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Rudy Demotte pousse un coup de gueule contre la France

Alors qu’il prendra vendredi la présidence de l’Eurométropole Lille-Tournai-Courtrai, le bourgmestre de Tournai, Rudy Demotte (PS), a poussé mercredi un coup de gueule envers les Français qui vont investir deux milliards d’euros dans la projet ferroviaire « Réseau Express Grand Lille » (REGL) dans le but de relier le bassin minier du Pas-de-Calais à Courtrai.

Dans ce projet, Tournai a été oublié, ce qui provoque le courroux du bourgmestre tournaisien. « Ne pas prendre en compte Tournai et la Wallonie picarde, ce n’est pas prendre en compte la connexion Lille-Bruxelles. Stratégiquement, les Français ont ont choisi de consulter sans tenir compte de la triangulaire entre les trois villes phares de l’Eurométropole », s’est insurgé M. Demotte qui évoque « une carte outrageante ». A l’avant-veille de son accession à la présidence de l’Eurométropole, M. Demotte a déposé un mémorandum sur la question de la mobilité au sein de cette instance. « On a déjà connu un avatar du genre quand les Français ont voulu régler leur trafic autoroutier en passant par la Belgique sans nous consulter », a-t-il dit. Pour le premier magistrat tournaisien, la question de la mobilité entre Lille et la Wallonie picarde est essentielle. « Chaque jour, il y a 36.000 déplacements dans le sens Lille-Tournai et 18.000 dans l’autre sens, ce qui est plus important que le flux Lille-Flandre et Flandre-Lille. Outre les écoles, de nombreuses entreprises belges accueillent des travailleurs français, 16% de l’emploi dans le zoning de Tournai-ouest est français », a-t-il souligné. Le projet REGL consiste à renforcer, d’ici 2030, l’offre ferroviaire sur les trajets courts en construisant notamment six nouvelles gares et une nouvelle gare souterraine à Lille-Flandres. Le projet, soumis à enquête publique en France, consiste à relier Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) à Courtrai en passant par Lille, Tourcoing, Mouscron et Courtrai. Mais l’axe Lille-Tournai (et donc vers Mons et Bruxelles) n’a pas été tracé, ce qui a aussi provoqué la colère du maire de Villeneuve d’Ascq, par ailleurs vice-président de l’Eurométropole, qui plaide pour une liaison avec Tournai. M. Demotte appuie son argumentation sur le fait que la liaison ferroviaire existante entre Lille et Tournai n’est pas très brillante. « Geoffroy Huez, qui est le chef de file du PS tournaisien, a regretté l’attitude de la SNCB qui n’a pas joué un rôle très positif avec la Wallonie picarde », a poursuivi M. Demotte, n’hésitant pas à parler de « favoritisme » dans le chef du Courtraisien Marc Descheemaeker, ancien patron de la SNCB qui a rejoint les rangs de la N-VA en 2014. Mais il ne s’attendait pas à ce que les Français en ajoutent une couche. « Visiblement, il y a un manque de coordination entre les organes chargées de la mobilité en France et l’Eurométropole, laquelle rencontre par ailleurs de nombreux succès et qui reste le modèle transfrontalier aux yeux de la commission européenne pour sa gouvernance ».

Vendredi à 15h00, à l’hôtel de Ville de Tournai, Rudy Demotte prendra la présidence de l’Eurométropole Lille-Tournai-Courtrai, peut-être pour une période de deux ans et non plus d’un an car des règles vont être modifiées. « Chaque année, il y avait une alternance entre la France et la Belgique, avec une alternance entre la Flandre et la Wallonie. Dorénavant, la présidence vu durer deux ans avec une alternance France-Wallonie-Flandre », a dit M. Demotte, qui est également ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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