité du 27 juillet qui a décidé de mesures plus restrictives pour quatre semaines, l’absence des politiques n’aide pas à améliorer la perception.

Nous sommes, là aussi, dans un entre deux qui n’aide pas : le duo de missionnaires royaux De Wever (N-VA) – Magnette (PS) aspire à écarter les libéraux du pouvoir. Cela n’aide pas à rendre la communication politique lisible, à l’heure où un grande union s’imposerait. Paul Magnette insiste d’ailleurs dans un message sur la nécessité d’avoir rapidement un nouveau gouvernement pour gérer l’épidémie qui reprend.

Quant à la commission spéciale de la Chambre chargée d’évaluer la gestion de la crise du cornavirus, elle a débuté ses travaux dans une précipitation critiquée. Là aussi, pour tenter de s’entendre rapidement sur des recommandations pour éviter une seconde vague à la rentrée.

Comme une conviction d’un flottement coupable au coeur de l’été.

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