Dries Van Langenhove © Belga

Schild & Vrienden inquiète les services de la sûreté de l’Etat

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Alors que le mouvement d’extrême droite, Schild & Vrienden, compte lancer son canal médiatique, les services de sûreté belges s’inquiètent de la montée de discours radicaux. « En Belgique, Schild & Vrienden est une partie ‘hyper importante’ de cette montée de l’extrême droite », estiment-ils.

À en croire l’information du quotidien De Morgen, le canal médiatique de Schild & Vrienden doit faire contrepoids aux médias « traditionnels » flamands. « Ces derniers propagent la haine de soi ou maintiennent leur statu quo par intérêt financier », estime son fondateur Dries Van Langenhove (Vlaams Belang), interrogé dans l’émission podcast De Kobe Show.

Van Langenhove s’inspire d’exemples étrangers. Ainsi, l’activiste britannique et cofondateur de l’English Defence League Tommy Robinson et le cofondateur du Mouvement identitaire autrichien (IBÖ), Martin Sellner ont lancé leurs canaux médiatiques. Ceux-ci leur permettent de partager leurs idées sans filtre.

Sans surprise, dans la vision du monde de Van Langenhove, la migration est à l’origine de la plupart des problèmes de société. Le think tank londonien Institute for Strategic Dialogue le place d’ailleurs dans la liste des politiciens adeptes de la théorie du grand remplacement tels que Marion Maréchal-Le Pen, ou encore le dirigeant de l’aile radicale d’AfD Bjorn Höcke.

Le grand remplacement

La thèse du « grand remplacement », conspirationniste, populaire dans les milieux d’extrême droite, dénonce une prétendue substitution des populations blanches européennes et chrétiennes par des immigrés de couleur, majoritairement musulmans. Conçue par d’anciens nazis après la guerre, cette théorie a ressurgi après les attentats de 2001, débarrassée de ses arguments antisémites.

Selon plusieurs experts en sécurité, ce genre de théories se popularise de plus en plus. Les canaux médiatiques fondés par les figures de proue d’extrême droite favorisent la diffusion de leurs idées. Si les mouvements tels que Schild & Vrienden propagent leurs idées sur des canaux fermés, ils augmentent leur portée.

Les services de sécurité sont de plus en plus préoccupés par la montée de l’extrême droite et estiment que « Schild & Vrienden est une partie ‘hyper importante’ de cette montée de l’extrême droite ». Ils craignent que ses discours créent une menace existentielle imaginaire qui pourrait servir de légitimation aux agresseurs et aux terroristes potentiels.

Tous les ingrédients de radicalisation

En outre, comme le rappelle le quotidien De Morgen, la crise du coronavirus vient encore creuser les écarts sociaux et raviver l’insatisfaction. Beaucoup de gens doivent affronter d’importantes difficultés financières ou ont perdu un être cher sans faire correctement leurs adieux. « Cette crise contient tous les ingrédients de la radicalisation : d’innombrables décès causés par un virus étranger, et un gouvernement qui échoue à des moments cruciaux », explique une source bien placée aux services de renseignements.

Invité à réagir par De Morgen, Van Langenhove estime que s’il n’y a pas de débat ouvert sur les problèmes de sociaux et que ceux-ci ne sont pas résolus, la situation peut dégénérer. « Beaucoup de gens sont en colère parce que notre culture et notre identité sont littéralement et figurativement effacées. Soit nous permettons à ces personnes d’exprimer leurs opinions par des élections démocratiques et un débat ouvert et non censuré, et nous leur permettons de traduire leur colère en un engagement positif chez Schild & Vrienden où nous ramassons les ordures, faisons du sport et rendons visite aux gens isolés, soit nous rendons tout cela impossible et nous laissons ces personnes à la maison accumuler leur colère jusqu’à ce qu’elles se tournent vers la violence par désespoir. Je choisis résolument la première option », déclare-t-il.

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