Réouverture du secteur culturel : « Les décors ont été démontés, les spectateurs remboursés »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

La décision, attendue ce mercredi, de rouvrir le secteur culturel, ne réjouit pas tout le monde. La remise en route de spectacles et de pièces de théâtre du jour au lendemain soulève d’énormes problèmes d’organisation. « Les décors ont été démontés, et les spectateurs remboursés « .

Ce mercredi, le Comité de concertation annoncera la réouverture des théâtres, cinémas et salles de spectacle. Le Conseil d’État ne lui en a pas laissé le choix. Même si plus de 100 lieux culturels à Bruxelles et en Wallonie ont décidé de braver l’interdiction du Comité de concertation et de continuer leurs représentations, beaucoup d’acteurs de la culture ont fermé leurs portes et se retrouvent aujourd’hui confrontés à d’énormes problèmes d’organisation.

A Bruxelles, le Théâtre royal de La Monnaie se voit obligé de maintenir l’annulation de l’opéra Norma, dont la dernière représentation était prévue le 31 décembre. Les décors ont été démontés et les billets des spectateurs ont déjà été remboursés. « L’annulation de spectacles implique la perte de plusieurs mois de travail, y compris le tour de force réalisé par nos machinistes qui ont créé des voitures volantes pour notre production de Norma« , écrit le théâtre sur sa page Facebook.

Difficilede choisir entre les gens

Le Théâtre Royal du Parc à Bruxelles a été contraint d’annuler sa pièce du mois de décembre Le Noël de M. Scrooge pour cause de cas covid dans l’équipe, mais prévoit de rouvrir en janvier. Il ignore toutefois comment limiter les spectateurs à 200, la jauge établie par le précédent Comité de concertation. « Nous respectons toutes les mesures sanitaires, mais comme nous avons beaucoup d’abonnés, c’est très difficile de choisir entre les gens », explique la responsable presse Sarah Florent. Le théâtre attend de voir quelles conditions sanitaires seront en vigueur.

Le Kaaitheater se réjouit également de la réouverture des théâtres, même si comme le Théâtre royal, il espère que la jauge de 200 personnes sera levée. « Heureusement, nous n’avions pas encore remboursé les billets », confie Agnes Quaeckels, coresponsable de la coordination générale et artistique du Kaaitheater. Elle déclare que les théâtres sont « épuisés » de s’adapter sans cesse aux mesures sanitaires. Le théâtre rouvrira ses portes le 13 janvier, ce qui laisse deux semaines pour remettre leur pièce Infidèles sur les rails.

A Gand, le centre culturel du Bijloke nage en plein chaos. « En ce moment, c’est le chaos total. Nous venons de tout annuler et devons maintenant nous réunir d’urgence pour nous adapter. Nous avions prévu de petits concerts dans notre café à partir de janvier, que nous pouvons poursuivre dans la salle sans problème. Quoi qu’il en soit, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour redémarrer dès que possible », confie son directeur Geert Riem au journal De Standaard.

Les cinémas ont également du mal à rouvrir leurs portes du jour au lendemain. « Ce que nous avons vécu comme une décision injuste a maintenant été rectifié. Cela nous réjouit, mais c’est aussi une vraie montagne russe. Nous retournons au travail avec la planification du personnel, la programmation, la vente de tickets, etc. La flexibilité que nous exigeons de nos équipes est grande, mais notre enthousiasme à accueillir à nouveau des clients l’est aussi. Nous espérons évoluer vers plus de stabilité dans un avenir proche », déclare Anneleen Van Troos, porte-parole du groupe Kinepolis. Les cinémas du groupe rouvriront leurs portes le 1er janvier.

« Get your shit together »

Le comédien flamand Stany Crets, à l’origine de la manifestation en soutien à la culture organisée à Bruxelles dimanche dernier, ne cache pas son soulagement. « Le fait que des décisions aléatoires du gouvernement puissent être révoquées constitue un grand pas dans la bonne direction. C’est une victoire incroyable pour la culture et la démocratie. C’est un bon précédent, également pour d’autres secteurs. C’est un moment charnière dans toute la crise du coronavirus qui ne doit pas être sous-estimé. Ça envoie un signal au gouvernement : ‘Get your shit together’ (NDLR : Ressaisis-toi), déclare-t-il au Standaard.

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