un étudiant sur quatre doit travailler pour payer ses études © iStock

Précarité étudiante:  » la manière de financer l’enseignement ne suffit plus »

Stagiaire Le Vif

La précarité étudiante est une situation dans laquelle se retrouvent de plus en plus de jeunes. Pour financer leurs études, grand nombre d’étudiants se retrouvent dans l’obligation de trouver un travail ou de solliciter le CPAS.

Entre le minerval, le logement, les supports de cours et le matériel annexe à se procurer, le coût d’une année d’étude s’élève entre 8000 et 12 000 euros par étudiant. La ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente affirme que les étudiants sont de plus en plus pauvres et que les aides qu’on leur propose sont insuffisantes.

Un étudiant sur quinze dépend du CPAS

Selon la Fédération des Etudiant(e)s Francophones, un étudiant sur quinze dépend du CPAS pour payer ses études et un étudiant sur quatre doit travailler pour les payer. « Le travail étudiant n’est pas un problème en soi. Mais certains jeunes sacrifient leur temps d’étude pour travailler. Pour régler leurs problèmes financiers, ils mettent en péril leur réussite, ce qui peut mener à des situations d’échec. Ils doivent alors étudier une année supplémentaire ou se découragent et abandonnent », explique Christine Mahy, secrétaire générale du RWLP (Réseau wallon de Lutte contre la Pauvreté). « Accéder, rester et réussir des études supérieures reste fort conditionné aux moyens financiers et aux contraintes d’accès à ces moyens. »

La Fédération des Étudiant(e)s Francophones (FEF) est la plus grande organisation de représentation étudiante de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette ASBL, qui représente environ 150 000 étudiants dans plus de 30 établissements d’enseignement supérieur, défend les droits d’étudiants, dont le droit au logement, à la santé, aux allocations et au financement. « L’émancipation (des jeunes) passe souvent par la case précarité et ce n’est pas normal. Les étudiants sont de plus en plus précaires, à cause du coût de la vie étudiante qui augmente », dénonce Maxime Mori, ex-président de la FEF.

Ce mardi 12 novembre en France, des centaines d’étudiants ont manifesté après l’immolation par le feu d’un étudiant. Pour continuer sur cette lancée de protestation, la FEF a organisé un rassemblement d’étudiants ce jeudi 14 novembre face au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’assemblée comptait une centaine de personnes pour faire entendre la voix des jeunes dont le quotidien est rythmé par l’instabilité économique. « En Belgique ou ailleurs, les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités afin que l’enseignement soit un droit et non un privilège », peut-on lire sur la page Facebook de l’organisation.

Alessio, étudiant de 22 ans présent lors du rassemblement, nous confie: « On vient revendiquer un refinancement de l’enseignement et une diminution du minerval. La manière de financer l’enseignement ne suffit plus et on coule. Il y a de moins en moins de moyens pour les assistants qui nous aident et pour les infrastructures. » Selon lui, les loyers des kots ne cessent d’augmenter et les étudiants n’arrivent plus à payer. « J’ai trois jobs étudiants pour financer mes études et mon kot. Mes parents participent, mais ce n’est pas suffisant. Je connais des étudiants qui ont raté leur première année à l’université et qui n’ont pas recommencé parce que c’était trop cher », continue-t-il.

Etudier est un droit

Lors de la manifestation, les jeunes chantaient plusieurs chansons pour essayer de se faire entendre. Parmi les nombreux slogans, nous avons pu entendre: « Étudier est un droit qu’on ne négocier pas », « on en a assez de la précarité dans les hautes écoles et universités » ou encore « pupitre gratuit et de qualité, c’est comme ça qu’on veut étudier. »

Fanny, étudiante en architecture, nous explique qu’elle doit travailler pour payer son minerval et son kot étudiant. « Ce n’est pas toujours facile de caser mon job étudiant en plus des études. J’ai une aide financière de mes parents, mais ce n’est pas suffisant comparé à tout ce que j’ai à payer (nourriture, minerval, kot, matériel) donc ce serait bien que le coût des études revienne moins cher », dit-elle. « En architecture, on a beaucoup de matériel à acheter. En plus du budget nourriture, kot et études, ça fait un sacré budget qu’on a pas forcément en tant qu’étudiant. J’essaie de m’arranger entre mes études et mon boulot, je m’arrange avec mon patron pour choisir les jours durant lesquels je préfère travailler, mais ça m’est déjà arrivé de travailler la veille d’un jury et c’était compliqué de tout finir à temps. »

Dans l’assemblée, certains étudiants étaient présents pour montrer leur soutien face à la précarité que vivent leurs amis. « Je ne me qualifie pas en précarité étudiante, mais j’ai des amis qui le sont. Même si je ne suis pas dans cette situation-là, je suis ici pour montrer que je les soutiens et qu’il faut faire bouger les choses », confie Clarisse.

Le but de la Fédération des Etudiant(s)s Francophone est d’obtenir une réduction du minerval au plus bas (175 euros), un remboursement de tous les supports matériels de cours et un refinancement de l’enseignement supérieur à hauteur de ses besoins.

Auteure: Margaux Glamocic

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