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« Si on ne rouvre pas les écoles, il y aura des morts, et ce ne sera pas à cause du virus »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Cet après-midi, le Conseil de Sécurité devrait décider de prolonger le confinement de deux semaines, c’est-à-dire jusqu’à la fin des vacances de Pâques. Il se pourrait aussi qu’il décide de ne pas rouvrir les écoles après les vacances. Une décision qui suscite l’inquiétude en Flandre.

À en croire le quotidien De Standaard, les enseignants sont particulièrement inquiets, surtout pour les élèves les plus vulnérables qui risquent d’être plus pénalisés encore que les autres. « J’ai des élèves qui ont des problèmes de drogue. Ils sont déjà difficiles à motiver et maintenant ils sont à la maison toute la journée. Ils y rencontrent souvent de graves problèmes. Ils finiront dans une spirale descendante, j’ai peur que nous les perdions », s’inquiète ainsi un enseignant d’une école de Furnes.

De plus, il n’atteint pas tous ses élèves. 20% d’entre eux ne regardent pas leurs devoirs, ne répondent pas à leurs messages, ne prennent pas leur téléphone, etc. Aussi appelle-t-il les autorités à rouvrir les écoles.

Immunité collective

« Pendant quatre semaines, c’était encore faisable. Mais il est nécessaire que les écoles rouvrent après les vacances de Pâques. Je comprends qu’il existe des risques pour la santé et que c’est un immense dilemme. Mais j’entends des scientifiques dire que les écoles ne devraient pas vraiment fermer, que les enfants sont bien pour créer une immunité collective. Je miserais là-dessus. Sinon, il y aura des morts, et ce ne sera pas à cause du virus », affirme-t-il au Standaard.

Moins radicale, une enseignante de maternelle dit comprendre que les écoles aient été fermées : « Je me lavais les mains, j’essayais de toucher le moins possible les poignées de porte et je prenais un mouchoir propre chaque fois que je toussais. Puis je devais changer un enfant qui avait de la diarrhée avant de laver 19 paires de mains qui avaient été dans les narines et sous les sièges des toilettes. J’ai donc accepté la fermeture », raconte-t-elle, soulignant qu’il est impossible de respecter les règles d’hygiène à la lettre dans une école maternelle.

Elle espère pourtant que les écoles ne resteront pas fermées jusqu’à la fin de l’année scolaire. Elle craint que les enfants se trouvent privés de contacts avec leurs condisciples et du plaisir que leur procurent les journées à l’école. « J’espère que nous pourrons rouvrir en mai et juin, afin que nous puissions nous préparer les élèves de troisième maternelle pour leur passage en première primaire », conclut-elle.

Une enseignante de première primaire partage son avis. « Je suis inquiète. C’est là que sont jetées les bases de la lecture, de l’écriture, des mathématiques et d’autres compétences qui seront nécessaires plus tard dans la carrière scolaire. Mais je n’arrive pas à joindre beaucoup de parents, certains même pas du tout ».

Moment crucial d’apprentissage

« J’aimerais bien commencer après les vacances de Pâques. Ou du moins fin avril. Sinon, comment ces élèves vont-ils continuer leur apprentissage à un moment crucial de leur processus d’apprentissage ? Il faut faire quelque chose. Nous voulons de la clarté », déclare-t-elle au Standaard, même si elle s’inquiète pour sa sécurité ayant elle-même dépassé les soixante ans.

Les scientifiques ignorent pour l’instant quand les écoles pourront ouvrir leurs portes. « Fermer les écoles est une décision difficile à tenir sur le long terme. Bien sûr, je comprends que les gens veulent des certitudes. Nous n’allons pas les faire patienter pendant des semaines. Il arrive un moment où nous devons proposer un calendrier et une perspective qui soient vivables pour tous, et où des décisions formelles doivent être prises. Nous y travaillons », déclare Erika Vlieghe, infectiologue.

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