Manifestation du 14 octobre. © belga

Prise en charge des violences sexuelles: les structures qui existent et celles qui manquent

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Raconter son histoire, obtenir des soins, déposer plainte. Des démarches qui s’apparentent souvent à un parcours du combattant pour les femmes victimes de violences sexuelles. Quelles sont les solutions de premiers secours, et les premiers recours ? Comment les améliorer ? Et lesquel(le)s devraient être créé(e)s ?

Outre les commissariats de police, vers qui se tourner en cas de violences sexuelles subies ? Plusieurs possibilités existent aujourd’hui en Belgique. Tour d’horizon, avec les spécificités de chacune et ce qui devrait encore être mis en place.

Les Centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS)

Il en existe cinq actuellement : à Bruxelles, Liège, Gand, Anvers et, depuis ce mois de novembre, Charleroi. En 2022, un centre ouvrira à Louvain et un autre à Roulers. En 2023, Namur, Arlon et Genk suivront. Objectif : un centre par province, à une distance maximale d’une heure pour les victimes. Accessibles non-stop, ils offrent gratuitement aide médicale, enquête médico-légale, suivi psychologique et, selon la volonté de la victime, dépôt de plainte auprès d’un inspecteur de police spécialisé. Soit « le cocon le plus sécurisé et rassurant possible parce que les victimes viennent de vivre un traumatisme important », souligne Virginie Baÿ, cheffe de service et de projet CPVS au CHU de Liège.

Les preuves matérielles des violences subies y sont aussi précautionneusement conservées. Le leitmotiv est d’agir rapidement : prodiguer des soins adéquats dans un délai court permet d’augmenter les chances de guérison. De plus, après septante-deux heures, il ne reste que peu ou plus du tout de traces utilisables pour l’enquête médico-légale. « Nos services sont très ciblés pour les violences sexuelles qui datent de quelques jours, voire une semaine », précise Christine Gilles, responsable du CPVS de l’hôpital Saint-Pierre, à Bruxelles. Au-delà d’un mois après les faits, les victimes sont réorientées vers des organismes plus adaptés. Celles admises dans les CPVS sont âgées de 23 ans en moyenne ; 38 % s’y rendent directement, 36 % y sont redirigées par la police et 21 % par des services d’aide, selon les chiffres communiqués par la secrétaire d’Etat à l’Egalité des genres, Sarah Schlitz, qui évoque « un dépôt de plainte sept fois supérieur à un parcours classique« . Le centre de Bruxelles devrait déménager pour passer de 100 à 400 m². Celui de Liège (10 à 15 % de victimes supplémentaires franchissent ses portes chaque année) sera prochainement transféré du site Notre-Dame des Bruyères à celui du Sart-Tilman. « Il faudrait aussi envisager l’ouverture d’un centre dans la partie germanophone du pays », suggère Virginie Baÿ.

Prise en charge des violences sexuelles: les structures qui existent et celles qui manquent

Les services d’aide

SOS Viol propose un panel de services: numéro vert (0800 98 100), suivi psychologique, accompagnement social et juridique, chat en ligne… En 2020, l’association dénombrait, en moyenne, neuf appels par jour dont 53% pour viol. Chez Sosviol.be (pour les 16 et plus) et Maintenantjenparle.be (pour les moins de 18 ans), des psychologues sont « à l’écoute », devant leur clavier. Un service gratuit et confidentiel. « On va accueillir tes émotions et ce que tu as vécu, répondre à tes questions pour t’aider à y voir plus clair, t’informer sur les démarches possibles et, si tu le veux, trouver l’aide qui te convient le mieux. T’aider à reprendre ta vie en main », promet ainsi le site Violencessexuelles.be, plateforme d’information qui oriente les victimes vers ces services d’aide.

Comment faire plus et mieux ?

Amnesty International et SOS Viol ont élaboré une liste de recommandations pour améliorer la prévention, la prise en charge des victimes et la poursuite judiciaire. Il s’agit, notamment, d’élargir les plages horaires de la permanence téléphonique de l’asbl (actuellement du lundi au vendredi, de 8 h à 18 h) pour la rendre opérationnelle 24h/24 et 7j/7. « Il faut aussi assurer la prise en charge qui vient après. Il faudra du personnel pour assurer les nouvelles demandes », insiste Virginia Arana, assistante sociale chez SOS Viol. Les recommandations judiciaires sont centrales. En cas de classement sans suite, il faudrait s’assurer que la victime soit informée des raisons et de ce que cela implique. Autre suggestion : constituer un groupe de policiers et policières, disponibles 24h/24, spécialisés en matière de violences sexuelles dans chaque zone de police et chargés des auditions. Ne faut-il pas, par ailleurs, davantage de CPVS ? « Un centre qui fonctionne très bien, avec du personnel formé, c’est beaucoup plus efficace que de petites antennes partout », estime Christine Gilles (Bruxelles). Mais « beaucoup de victimes connaissent des problèmes socio-économiques. On aurait donc vraiment besoin, au sein des CPVS, d’une assistante sociale dédiée à cette activité », envisage Virginie Baÿ (Liège), qui souhaiterait aussi un système de permanences et de gardes plus performant des réseaux extérieurs avec lesquels l’hôpital collabore.

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