Alexander De Croo et Elio Di Rupo. © belga

Pourquoi le budget est le symbole de la fracture de la Vivaldi (et au-delà)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La secrétaire d’Etat Open VLD met sur la table fédérale un effort budgétaire de trois milliards. Le gouvernement wallon dépense le même montant après les inondations et apppelle à la loyauté fédérale. Et si ce n’était pas qu’une coïncidence?

Le débat budgétaire est entamé au fédéral, mais il implique forcément toutes les entités du pays. La secrétaire d’Etat au Budget, Eva De Bleeker (Open VLD), met sur la table son calcul, avec en toile de fond l’intention, très libérale, d’en revenir à une certaine rigueur budgétaire.

« Pour moi, il faut revenir à la vie normale, comprendre que la croissance peut être porteuse, explique-t-elle au Soir. Elle est de retour et significative, autour de 5,7%. Il est donc souhaitable, à mon sens, de faire dès à présent un effort de 0,6% du PIB, soit environ 3 milliards d’euros. »

La libérale ajoute: « Je sais que certains disent que l’on peut emprunter encore et encore, sans problème, vu que les taux d’intérêts sont bas. Mais cet argent, il faudra le rembourser un jour. Et les taux d’intérêt ne resteront pas indéfiniment au plancher. »

Voilà les termes du débat fédéral posés. La rentrée politique est placée sous le sceau de la sortie de crise sanitaire et de la relance socio-économique. Le cocktail est détonnant et source de divisions, au sein de la majorité fédérale et au-delà. La sortie d’Eva De Bleeker, déjà, irrite le PS.

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Sur le plan sanitaire, l’accélération des assouplissements est sur la table, avec la situation bruxelloise en guise de préoccupation. Sur le plan socio-économique, le débat tourne autour de la nécessité ou non de prolonger le régime des aides corona, et pour combien de temps. De quoi nourrir une fracture gauche-droite au sein du gouvernement De Croo et une fracture communautaire par-delà.

Les tensions sont alimentées, en outre, par les réformes structurelles en gestation: pensions, marché du travail, fiscalité, climat… Sous forte pression de la N-VA en Flandre, l’Open VLD est déteriné à trouver des solutions sur tous les terrains, et a pris langue en ce sens avec le PS. Mais il doit aussi se distinguer des socialistes. Un exercice d’équilibriste.

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La Wallonie en demande de soutien fédéral

L’appel à une plus grande rigueur de l’Open VLD contraste avec l’expression du ministre-président wallon, Elio Di Rupo (PS), qui demande une plus grande loyauté fédérale après les terribles inondations qui ont frappé le sud du pays en juillet.

« Nous demandons qu’il y ait une solidarité compte tenu de l’ampleur », plaide le ministre-président. Dans son courrier, Elio Di Rupo appelle le sommet de l’État belge à agir sur une série de leviers pour venir en aide à la Wallonie. Outre une contribution financière, le premier wallon demande au premier ministre d’abaisser à 6% la TVA pour la reconstruction des habitations dans les zones sinistrées. La Wallonie appelle également le Fédéral à prolonger le droit passerelle. Et face aux charges financières imprévues suite aux inondations, la Wallonie attend du Fédéral une garantie sur les emprunts contractés pour la reconstruction. »

La Wallonie a présenté mercredi un plan d’aide aux sinistrés… d’un montant de trois milliards d’euros, soit exactement l’équivalent du montent d’économies évoqué au fédéral. Le gouvernement Di Rupo compte bien indemniser toutes les victimes des inondations, y compris les non-assurés. Ce qui ne manque pas de susciter un débat et risque de nourrir le sentiment que la Flandre paye pour le manque de rigueur wallon.

La Belgique francophone est exsangue, budgétairement, et le débat budgétaire à venir sera marqué également par la fracture nord-sud. Outre la Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles est particulièrement mal en point. Le ministre-président, Pierre-Yves Jeholet (MR), a évoqué lors de la rentrée universitaire la nécessité d’un refinancement.

Les jalons sont posés pour la rentrée politique, ils le sont aussi, peut-être, pour la prochaine réforme de l’Etat, en 2024.

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